Mais dans la tradition du Cachemire, il y a une exception : le toucher, les sensations tactiles.
Dans la Lumière des tantra (Tantrâloka XI, 29-31) Abhinava Goupta explique les niveaux de conscience, avec les niveaux de réalité correspondant, pour nous amener à reconnaître que tout est manifestation de la conscience, dans la conscience.
Il signale alors, comme en passant, que le toucher n'est pas un obstacle spirituel, contrairement aux autres sensations :Parfum, saveur, formesont les qualités de plus en plus subtilesenracinées au sommet des qualitéset à la cime de l'illusion de la séparation (mâyâ).
Mais le toucher,est ineffable, subtil...Il existe, quant à lui,au sommet du plan de la Shakti(et donc au-delà de la dualité,de l'illusion).Voilà pourquoi les yogisaspirent sans cesseà ce toucher ineffable.Cependant, ce toucher subtil conduit à l'espace de la conscience universel, il est une porte, car Shakti est toujours une porte vers Shiva :Mais à la fin de ce toucher, de cette sensation,il y a la conscience,l'espace limpide de la Présence.Quand on s'élève jusqu'à lui,on atteint la (Shakti) suprême,autolumineuse,(identique à Shiva).Le toucher éclot comme une fleur, embrasse l'espace lumineux.Si je suis une sensation tactile, un mouvement de ma peau, n'importe lequel,je suis conduit au-delà de toute séparation,dans l'espace vivant que je suis et qui est tout.