Les filles des autres d’Amy Gentry 4.5/5 (06-02-2017)
Les filles des autres (336 pages) est paru le 19 janvier 2017 dans la collection La bête Noire des Editions Robert Laffont (traduction : Simon Baril).
L’histoire (éditeur) :
Etes-vous bien certaine de connaître votre fille ?
D'ailleurs, est-ce vraiment la vôtre ?
À 13 ans, Julie Whitaker a été kidnappée dans sa chambre au beau milieu de la nuit, sous les yeux de sa petite soeur. Dévastée, la famille a réussi à rester soudée, oscillant entre espoir, colère et détresse. Or, un soir, huit ans plus tard, voilà qu'une jeune femme pâle et amaigrie se présente à la porte : c'est Julie.
Passé la surprise et l'émotion, tout le monde voudrait se réjouir et rattraper enfin le temps perdu. Mais Anna, la mère, est très vite assaillie de doutes. Aussi, lorsqu'un ex-inspecteur la contacte, elle se lance dans une tortueuse recherche de la vérité – n'osant s'avouer combien elle aimerait que cette jeune fille soit réellement la sienne...
Mon avis :
Julie Whitaker, 13 ans, est enlevée en pleine nuit sous les yeux de sa sœur Jane, 10 ans, restée cachée dans le placard. Cette dernière y restera 3 heures avant que les parents, alertés par ses pleurs, découvrent l’absence de l’aînée et contacte la police.
Huit ans plus tard, Jane est en première année de Fac de Washington. Alors qu’elle passe quelques jours chez ses parents à Houston (après des mois sans visite), Julie frappe à la porte…
Qu’a-t-elle vécu pendant 8 ans ? Qui est-elle devenue ? Julie est-elle réellement Julie ?
Voilà bien des interrogations légitimes que se pose le lecteur, contrairement aux parents, qui presque comme si de rien, reprennent le cours de leur vie à 4 jusqu’à ce qu’Alex Mercado, un ancien flic devenu détective privé, mette le doigt sur quelques détails qui le travaillent depuis des années. Anna, la mère, va alors douter et remettre en question ce bonheur retrouvé…
Ah, comme j’ai aimé ce thriller psychologique. Si le point de départ ressemble à beaucoup de romans mettant en scène un enfant enlevé qui réapparait (jouant sur les doutes quant à son identité), la forme autant que le cheminement de l’intrigue possède une originalité et un coup de neuf qui font véritablement sa réussite. Amy Gentry s’en sort ici superbement !
Julie n’est pas Julie. Qui est-elle ? Il faudra 250 pages et remonter doucement différentes vies pour le comprendre, pour mettre un visage sur cette inconnue qui a frappé à la porte des Whitaker, 8 ans après le drame qui ne les plus quitté.
En alternant les chapitres entre la tentative d’Anna de connaître la vérité et les morceaux de vies d’adolescentes marginales, Amy Gentry bifurque et tisse des histoires parallèles de femmes blessées, tout en faisant progresser le lecteur dans l’histoire de cette famille pas si soudée que ça au final. On se retrouve très vite investie par ces histoires et les personnages qui les composent, touché par leur culpabilité et leur besoin de rédemption.
Point de tension à tirer au couteau mais une intrigue sinueuse qui se construit doucement, délicatement, minutieusement, qui gagne en suspens et dans laquelle vous vous enfoncez pour ne plus pouvoir en sortir avant l’affrontement final. Ce scénario fascinant vous laisse dans le flou jusqu’au dénouement, qui sort le lecteur de cette espèce de huis clos familiale pour un contexte plus large et parfaitement crédible.
Très réussi !