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Moonlight, film de Barry Jenkins

Publié le 15 février 2017 par Onarretetout

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Comment peut-il grandir, Chiron, entre une mère junkie et les autres, enfants ou adolescents, qui le traitent de « tapette », le chassent, le traquent, le frappent ? Le hasard va faire passer sa fuite devant Juan (Mahershala Ali), le dealer incontesté du quartier, et, avec Teresa (Janelle Monae), ils vont l’accueillir et lui donner l’affection qu’il ne trouve pas auprès de sa mère (Naomie Harris) : « Moi aussi, j’ai détesté ma mère », dira Juan, « mais maintenant elle me manque ».  Être lui-même, quels que soient ses choix, notamment ce que les autres avant lui ont décelé, son homosexualité, voilà ce que lui apprennent Juan et Teresa, Juan qui sera un modèle, le baptisant presque dans l’océan, même s’il meurt avant que Little (interprété par Alex R. Hibbert) devienne Chiron (interprété par Ashton Sanders), celui qui, tabassé, se révoltera et deviendra Black (interprété par Trevante Rhodes). Trois actes, donc : et devenir. Sous le clair de lune qui rend bleus les Noirs, selon une croyance ancestrale. Parce que nous oublions la couleur, plongés dans un film qui ne montre que des Afro-Américains, parce que l’histoire de cet enfant, cet adolescent, cet homme, est une histoire humaine, terriblement humaine. Ce qu’il cache, devenu adulte, après la prison et les exercices de musculation, c’est une fragilité que sa mère se reproche tardivement, la difficulté presque insurmontable d’aimer et d’être aimé. Alors, pour survivre dans un monde de violence où rien n’aide à être soi-même, il ne reste que la drogue, pas tant sa consommation que son trafic. Et l’image que les Blancs se font des Noirs : dents argentées, muscles saillants, sauvages et solitaires. Et intouché.


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