C'est un petit film néerlandais que nous avons eu la chance de découvrir dans la dernière opération DVDTrafic. Edité par Koba Films, il est distribué en France depuis le 8 février en DVD de manière très discrète. Cette comédie fraîche et pétillante a pourtant de quoi ravir les amateurs de romances et d'histoires de cœur généralement inondés de productions formatées provenant des Etats-Unis. D'autant que Jonathan Albers s'est vu nommer dans la catégorie " Meilleur réalisateur " au cours du dernier Nederland Film Festival.
n'a rien d'original en soi, situé quelque part entre Ugly Betty et le Diable s'habille en Prada : on y voit une jeune fille repliée sur elle, maladroite, mal fagotée, manquant terriblement de confiance en elle et la cible permanente des méchantes reines du lycée, aussi cruelles que crétines. Un simple coup d'œil objectif permet de constater que l'actrice incarnant Esmee, créatrice de mode en devenir mais manquant d'aura et de reconnaissance, n'aurait besoin que d'un peu de maquillage et de vêtements stylés pour être une bombe. On s'attend donc à un juste retour de bâton, à un effet Cendrillon transformant la timide Esmee en une fashion queen admirée par tous. Car tous les ingrédients sont là : un physique avantageux mais trop peu mis en valeur, des qualités certaines mais étouffées par un caractère trop timoré, un manque de chance chronique, une générosité constante qui lui fait faire les pires besognes, des rivales véhémentes et stupides, un ami qui l'aime en secret, etc. Le film commence sur un constat dressé en voix over par Esmee elle-même, qui nous fait partager son quotidien morne et désespérant : fan de mode, artiste dans l'âme, elle s'habille comme l'as de pique et son blog n'a de visiteurs que sa mère ou de vieux pervers. Le ton est piquant, la réalisation dynamique, bien soutenue par une bande-son pop et acidulée, fait le reste : Esmee est le faire-valoir de Tiphany la reine du lycée qui, en plus d'avoir sa cour de gourdasses flashy, a même décroché le gros lot à la loterie. Tout lui réussit, même si elle est loin d'avoir le talent d'Esmee, laquelle, honte suprême, en est parfois réduite à faire le ménage dans le palace de Tiphany, afin d'aider sa mère débordée.
Rien d'original donc, sauf dans le retournement de situation inexorable. Certes, cela commence lorsque, au cours d'un stage miraculeusement décroché au sein de la maison de couture qu'elle admire depuis longtemps, un styliste lui fait essayer quelques tenues, découvrant le sex-appeal que n'importe qui pouvait deviner sous ses frusques informes. Toutefois, au lieu d'en jouer et de s'imposer parée de ses nouveaux atours, elle continue à faire profil bas et préfère agir en sous-marin : cette Esmee ultra-mode et super-sexy lui servira d'alter-ego, surtout lorsqu'elle verra que même son ami d'enfance a été incapable de la reconnaître. Du coup, elle lance cette autre elle-même dans l'espace d'internet et là, c'est le buzz : Lizzie, cette facette tendance et blonde d'elle-même, devient immédiatement célèbre. On parle d'elle dans les cours de récré, à la TV, dans les journaux. Ses petites chroniques explosent les compteurs de Twitter et les plus grands stylistes se l'arrachent. Soudain, Esmee se retrouve au milieu d'un ouragan : Tiphany et ses copines continuent à la battre froid, mais elles adorent Lizzie. Même le bôgosse du bahut fait les yeux doux à cette autre elle-même. Elle décroche un contrat exclusif avec la patronne acariâtre de Wolf Fashion. Tout lui réussit. Pourtant, Esmee demeure la même : timide et sans aucune estime de soi. Au point de se laisser encore mener par le bout du nez.
C'est à ce moment que le film entame un processus assez déroutant, dans lequel l'héroïne, pourtant nantie des armes qu'elle a toujours rêvé de posséder, refuse de s'en servir. Trop gentille. Trop bonne, trop conne en fait. Et une proie rêvée pour les requins du monde de la mode, mais surtout pour les requines du lycée, que les scrupules n'étouffent guère. On aimerait la pousser, lui dire de remballer l'autre blondasse au QI d'huître, rien n'y fait : Esmee s'enfonce et se compromet, y perdant en outre l'estime des rares qui la soutenaient.
Le finale est même assez surprenant dans cette spirale négative, tout en
se conformant à une ligne morale un peu différente des contes de fées : oui Esmee finira par s'en sortir, mais sans les artifices qu'elle s'est forgée, sans baguette magique et coup du sort. Fashion Girls n'apprendra ainsi rien aux aficionados de la mode, l'univers dépeint étant volontairement exagéré dans ses travers (la patronne de Wolf Fashion et ses maniaqueries) mais sait se distinguer suffisamment des histoires de filles traditionnellement portées à l'écran pour valoir le coup d'œil, d'autant que l'abattage de Liza Sips justifie à lui seul le visionnage. Le reste fera sourire ou pousser des soupirs d'exaspération, suivant l'humeur du moment.Esmee est une lycéenne timide qui rêve de travailler dans la mode mais n'a pas le glamour de certaines de ses copines, dont Tiphany à qui tout réussit. C'est pourquoi elle se contente de tenir un très modeste blog focalisé sur les créations d'une célèbre maison de couture. Un jour, elle parvient à décrocher un stage dans cette boîte mais elle ne réussit pas à s'y imposer. Jusqu'au jour où elle a l'idée de se créer un alter-ego, Lizzie, une blonde pétillante qui bénéficie en outre de ses talents de créatrice. A sa grande surprise, elle crée un énorme buzz et Lizzie devient à la fois mannequin et la blogueuse la plus en vue du moment, courtisée par les plus grands. Dans cet univers impitoyable où tous les coups sont permis, combien de temps sa dualité secrète va-t-elle durer ?
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