À l’origine de cette pièce, il y a des rencontres, demandées par la CAF, en Normandie, autour de la parentalité. Il y a donc, avant les propos tenus sur une scène de théâtre, des réalités, des témoignages. Pourtant ce théâtre n’est pas le lieu d’un documentaire. Ce n’est pas non plus ce qu’on appelle du théâtre-forum. Il y a la scène et la salle, ici particulièrement séparées. Sur la scène, des chaises blanches alignées devant un fond noir, six : une par acteur, marquant une limite, qui sera plusieurs fois modifiée. Le premier monologue donne le ton : l’enfant que j’aurai, dit une jeune femme, il sera fier de moi parce que je saurai l’élever avec amour, mieux que je ne l’ai été par ma mère. Et les scènes qui vont suivre diront la difficulté, toujours, de prendre soin de l’enfant, d’être à la hauteur des obstacles qui vont se dresser sur notre route. Il n’y a pas de mode d’emploi. Joël Pommerat nous met face à un constat terrible. On sent, dans le public, que ces dialogues au couteau appuient où ça fait mal. Va-t-on porter un jugement sur ces parents incapables, ces enfants rebelles ? Ou bien le théâtre va-t-il trouver en nous-mêmes des échos parfois inavouables ? D’avant la naissance jusqu’à la mort de l’enfant, Pommerat est implacable. La mise en scène à laquelle j’ai assisté a choisi d’y mettre, avec justesse, peu d’affect : ce qui est sur scène est. À nous, en nous, d’en faire ce que nous pouvons.
J’ai vu ce spectacle proposé par le Dumme Kuh Théâtre, alors que je lisais Continuer, de Laurent Mauvignier, qui explore aussi la difficulté des relations d’une mère avec son enfant…
J’ai vu ce spectacle dans la salle de la MAVA, à Lille (59)