Ils ont pointé le bout de leur nez il y a quelques jours, j’en ai photographié et j’ai cherché des poèmes. Sur cette page, j’étais ébahie par le nombre de textes inspirés par cette modeste fleur. J’ai choisi ce double poème, anonyme (il n’y a pas que La Fontaine qui a parlé de ville et de champs). Vous voyez que le mot est employé au féminin, j’en parle au masculin : en fait il a les deux genres (et est toujours invariable, bien sûr…)
La Perce-Neige des champs
Le deuil règne en nos plates-bandes ;
Au bois les nids pendent muets
Et de leurs dernières guirlandes
Se sont dépouillés nos bosquets.
—
Seule, je minaude en mon gîte.
Le vieil hiver, tout en émoi,
Se dit : Quelle est cette petite?
Et vient rôder autour de moi.
—
Tandis que, nobles demoiselles,
Mes sœurs, par un heureux destin,
En serre chaude font les belles,
Je m’épanouis au jardin.
—
A ceux qui pleurent sur la tombe,
Où gît la cendre des aïeux,
J’apporte, nouvelle colombe,
Un message mystérieux.
—
La Perce-Neige des villes
J’ignore en quels lieux je suis née.
Comme une reine, un beau matin,
J’apparus sur la cheminée
Où s’étale mon blanc satin.
—
Autour de mon vase on s’empresse
Quand un nouveau bouton fleurit ;
L’enfant me donne une caresse,
La jeune fille me sourit.
—
Aucun souci ne m’inquiète.
Tranquille et d’un air satisfait,
Je prête une oreille discrète
Aux compliments que l’on me fait.
—
Mais une pendule voisine
Me dit à chaque heure du jour,
De son timbre à voix argentine :
Va ! tu passeras à ton tour !
—
1872. Fleurs du Chablais. Poésies intimes. Imp. de Ch. Burdet, Annecy
Photo prise à Ramengies-Chin, le 15 février 2017
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