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Une photographie de compagnons de l’Union Compagnonnique des Devoirs Unis (Cognac ou Angoulême ?) vers 1890.

Par Jean-Michel Mathonière

Une photographie de compagnons de l’Union Compagnonnique des Devoirs Unis (Cognac ou Angoulême ?) vers 1890.

Cette photographie récemment entrée dans les collections du Centre d’étude des compagnonnages représente un groupe de compagnons de l’Union Compagnonnique des Devoirs Unis de Cognac ou d’Angoulême (d’après une indication, postérieure, portée au dos du cliché), vers 1890.

La plupart des compagnons présents portent la couleur de l’Union Compagnonnique, où l’équerre et le compas encadrent les lettres UC entrelacées.

Une photographie de compagnons de l’Union Compagnonnique des Devoirs Unis (Cognac ou Angoulême ?) vers 1890.

Deux ou trois compagnons portent la couleur de la Fédération Compagnonnique de tous les Devoirs Réunis (FCDTLDR), fondée en 1874 et dont naîtra l’Union Compagnonnique des Devoirs Unis en 1889. Ce sont les n° 9 et 14, avec certitude, et probablement aussi le n° 6 — dont, du fait des reflets sur sa couleur, le dessin du blason est impossible à cerner précisément. On remarquera que deux de ces compagnons, les n° 6 et 14, portent leur couleur par-dessus les couleurs de Sainte-Baume de leur société compagnonnique d’origine, conformément à un usage largement attesté à cette époque.

Une photographie de compagnons de l’Union Compagnonnique des Devoirs Unis (Cognac ou Angoulême ?) vers 1890.

Au dernier rang, le compagnon n° 19, qui est manifestement le plus âgé de tous, porte seulement les couleurs de Sainte-Baume de sa société d’origine.

Le compagnon n° 4 porte une couleur en écharpe qu’il est difficile d’identifier avec certitude.

Le compagnon n° 5 porte en étole une paire de couleurs fleuries des compagnons Étrangers tailleurs de pierre.

Enfin, le plus surprenant est probablement l’enfant portant le n° 2, en bas au centre. Il porte une petite couleur étroite du côté droit, qui évoque une couleur d’aspirant. Il semble tout au plus âgé de 10 ans. S’agit-il d’un fils de compagnon qui aurait été « adopté » par la section, comme il existe dans le monde maçonnique des « louveteaux » ?

La bannière que porte le compagnon n° 21 est illisible et il semble au demeurant que ce soit du choix du photographe qui, lors du tirage, aura masqué ses inscriptions. On doit faire l’hypothèse que c’était dans l’intention de faire un montage ou une retouche photographique afin d’y indiquer le nouvel intitulé de la société, en l’occurrence « Union Compagnonnique, section de [nom de la ville] » en lieu et place, assez probablement, de « Fédération Compagnonnique, section de [nom de la ville] ». De fait, il est assez probable que cette photographie date de très peu de temps après la création de l’Union Compagnonnique et qu’elle est antérieure à 1900.

Devant le président debout au centre du cliché et portant une canne enrubannée, on voit une maquette figurant une sorte de temple sous forme d’un portique avec deux colonnes portant les lettres J et B (symbole emprunté à la franc-maçonnerie) et dont le fronton triangulaire surmonté d’une sorte de coupole porte en son centre une étoile en forme de sceau de Salomon, frappée en son centre d’un médaillon illisible. On distingue aussi un phylactère entre le fronton et le semblant de coupole évoquant la forme d’une ruche et il est probable, de par ces formes, qu’il s’agit d’une allusion au blason de la FCDTLDR qui comporte précisément semblables phylactère et ruche. À l’intérieur de ce portique, on aperçoit les gradins menant à un autel dont il est malheureusement impossible de discerner ce qu’il porte (peut-être une petite ruche ?). Le tout est posé sur un socle portatif semblant comporter trois arches (deux seulement sont parfaitement visibles), tel le pont avec les lettres LDP (Liberté de Passage) emprunté au symbolisme maçonnique et figurant dans certains compagnonnages, notamment chez les compagnons charpentiers du Devoir de Liberté. On aperçoit au demeurant deux lettres sur ce pont, mais le manque de netteté de la photographie interdit de spéculer davantage sur ce point. Notons aussi que, au demeurant, ce socle n’est pas sans évoquer celui portant la ruche, le compas et l’équerre sur le blason de la FCDTLDR, tel qu’il figure sur la couleur.

Question rituelle : l’un de nos visiteurs ou correspondants pourrait-il localiser et dater avec certitude cette photographie et nous apporter des informations complémentaires ?

Une photographie de compagnons de l’Union Compagnonnique des Devoirs Unis (Cognac ou Angoulême ?) vers 1890.

L'homme pense parce qu'il a une main. Anaxagore (500-428 av. J.-C.)


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