Atelier d’écriture n°256 – Une photo, quelques mots

Elle aurait aimé faire ce rêve étrange et pénétrant.

D'un homme inconnu, et qu'elle aime, et qui l'aime...

A la place, elle devait se contenter de cette énigme : Seule, au milieu d'une forêt, ses pieds ancrés dans la terre, tel un arbre dont les racines s'enfoncent toujours plus profondément à la recherche d'eau. Immobilisée, elle n'avait jamais fait attention au silence oppressant qui l'entourait, jusqu'au moment où un bruissement la fit sursauter.

Provenant de buissons derrière elle, la cause de ce bruit lui restait inconnu. Elle sentait son coeur s'emballer et sa respiration se saccader de plus en plus au gré des possibles prenant vie dans son imagination. Elle tressaillit en sentant un souffle chaud sur sa main et retint un cri quand cette dernière entra brièvement en contact avec ce qu'elle identifia comme un pelage.

Les yeux fermement clos, elle tentait de reprendre son calme. Un nouveau son fit grimper brusquement sa nervosité. Tout aussi rapidement, elle se sentit en sécurité en se laissant porter par la voix douce de cette enfant apparut comme par magie. Mêlant innocence et sagesse, elle prononçait une série de phrases dans une langue venue d'Asie, qu'elle ne pouvait identifier faute de connaissance. Pourtant chacun des mots énoncés la touchait dans sa chaire, apasait son esprit et lui donnait une force qu'elle n'avait jamais ressenti jusqu'alors.

Le cervidé l'observait avec intensité. Elle se sentait ridicule à l'idée d'avoir ressenti tant de peur à son égard. Sensation qui s'effaça en plongeant son regard dans le sien. Habitée par une nouvelle énergie, ses pieds retrouvaient un début de mobilité au moment où un noir intense se fit.

Et si elle n'avait pas rêvé de cet inconnu, qu'elle espérait en secret, elle savait que ce songe, comme les précédents, n'avait pas été totalement vain...