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1967, année de tous les possibles : discographie sélective

Publié le 10 mars 2017 par Storiagiovanna @StoriaGiovanna

Au début de l’année 2017, le Mari a déclaré : Allez, on va faire une exégèse de tous les albums de notre discothèque sortis en 1967. Et Dieu sait qu’il y en a pléthore dans icelle discothèque, si bien que je pense que nous n’aurons pas le temps de tout écouter. Pour vous dire, il doit y avoir la même proportion de disques de 1967 dans notre discothèque conjugale que de personnes nées en 1984 dans mon entourage proche. Malgré tout, je vais essayer de vous faire un petite sélection de disques que j’ai écoutés ou que j’ai envie d’écouter avec le millésime de 1967.

Ce qui est encore désolant, c’est qu’il n’y aura encore une fois pas beaucoup de place pour la musique française. Pas que je puisse trouver des albums français de qualité enregistrés cette année-là, mais force est de constater qu’il faut trier le bon grain de l’ivraie. Et comme mon univers des années 1960 est très marqué par la pop anglaise et le rock américain, avec quelques infidélités au jazz et à l’afro-samba, je risque de ne pas être aussi aventureuse que je ne le souhaiterais dans cette sélection de dix albums.

1 – The Doors, The Doors (janvier)

Le premier album du groupe mené par Jim Morrison, enregistré durant le mois de septembre 1966, frappe fort. Les claviers psychédéliques de Ray Manzarek, les thématiques abordées (le voyage, les errances psychologiques…) ont très vite élevé l’album au rang de culte. Même si les sonorités sont très ancrées dans leur époque, ce disque a tellement imprégné ma vie que je n’arrive même pas à croire que le temps a passé depuis que cet album existe. Il existe ainsi des œuvres au parfum d’éternité qui se sont pourtant inscrits dans une certaine temporalité. Les mystères de la création.

2 – The Byrds, Younger Than Yesterday (février)

Premier album après le départ du co-compositeur du groupe Gene Clark, si les reprises de Bob Dylan y font toujours légion (My Back Pages), David Crosby prend de plus en plus de place dans l’écriture des chansons originales aux côtés du compositeur principal Roger McGuinn. Moins psychédélique que l’album précédent Fifth Dimension (1965), plus empreint du country-rock inscrit dans l’ADN du groupe, il ne parvient pourtant pas à faire remonter la côte du groupe auprès du public.

3 – The Velvet Underground & Nico, The Velvet Underground & Nico (mars)

Album que j’ai beaucoup écouté l’an dernier suite à son achat par le Mari lors de l’exposition New York Extravaganza à la Philharmonie. Je l’avais découvert à l’époque où mon oncle numérisait ses vinyles et où j’ai récupéré les fichiers numériques. Le groupe fondé autour de Lou Reed et de JJ Cale a eu une gestation assez lente, mais à la faveur d’un « mécénat » d’Andy Warhol, ce premier album a vu le jour. Et quel album détonnant par rapport à l’esprit de l’époque, mais quelle belle préfiguration du punk new-yorkais qui s’est développé par la suite. Bref, un classique qui peut parfois mettre mal à l’aise les oreilles non-averties.

4 – The Jimi Hendrix Experience, Are You Experienced? (mai)

Autre album qui a marqué mon adolescence et celle du Mari, si bien qu’il se retrouve en deux exemplaires dans notre discothèque. Et encore un premier album qui frappe très juste, entre blues psychédélique et vraie guitare virtuose. Pour autant, les oreilles non-averties auraient tendance à y voir du pur guitar heroism bourrin et ce ne serait pas rendre justice à toute l’âme blues contenue tant dans le jeu de Hendrix que dans l’orchestration choisie.

5 – The Beatles, Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band (juin)

J’ai personnellement un énorme problème avec cet album : alors que la doxa Beatles admet que c’est le plus grand album, le plus fou et le plus avant-gardiste du groupe, je trouve d’une part qu’il n’est pas au niveau d’Abbey Road et de Revolver (bien plus abouti techniquement, bien qu’étant enregistré avant), et d’autre part qu’il est justement trop ou pas assez fou pour que j’en comprenne l’essence ou la structure. Il y a juste cette anomalie qu’est A Day In The Life, ma deuxième chanson préférée des Beatles, que j’aurais davantage vu conclure Revolver en termes de cohérence.

6 – The Bee Gees, Bee Gees 1’st (juillet)

Suite à la claque que j’ai prise un jour en écoutant Holiday à la radio, je me suis dit que je ne connaissais pas assez cette partie de carrière des frères qui méritent davantage que la caricature de disco dans laquelle la postérité les a enfermés. Je me dis qu’un jour, j’achèterai ce troisième album du groupe pour en comprendre l’essence dans leur jeunesse.

7 – Claude Nougaro, Petit taureau (novembre)

Un album qui contient Toulouse, s’il est cohérent, ne peut que contenir de vrais moments de grâce. Encore un album que je me tâcherai de découvrir prochainement pour me pardonner de n’avoir compris la portée de Nougaro que post-mortem.

1 – The Rolling Stones, Their Satanic Majesties Request (décembre)

Album adoré du Mari qui me l’a fait découvrir dans le cadre de l’exégèse des albums mono des Stones, c’est pourtant un album mal aimé du public, du fait d’une structure encore une fois psychédique et d’une supposée similitude avec Sgt. Pepper, dans le cadre d’une rivalité médiatique avec les Beatles. De rivalité et de similitude, il n’en est en fait pas grand chose : en effet, Johnny et Macca ont assuré les chœurs sur certains titres et ils apparaissent de dos sur la pochette. D’autre part, les deux albums ont été enregistré dans le même temps et si Their Satanic Majesties Request  est sorti postérieurement, c’est à cause de la peine de prison qu’encouraient Mick Jagger et Keith Richards pour détention de stupéfiants.

9 – Bob Dylan, John Wesley Harding (décembre)

Si cet album est surtout connu pour être celui qui contient la version originale de All Along The Watchtower, il est surtout un album de transition philosophique pour Robert Zimmermann, suite à son accident de moto survenu en 1966. Si à la maison, nous avons essentiellement ses albums, voire certains exemplaires en double, jusqu’à cet accident, nous avons quelque peu décroché à partir de Blonde On Blonde. Nous procurer John Wesley Harding serait une bonne résolution pour avoir une vision un peu plus complète de sa carrière.

10 – Leonard Cohen, Songs of Leonard Cohen (décembre)

Encore un artiste que je connais de nom, dont je visualise la signature musicale, mais dont je n’ai pas exploité la carrière plus qu’il ne le faudrait. Si je devais un jour me concentrer dessus, je commencerais par ce premier album, qu’il a écrit alors qu’il avait déjà bien entamé sa carrière de poète. J’ai un bon a priori sur cette album, qui contient quand même les perles Suzanne et So long, Marianne, et j’ai clairement envie d’en savoir davantage.

A bientôt pour de nouvelles aventures musicales.



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