Elon Musk continue à occuper le centre de l’actualité venue de la Silicon Valley. Reprise réussie des tirs de sa fusée Falcon Space X, poursuite de l’aventure de la voiture électrique et semi-autonome Telsa. Mais le milliardaire visionnaire à la Tony Stark d’Iron Man a peut-être, avec son projet d’énergie individuelle, une nouvelle corde à son arc.
Et si tout n’avait pas été dit sur le flamboyant Elon Musk, digne héritier de Thomas Edison et du serbo-croate Nikola Tesla ? Certes, les dernières images du retour de sa fusée Falcon Space X sur terre, quelques mois seulement après une explosion sur le pas de tir, qui aurait pu sonner son glas, ou encore les résultats de son activité de fabrication de voitures électriques (et demain autonomes) justement baptisées Tesla, ont encore ajouté des chapitres passionnants à son roman personnel et entrepreneurial.
Un roman déjà riche depuis ses premiers pas à l’origine du succès de PayPal et dont les derniers chapitres s’appellent Hyperloop (transport hypersonique terrestre) ou SolarCity (énergie solaire à grande échelle).
Digne de Tony Stark
Mais il est un sujet concernant ce Tony Stark réel, à la différence du patron d’Iron Man, que l’Atelier BNP Paribas, voulait mettre en lumière. Il s’agit de son projet d’énergie individuelle domestique qui pourrait « disrupter » nos grands systèmes centralisés de réseaux électriques à l’européenne. Ce projet consiste à faire de nos maisons et appartements des mini-centrales de production et de stockage d’électricité. Un rêve qui viendrait bouleverser tous nos lourds schémas énergétiques faits de centrales et de lignes à haute tension.
Venue de la GigaFactory
Cette transformation serait rendue possible grâce à l’utilisation de batteries domestique lithium-ion, celles qui équipent déjà ses voitures Tesla et qui commencent à être fabriquées par milliers dans son usine géante, la GigaFactory, lancée en janvier dernier dans le Nevada, près de la ville de Sparks. Un lancement intervenu d’ailleurs en plein CES de Las Vegas, qu’Elon Musk a snobé alors qu’il était dans toutes les têtes. Cet homme-là n’en fait qu’à sa tête et il faut bien reconnaître que ça lui réussit assez bien pour l’instant.
Le paradoxe de cette idée, c’est qu’elle repose sur une technologie connue et éprouvée. Par rapport à d’autres technologies de batterie, au nickel par exemple, la batterie lithium-ion a l’avantage de se décharger moins vite. Une fois de plus, Elon Musk et ses équipes ont su améliorer les systèmes existants pour rendre cette batterie vraiment plus performante.
Un design à la Apple
Surtout, en bon fils putatif de Bill Gates, Elon Musk a aussi pensé à son design car elle doit être installée dans les domiciles et pas seulement dans les voitures Tesla. Elle doit donc devenir un objet agréable à regarder, un peu comme un radiateur dernier cri. Il a donc fait travailler son look avec un aspect ovoïde plutôt élégant, avec de belles matières et de belles couleurs. Une espère d’iPhone de la batterie du futur. Il restera un problème à régler pour ses équipes, c’est que le lithium est un matériau assez rare sur la planète. S’il veut vendre ses batteries dans tous les domiciles, cela risque de faire s’envoler les prix.
Comment alimenter toute la maison
Une fois réglés ces problèmes de contingence, même structurelle, cette idée est vraiment disruptive car elle consiste à bâtir autour de cette batterie tout un système d’indépendance énergétique, bien au-delà du véhicule, pour alimenter toute la maison, tous nos équipements domestiques. Si un jour cela se produit, cela changerait vraiment la donne. Imaginez une maison n’ayant besoin que d’un point d’arrivée d’énergie pour recharger la batterie et qui, à partir de là, pourrait alimenter tous les besoins en énergie du domicile. Ce serait comme avoir sa propre centrale électrique à la maison. Cela pourrait modifier en profondeur notre approche de l’énergie, aller vers un système décentralisé, un peu comme ces éoliennes dans le jardin des ranchs américains. Pour peu que les batteries soient reliées à des systèmes autonomes type anneaux solaires ou justement éoliennes, cela permettrait de presque s’émanciper de tout système collectif. Pour nous, Français, habitués à dépendre de ces grands réseaux structurels, cela représente une révolution copernicienne difficile à imaginer. Ce serait un énorme changement.
Une invention rentable ?
Mais encore faut-il que ce système soit rentable. La batterie coûte aujourd’hui plusieurs milliers d’euros. Son amortissement se fait sur de longues années. De nombreux calculs ont été faits - que se jettent à la figure les pro et les anti-batteries, comme toujours. Une des clés pour mesurer la rentabilité immédiate du système, c’est le prix de l’électricité dans le pays où vous vous situez. Si le prix de l’électricité est relativement faible, comme c’est encore le cas en France par exemple, rentabiliser la batterie d’Elon Musk va être difficile, même au bout de plus de dix ans d’amortissement. Dans des pays où l’électricité est nettement plus chère comme en Allemagne, cette batterie serait déjà rentable.
Toujours un coup d’avance
Mais le sujet ne se résume pas à une question de rentabilité. C’est aussi un choix de vie et d’environnement, le choix de l’électrique, le choix du recours à une énergie plus verte. C’est un choix individuel et de société. Après tout, les voitures Tesla sont chères, elles aussi. Ceux qui les acquièrent le font en partie pour avoir un objet design et branché mais aussi pour rouler “électrique” voire “autonome”. Si le prix était la seule barrière, Apple n’aurait pas eu le succès qu’il a eu avec ses téléphones et ses tablettes. Comme d’habitude avec ce visionnaire d’Elon Musk, il est très difficile aujourd’hui de dire si son système de quasi-autonomie énergétique va s’imposer. Cela prendra sans doute de nombreuses années. Cela implique de changer en profondeur nos habitudes, nos systèmes, nos réseaux, nos infrastructures.
Mais c’est ça qui est formidable avec cet homme hors norme. Il a toujours deux ou trois coups d’avance. Il dit en permanence qu’il veut changer le monde. Impossible de dire s’il y parviendra avec ses voitures Tesla ou ses fusées Falcon Space X mais il pourrait bien y arriver avec ses batteries.