Qu’attendre d’un quatorzième album ? Avec Depeche Mode, qui est déjà dans sa quatrième décennie d’activités, on ne se posera pas longtemps la question. Tout d’abord, depuis les années 90, on a droit à exactement un nouvel album tous les quatre ans. Ensuite, depuis leur rencontre dans les années 80, c’est encore et toujours Anton Corbijn qui s’occupe de l’artwork de chaque nouvel album, et c’est effectivement le cas avec Spirit, dont la pochette est très belle et n’a comme défaut que celui de ne pas dépareiller des précédentes, en particulier Playing The Angels et Sounds Of The Universe. Quant au jeu sur les initiales D et M, il nous rappelle irrémédiablement le précédent album, Delta Machine.
Personnellement, certaines photos de l’intérieur du livret me rappelle le clip de « Barrel of a gun », premier single de l’album Ultra sorti il y a exactement vingt ans ; d’autres semblent vouloir rendre hommage explicitement à la pochette de Construction Time Again, troisième album du groupe qui remonte à 1983, soit bien avant la chute du mur de Berlin, en particulier la dernière qui montre Andy, Dave et Martin tous trois avec un marteau/une massue qu’ils soulèvent dans un mouvent forcément destructeur. Difficile de croire en un hasard quand on sait que la sortie de Spirit a été célébrée par un concert donné le soir-même… à Berlin !
Inutile de chercher quelque chose de nouveau dans la formule d’un groupe qui a tellement influencé la musique électronique et la musique rock, notamment dans les années 80 et 90. Forts de leurs œuvres personnelles en dehors du groupe, Martin Gore (d’abord seul pour des reprises, puis avec Vince Clark sous l’acronyme de VCMG, puis à nouveau seul sous celui encore plus discret de MG) et Dave Gahan (en solo par deux fois, puis avec Soulsavers également deux fois) se retrouvent au sein de Depeche Mode en grande forme, Andy Fletcher étant lui aussi toujours de la partie, alors que sa carrière solo est elle bien plus humble, car en dehors du groupe il fait des tournées en tant que DJ.
Comme depuis quelques albums seulement, certains titres ne sont pas entièrement dû à Gore, qui en a tout de même écrit et composé huit. Ainsi, « You move », « Cover me », « Poison Heart » et « No more (this is the last time) » sont le fruit du travail de Gahan ; pour la première chanson, il s’agit d’une collaboration avec Gore, la troisième à ce jour ; les trois autres l’ont été avec des collaborateurs de Gahan, dont Kurt Uenala que l’on retrouve également à la basse électrique sur deux morceaux et à la programmation de l’album avec l’Américain Matrixxman, dont l’album Homesick traîne sur mon ordinateur depuis fin 2015 et sur lequel je dois reposer les oreilles.
La production de Spirit a été confiée à James Ford, notamment connu pour son duo électro Simian Mobile Disco.
Bien entendu également, Dave Gahan laisse le micro à Martin Gore, celui-ci interprétant les titres « Eternal » et « Fail ».
Spirit sera-t-il un bon album ? L’un des meilleurs depuis, disons, Ultra ? S’il est déjà aussi intéressant ou passionnant qu’Exciter ou Delta Machine, ce sera déjà gagné. Je pense qu’il figurera alors dans les meilleurs albums de 2017. mais ça, on le saura dans plusieurs mois, quelques écoutes n’étant à ce jour pas suffisantes pour en dire plus de façon objective.
À noter que la version Deluxe ajoute un second disque de cinq remixes, concoctés par Depeche Mode, Matrixxman et Kurt Uenala.
Si certains semblent déjà regretter le poids de James Ford dans le son de Spirit, qui influence énormément la tonalité de l’ensemble, avouons tout de suite qu’avec lui, au moins, Depeche Mode réussit d’emblée à retrouver des sonorités d’une ambition qui sied pleinement à son rang.
(in heepro.wordpress.com, le 19/03/2017)
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Voir aussi :
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble