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[critique] Planétarium : en vidéo depuis le 21 mars 2017

Par Vance @Great_Wenceslas
[critique] Planétarium : en vidéo depuis le 21 mars 2017

Voilà un film singulier qui ne plaira sans doute pas à tout le monde. Derrière le soin apporté à la direction artistique, le choix des décors et des lieux de tournage extérieurs, derrière le casting déconcertant avec des comédiens venus de tous horizons, on trouve une histoire déroutante qui s'essaie à de nombreux genres, se concentre puis délaisse ses personnages pour aborder avec sincérité (mais également une naïveté malvenue) des thèmes graves en une synergie qui nuit à l'ensemble.

est sorti en fin d'année dernière au cinéma et ne semble pas avoir convaincu, malgré ses nombreux atouts. Ad Vitam et TF1 Vidéo vous proposent donc une seconde chance depuis le 21 mars dernier avec la sortie en vidéo de cette œuvre pareille à nulle autre.

[critique] Planétarium : en vidéo depuis le 21 mars 2017

On y a la surprise - et une sorte de soulagement - de retrouver la toujours séduisante Natalie Portman qui dispose de plus de la moitié de ses répliques en français ! Campant avec assurance la grande sœur d'un duo de médiums américaines, elle fait montre de sa prestance habituelle, entre espièglerie désarmante et perspicacité face à André Korben, un producteur en vogue qui s'entiche de leurs facultés paranormales au point de vouloir en faire les vedettes de son nouveau projet. Ce dernier est interprété par Emmanuel Salinger, vrai-faux vieux habitué des films d'auteur, à l'élégance intemporelle et au charme éthéré. Leur relation délétère, à base de non-dits et de fantasmes, est à la fois charnière et le point faible de l'histoire qui en profite pour aborder le statut des Juifs dans cet Entre-Deux-Guerres malsain, le déracinement, l'importance des femmes mais aussi le pouvoir de l'illusion, conférant au cinéma (et à toute entreprise d' entertainment) un rôle central dans le déroulement des événements. Car les deux sœurs Barlow achèvent en France une tournée qui est leur seule source de revenus, la plus âgée tâchant de protéger et guider la plus jeune qui apparaît comme déconnectée de la réalité (un rôle pour lequel Lily-Rose Depp s'en sort bien en jeune ingénue évanescente) et s'engagent dans le projet de Korben avec une certaine réticence, uniquement confortée par le fait qu'il s'engage à couvrir tous les fris et leur fournit toit, couvert et autres services. Sauf qu'outre la production d'un film qui se perd en conjectures, entre fiction fantastique et reportage sur le surnaturel, et qui perd ses protagonistes (le réalisateur ne comprend plus chaque nouvelle directive de Korben qui réoriente le scénario au gré de ses pulsions) au point de bloquer voire de menacer d'arrêter le tournage, notre philanthrope tient à explorer son subconscient par l'entremise de ces femmes providentielles qui pourraient lui permettre de retrouver un souvenir, un rêve sur lequel il tente de remettre la main et qui domine sa psyché.

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La mise en scène de Rebecca Zlotowski suit avec une certaine méticulosité l'état d'esprit perturbé de Laura, qui finit par s'habituer à son nouveau métier d'actrice de cinéma, à ses excès et ses faux-semblants, tout en n'acceptant pas cette forme de trouble relationnel que son hôte et bienfaiteur entretient envers elle, se fourvoyant sur ses attentes et ses appétits sexuels. Malgré sa réticence à laisser sa petite sœur, elle finira par suivre la troupe qui poursuit tant bien que mal le tournage en des lieux enchanteurs tandis que Korben continuera d'explorer le potentiel de Kate en investissant dans la recherche scientifique l'essentiel de ses finances, au grand dam de ses partenaires.

On ne sait pas trop quoi penser de la manière dont évolue le script, avec ces va-et-vient entre le fantasme et le réel dans un monde qui semble retenir son souffle avant l'explosion fatale qui menace déjà. Les personnages perdent peu à peu de leur substance, devenant des silhouettes romantiques aux sentiments exponentiels et suivent des directions qu'on ne comprend plus, comme s'ils perdaient le fil de leur existence, attirés par un destin qui leur échappe. Tout le film hésite à l'image de Laura qui s'investit dans son métier d'actrice, jouit des plaisirs éphémères qu'il apporte mais voit son équilibre chaque jour de plus en plus fragilisé par ses craintes permanentes et ses doutes. Loin de Korben et de sa sœur, elle s'essaie à de nouvelles expériences sans y trouver l'épanouissement escompté. Et c'est alors que le passé et la nature même de Korben se mettent à jouer contre lui et il se retrouve piégé dans une toile dont il refusait de voir les fils s'entremêler autour de lui. Tous se bercent d'illusions, niant le temps et la noirceur du monde.

[critique] Planétarium : en vidéo depuis le 21 mars 2017

La photographie particulièrement travaillée du métrage est à l'aune de

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ce récit entre ombre et lumière qui ne parvient jamais à convaincre mais soulève des questions pertinentes sur l'identité et la responsabilité, tout en saluant avec maladresse l'importance grandissante de l'industrie du rêve qu'est le spectacle, palliatif capital à la misère qui nous entoure. Amira Casar, Louis Garrel et Pierre Salvadori ne peuvent donner la pleine mesure de leur talent, passant dans le film comme autant de fantômes sans substance.


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