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Les infirmières de la Grande Guerre, les « anges blancs»

Par Marine @Rmlhistoire

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On parle souvent des Gueules Cassées, des médecins et des progrès des actes chirurgicaux liés à la Première Guerre mondiale, dans cet article, je voudrais rendre hommage aux infirmières. Ces « anges blancs » ces « matinales » qui ont donné de leur temps et toute leur énergie pour transporter les malades, les soigner et les accompagner du mieux possible. En France, on dénombre 30 000 infirmières et 70 000 bénévoles, soit 100 000 femmes au service de l’armée et de population. La guerre n’est pas que l’histoire des hommes et il est important de le rappeler.

Un contexte de guerre

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Le 6 octobre 1914, un grand nombre de soldats arrive à Paris. Plus ou moins blessés, plus ou moins morts, les hôpitaux sont saturés et pourtant il faut trouver un moyen de soigner tout le monde pour les faire repartir sur le front au plus vite. Les hôpitaux demandent alors de l’aide. Toutes les bonnes volontés sont acceptées pour panser, soulager, rééduquer ou accompagner dans la mort les soldats. Les infirmières sont peu nombreuses, c’est pourquoi on demande à toutes les femmes disponibles et volontaires de venir filer un coup de main non seulement dans les hôpitaux (qui sont plein) mais aussi dans tous les établissements qui ont été réquisitionnés : palais, hôtel particulier, lycée, palace… 15092660229_685b68b1dd_h

Plus de 1500 hôpitaux de fortune ont vu le jour partout sur le territoire. On compte en France en 1914, environ 100 000 infirmières, 10 500 médecins (dont seulement 1500 militaires de carrière), mais aussi 2400 pharmaciens (dont 130 militaires) et face au nombre de blessés, c’est très peu. De plus, les femmes médecins ne sont pas autorisées à exercer dans les hôpitaux militaires, alors un grand nombre d’entre elles préfère être sur le front en tant qu’infirmière volontaire plutôt que de rester en retrait et de ne pas servir la patrie.

Depuis 1905, les infirmières religieuses ont été virées des hôpitaux publics mais elles œuvrent toujours dans des établissements religieux. En revanche, toutes les infirmières bénévoles sont sous la tutelle de la Croix-Rouge.

Des blessures inconnues et une formation d’infirmière express

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Si la médecine fait des progrès, c’est aussi parce que les armes évoluent. On passe du fusil et de la baïonnette aux canons, lance-flammes et gaz moutarde. Le corps ne réagit pas pareil, on est d’accord. Les nouvelles infirmières ont connu une formation accélérée, 15 jours tout au plus, durant lesquels elles font beaucoup de théorie et peu de pratique. Ces journées de formation permettent également de trier les volontaires. Mues par un élan patriotique de nombreuses femmes ne sont pas capables de devenir infirmières, elles ne supportent pas la vue du sang. Et mieux vaut avoir personne qu’une infirmière qui nous fait un malaise vagal toutes les cinq minutes. Elles s’exercent à la suture, à l’asepsie mais elles ne sont certainement pas formées pour soigner un homme à la gueule cassée, au pied de tranchée, à qui il manque le nez, peut-être une jambe, et parfois il ne reste pas franchement grand chose. Je vous conseille à ce propos, l’article sur les Gueules Cassées.

Mais attention, les infirmières déjà en poste ne sont pas plus prêtes que les bénévoles à affronter les horreurs de la guerre… D’ailleurs, la première école d’infirmières a été créée en France, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière en 1907.

Le travail des « anges blancs »

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Les premiers mois de guerre sont clairement une catastrophe. Des trains sont réquisitionnés pour transporter les blessés du front jusque dans les villes, mais clairement, pour beaucoup d’entre eux, le trajet est trop long, trop douloureux, les plaies s’infectent et il est trop tard. Lorsque les infirmières et médecins récupèrent les soldats, il n’y a pas grand chose à faire ou il y a trop à faire et les ressources sont insuffisantes.

« Rien ne peut dire l’horreur de ces gémissements sortant de ce trou noir! car ils étaient dans l’obscurité complète! Il faisait une chaleur accablante, les portes de tous les fourgons étaient ouvertes; quand on s’en approchait, une odeur âcre de sang, de transpiration et de fièvre nous prenait à la gorge. Nous nous hissions comme nous pouvions, puis enjambant le corps de ces premières victimes des Boches, après le passage du major de garde, nous faisions des piqûres à la lueur d’une lampe, prêtée pour la nuit par un homme d’équipe; nous aidions ces braves des premiers chocs à changer de position et eux-mêmes nous indiquaient ceux dont l’état réclamait les soins les plus urgents; nous refaisions les pansements qui avaient glissé pendant le voyage ou qui étaient traversés; quelques blessés n’en avaient même pas; puis nous leur donnions à boire, car la fièvre, la chaleur et le voyage qui avait duré trois jours les faisaient souffrir de la soif. »

Imaginez un mec à qui il manque la moitié de la joue faire 250 km en train… C’est pas un TGV le truc… Lorsqu’il arrive la plaie est infectée, il a de la fièvre et il est beaucoup plus difficile de récupérer les tis

sus pour une potentielle greffe… Alors les choses vont s’organiser différemment. On va amener les hôpitaux directement sur le front. A quelques kilomètres seulement, on trouve des médecins et des infirmières pour apporter les premiers soins. Ce n’est que plus tard que les grands blessés sont transférés dans les hôpitaux en ville.

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A partir de là, il existe deux situations différentes : la médecine et la chirurgie d’urgence sur le front, et la médecine et chirurgie de fond avec, notamment, beaucoup de reconstructions maxillo-faciales. Et il y a les « autochir », les ambulances d’urgence conduites exclusivement par les femmes à partir de 1915. Les infirmières ont du boulot. Toujours dans le même ordre : prendre la température, marquer les pulsations ensuite la toilette…

Il fallait envoyer au lavabo les valides qui allaient clopin-clopant, leurs serviettes sur le bras, le savon en main, vers une salle spéciale où tous ces braves oubliant leurs souffrances passées et leurs douleurs présentes chantaient, sifflaient, riaient, s’aspergeaient et jouaient comme des enfants; il fallait préparer pour ceux qui ne pouvaient se lever une cuvette avec un peu d’eau chaude qu’on plaçait sur un tabouret près de leur lit et laver enfin ceux qui par leur position, leur état ou leur blessure étaient dans l’impossibilité de se servir eux-mêmes.(…)
 

Les infirmières peuvent aussi donner des analgésiques, elles secondent les chirurgiens pendant les opérations et elles organisent les stocks de manière à toujours êtes prêtes si de nouveaux blessés arrivent. Enfin elles accompagnent les soldats durant leur guérison. La présence de l’infirmière est très importante pour les hommes, déjà parce qu’ils n’ont pas vu de meufs depuis longtemps, mais surtout parce qu’elles apportent un réconfort et un soutien sans faille. Les « anges blancs » cuisinent, décorent, apportent de la joie où il ne devrait pas y en avoir. Et ça fait du bien.

Les infirmières, victimes de guerre

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Plus de 350 infirmières sont décédées du fait de la guerre. La Croix-Rouge dénombre 105 infirmières tuées lors de différents bombardements et attaques ennemies (certaines sont même des Gueules Cassées) et 246 des suites de maladies contractées pendant leur service, comme la tuberculose.

Entre 1916 et 1920, plus de 3000 infirmières ont été décorées en guise de reconnaissance.

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J’ai longuement hésité pour illustrer cet article, finalement, j’ai opté pour les cartes postales des archives de Toulouse, mais je vous laisse quelques photos et croquis trouvés dans Gallica. 

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Pour en savoir plus : sur Gallica, le manuel de l’infirmier volontaire, les croquis sur les gestes d’infirmières 1916-1917 et le témoignage de Julie Crémieux, infirmière. Autres sources : la Croix-Rouge et ce bouquin emprunté à la médiathéque de Port-la Nouvelle.


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