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Une révolution dans l'industrie de diffusion des contenus (épisode 1)

Publié le 25 juin 2008 par Christophe Foraison
Une révolution dans l'industrie de diffusion des contenus (épisode 1)Quelle peut être la logique économique du web ? Comment concilier la gratuité d'utilisation des sites web avec la nécessaire rentabilité des capitaux engagés par ces entreprises qui produisent ces sites ?
La logique économique est-elle radicalement nouvelle ? Quels problèmes posent les stratégies de ces entreprises ?


Telles sont les principales questions à laquelle cette série de trois articles tentera d'apporter des éléments de réflexion.
Pour cela, essayons d'utiliser les notions / mécanismes économiques afin de cerner les enjeux des révolutions technologiques en cours.

Aujourd'hui premier épisode:

Le web 2.0: une révolution dans l'industrie des contenus informationnels.


Quels sont les types de contenus diffusés sur le web ?

Au départ, les informations échangées étaient souvent liées à des contenus écrits (numérisés), mais les évolutions technologiques récentes (en particulier le haut débit) ont enrichi le contenu de ces informations en y ajoutant le son et l'image. Toutes ces informations numérisées sont qualifiées de "
biens de contenu"

Pour les novices, on peut lire lire un article du journal du net "comment reconnaitre un site web 2.0"


Une révolution dans l'industrie de diffusion des contenus (épisode 1)                      les principaux services web 2.0

Quelles sont leurs caractéristiques au sens économique ?

Trois éléments majeurs caractérisent ces contenus numériques:

- leur reproduction est très facile techniquement : on obtient ainsi un clone du produit original, ce qui n'était pas le cas avec les supports techniques plus anciens comme
la cassette audio ou celle du magnétoscope qui faisaient perdre en qualité.
Leur reproduction est également facilitée d'un point de vue économique: le coût des supports (CD, DVD...) et de la reproduction (graveur, logiciels) est dérisoire maintenant.

- leur non - rivalité: le fait que j'utilise les sites n'empêche pas autrui d'en profiter.
Ainsi des milliers de personnes en même temps visionnent les vidéos sur You Tube et écoutent de la musique sur les sites de partage comme Deezer, Jiwa ou Lastfm...Ce n'est pas nouveau (on le verra par la suite) mais le web démultiplie les possibilités en la matière.

- leur non-excluabilité: on peut difficilement empêcher des individus de consommer ces contenus au motif qu'ils n'ont pas payer le prix. Cette seconde caractéristique est cependant moins prononcée que la première (certains contenus sont payants en partie)

Ces deux dernières caractéristiques font des contenus informationnels "
un bien public" pour les économistes.
L'exemple classique du bien public est l'éclairage collectif: il y a bien non-rivalité  (personne ne peut empêcher autrui d'en profiter en même temps que lui) et non-excluabilité (on ne peut pas empêcher quelqu'un qui passe à côté d'en profiter sous prétexte qu'il n'a pas payé)
Du fait de ces deux caractéristiques, ces biens ont une originalité: leur production par une entreprise privée est impossible. Elle ne pourra pas rentabiliser ses investissements. En effet, comment fixer un prix de vente lorsque tout le monde peut consommer ces contenus sans exclusion ? Qui voudra alors s'acquitter de ce prix ?

Une des portes de sortie est de réintroduire de l'excluabilité par le biais de
la propriété intellectuelle.
Ainsi, même si la consommation de ces contenus reste non-rivale, seuls ceux qui ont acquitté des droits d'auteurs peuvent bénéficier du produit.

Cette logique a relativement bien fonctionné dans les industries culturelles traditionnelles.
Par exemple: la séance payante de cinéma repose sur ce principe, il y a non-rivalité car chaque spectateur ne prive pas autrui de regarder le film mais l'excluabilité est présente car ceux qui n'ont pas payé le ticket ne rentrent pas ^^.

Par conséquent, pour parvenir à rentabiliser la diffusion des contenus, il fallait contrôler le contenant.

Ce qui explique en grande partie la montée en puissance des grandes majors dans le domaine de la distribution (des films, livres, disques...)

L'économie numérique remet en cause cette logique économique pour 2 raisons:

- le
droit d'auteur est mis à mal par les facilités de reproduction des contenus.
Auparavant, on pouvait sanctionner les pirates car ils étaient peu nombreux étant donné les difficultés techniques de la reproduction.
Aujourd'hui, les chiffres concernant le téléchargement illégal donnent le vertige: il existe des millions de pirates qui téléchargent illégalement (j'en connais ^^).
On peut effectivement en sanctionner quelques uns, mais la dissuasion risque d'être inefficace (beaucoup trouve déjà de multiples
parades).

- le web 2.0 possède deux particularités:
   * les utilisateurs vont diffuser de façon décentralisée les contenus (à travers les très nombreux réseaux
P2P), ce qui ruine les bases des circuits classiques de contrôle de la diffusion

   * en même temps, le web permet une diffusion à l'échelle planétaire à travers quelques sites qui centralisent cette diffusion (comme You Tube ou Daily motion pour la vidéo)

Ce qui est à la fois un problème (pour les distributeurs traditionnels comme les majors de l'industrie du disque ou du cinéma) et une opportunité (pour les nouvelles "majors" du web).
Ce changement de rapport de force entre les acteurs n'est pas sans faire penser à un phénomène économique bien connu depuis J.A. Schumpeter, à savoir le
mécanisme de la destruction créatrice.

En effet, les industries culturelles traditionnelles sont en train de perdre des marchés, de supprimer des emplois, étant donné que le contrôle du contenant leur échappe d'une part.
Mais d'autre part, le développement exponentiel des nouvelles majors du web ouvre d'autres perspectives.
Pour elles, la question majeure est de savoir comment diffuser gratuitement des contenus informationnels tout en étant rentable ?
On retrouve alors un mode de financement rien de plus classique : la publicité.
Comme TF1 ou Europe 1 jadis (^^), Google, You Tube, les réseaux sociaux produisentt à la fois un bien public (les informations accessibles à tous "gratuitement") et un "bien privé" (les
espaces publicitaires chèrement achetés par les grandes entreprises).

Comme on le voit avec ce jeu de société, la question est bien là-même (mais si...regardez au bas de la boite ^^)

Une révolution dans l'industrie de diffusion des contenus (épisode 1)
J'aime bien cette citation de Jacques Prévert :
"C'est vieux comme le monde la nouveauté" ^^


Prochain article: le Web 2.0, une nouvelle logique de marché.

A suivre...

Pour prolonger, on peut relire cet article de SOS...SES..."le
gratuit est-il l'avenir ?"

Allez, on se quitte avec ce jingle: The man who sold the world (comment ? vous ne voyez pas le lien avec le billet ???)


Découvrez Nirvana!

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