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Des robots humanoïdes pour mieux comprendre les humains

Publié le 04 avril 2017 par Pnordey @latelier

À quoi servent et vont servir les robots humanoïdes ? Les réponses d’un spécialiste de la question, le Dr. Hiroshi Ishiguro, roboticien et professeur à l’université d’Osaka.

Les robots sont partout. À l’école, ils évalueront l’apprentissage des élèves ou aident les enfants hospitalisés à participer aux cours. À l’hôpital, ils accompagnent les personnes âgées ou les enfants autistes. D’autres encore livrent des marchandises ou s’occupent des inventaires dans les entrepôts… Certains de ces robots remplacent les hommes dans certaines tâches et ont aussi la particularité d’avoir figure humaine. Pourquoi sont-ils si ressemblants alors que cela peut-être si dérangeant - comme le conceptualisait Masahiro Mori avec la Vallée de l’étrange ?

Un autre roboticien japonais, le Dr Hiroshi Ishiguro, professeur et directeur du Laboratoire de robotique intelligente à l’Université d’Osaka, en a fait sa spécialité. Rencontré à la Japan Factory au festival South by Southwest (SXSW) à Austin (Texas), le professeur explique pourquoi ses robots ont cette apparence humaine. « Notre objectif est de comprendre ce qu’est un humain et comment un humain agit. Les robots humanoïdes sont utilisés en psychologie et en sciences comportementales. » Apprendre à un robot à converser comme un humain - ce que font désormais les robots du Dr Ishiguro - permet de réfléchir aux tics du langage, au rôle du regard, à ces formules toutes faites utilisées pour interagir avec l’autre comme “vous avez raison mais”, “peut-être mais” etc. ou encore à la manière d’intégrer une troisième personne à une discussion. Ces robots sont donc précieux pour les chercheurs.

« On peut aussi trouver des applications pratiques pour ces robots qui ressemblent aux humains », ajoute Hiroshi Ishiguro. Et d’évoquer pêle-mêle parmi les métiers que pourraient exercer ses créations, celui de réceptionniste d’hôtel qui se doit d’être accueillant, de présentateur de journal télévisé qui pourrait travailler plus longtemps et plus tard s’il était un robot, ainsi que les professions de présentateur météo, professeur d’anglais ou encore guide dans un musée. Tous ont en commun le fait d’être des métiers de représentation où l’apparence compte. « Ces robots peuvent avoir énormément de compétences, précise le professeur. Aujourd’hui, on a démontré qu’ils pouvaient mener une discussion. Ce ne sont pas simplement des chatbots comme l’an dernier, c’est le niveau supérieur. »

« On doit encore développer le programme informatique du robot et améliorer les fonctions de reconnaissance vocale », reconnaît le Dr Ishiguro. « Ce que l’on fait pour l’instant avec les programmeurs c’est lui donner un savoir pour qu’il puisse l’utiliser dans les conversations et les débats. » Les deux robots peuvent ainsi mener une discussion sur la nourriture japonaise et comparer les ramen aux sushis, mais aussi la côte Est à la côte Ouest des États-Unis, donnant le sentiment de s’écouter parler et de rebondir aux propos de leur interlocuteur. Un progrès indéniable bien que la conversation ne soit pas encore complètement fluide.

Et quand on lui demande si le robot pourra se substituer à l’Homme dans la plupart des métiers comme le laissent à penser certaines études, le professeur n’hésite pas une seconde. « Oui bien sûr, et cela fait partie de notre histoire, la machine a toujours remplacé l’Homme dans certaines tâches. » Le Dr Ishiguro n’est pas loquace mais est persuadé d’une chose et l’exprime clairement : « un jour les frontières entre humains et robots disparaîtront ». Il contribue en tout cas à l’arrivée de ce jour avec ses robots qui ressemblent toujours plus à leurs créateurs.


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