TMCMercredi 5 avril
20 h 55.Documentaire de Guillaume Simon et Thierry Colby
Ce documentaire de près de deux heures autour de Jeff Panacloc est un pur régal car il s’en dégage une profonde humanité.Jeff Panacloc s’y livre certes avec une grande sincérité mais, ce qui nous touche le plus, c’est son extrême simplicité. Il montre beaucoup de recul vis-à-vis de l’extravagant succès qu’il connaît depuis quatre ans. Il est très loin des paillettes, de la suffisance et du star system. Il fait son boulot comme un artisan car il connaît les valeurs du travail. Cela fait partie de ses gènes, de son éducation. Pour le définir, j’ose un néologisme : Jeff Panacloc est un « startisan » !
Le reportage que nous ont concocté Guillaume Simon et Thierry Colby couvre justement les quatre années que vient de vivre le ventriloque. Les extraits de spectacles, les différentes salles, les étapes de sa tournée – y compris sa parenthèse américaine – alternent avec des retours sur son enfance, sur sa scolarité, sur ses relations parfois conflictuelles avec ses parents (c’était lorsqu’il cherchait sa voie et aussi sa voix), son éveil artistique avec l’influence importante de son père, la chanson, sa passion pour la magie jusqu’à la rencontre qui allait être déterminante, celle de David Michel et sa marionnette, Nestor le Pingouin… Tout cela est habilement mélangé, ce qui donne à la fois de la variété et du rythme à l’émission.
Avec la naissance de Jean-Marc, on suit la progression artistique et humaine de Jeff Panacloc, de ses débuts dans les cabarets parisiens à l’apothéose du 10 avril 2016 lors de sa dernière représentation au Palais des Sports en passant par l’Olympia et la tournée des Zéniths. On croise les personnes qui ont jalonné ce parcours, celles qui ont compté. Le soutien de Pascal Obispo, l’aide de Franck Dubosc, l’omniprésence professionnelle et affective de son père, l’investissement inconditionnel de son producteur, Philippe Delmas, et l’assistance chaleureuse et protectrice de son manager Michaël… Très régulièrement, son metteur en scène et ami Jarry, nous passionne par la pertinence de ses analyses. Jarry est l’incontournable pivot sur lequel Jeff peut articuler ses représentations, échanger ses idées créatrices… En fait, si tout a l’air d’aussi bien de passer dans la carrière de Jeff Panacloc c’est parce qu’il y a énormément d’amour autour de lui. Quelle force cela doit lui apporter !
Enfin, élément essentiel, pour une fois Jean-Marc passe au second plan. L’envahissant et insolent primate est carrément mis de côté au profit de son géniteur et manipulateur. C’est ce dont on avait besoin pour mieux connaître cet artiste discret. Car, ce qui m’a vraiment séduit chez Jeff Panacloc, c’est son authentique humilité. Les pieds sur terre, jamais il ne se la pète. Il constate et se réjouit légitimement de sa réussite, mais il n’en tire aucune vanité. Il a su garder intacte sa faculté d’émerveillement. Il est resté quelque part l’enfant marginalisé de Saint-Thibault des Vignes qui cherchait à se construire en dehors de l’école avec son copain Aymeric. Jeff est attachant car vrai. Il se raconte avec modestie, naturellement, sans artifice aucun. En fait, il était prédestiné. Il a tâtonné, il a travaillé (beaucoup), et puis il s’est trouvé. Pour notre plus grand plaisir. Et le sien aussi ; heureusement.Je suis convaincu que Jeff Panacloc est là pour longtemps. Il n’a pas fini de nous étonner, de nous surprendre, de nous faire rire et de nous émouvoir aussi. Rendez-vous au prochain spectacle.
Gilbert « Critikator » Jouin