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Exposition “Papiers chiffons…” Germaine Pratsevall | Fondation Vincent Van Gogh – Arles

Publié le 07 avril 2017 par Philippe Cadu

Du 7 avril au 11 juin 2017

https://www.fondation-vincentvangogh-arles.org/

Germaine Pratsevall (née en 1935) est une artiste rare, une femme de mémoire, fidèle en amitié artistique. Aussi, lorsque s'est posée la question du devenir de son oeuvre, c'est naturellement qu'elle s'est tournée vers le musée Réattu qui en 1986 lui a organisé sa première exposition institutionnelle. A l'occasion de cette exposition, l'artiste avait fait don au musée d'une des oeuvres, un grand format (124 x 42 cm) caractéristique de son travail, le papier chiffon perforé et peint.

Aujourd'hui, l'artiste propose de faire don au musée de près de 300 peintures, créées entre 1979 et 2004 (ce qui couvre toute sa période de travail de peintre). Artiste extrêmement rigoureuse, on sait qu'elle a réalisé plus de 700 peintures. Seuls quelques rares privilégiés (institutionnels ou collectionneurs privés) ont la chance de posséder l'une de ses peintures.

La donation proposée aujourd'hui est une opportunité exceptionnelle pour le musée Réattu. Germaine Pratsevall est un peintre de la couleur et surtout de la lumière. Son support de création unique est le papier chiffon, qu'elle perfore à l'aiguille pour permettre à l'air et à l'espace de pénétrer. Elle trempe ensuite la feuille dans un bac rempli de peinture, complicité avec le geste du graveur, qui passe sa plaque dans le bain d'acide, ou du photographe qui révèle son image dans le bac. Ce geste premier est essentiel, car la couleur n'est pas posée sur le papier, elle le pénètre.

On ne peut que penser à la phrase d'Yves Klein, " la couleur habite l'espace ". La feuille est ensuite mise à sécher et reprise au pinceau. La seule limite est d'ordre physique, à plusieurs reprises, l'artiste parle de cette peinture infinie qu'elle a toujours rêvée de faire en trempant un rouleau de papier (qu'elle conserve encore) dans une piscine remplie de peinture. L'eau est élément essentiel, sans eau pas de peinture...

Le travail exclusif sur papier vient de la formation de graveur de Germaine Pratsevall, mais on ne peut s'empêcher de voir en elle un peintre classique tant le format de ses oeuvres renvoie aux lés de toiles. Les marges de ces feuilles, quasiment exclusivement déchirées au couteau, donnent le " La " de l'oeuvre, elles ne sont ni bordures ni encadrement. L'inspiration première est le paysage, celui des prés de montagne où elle veut pénétrer, où elle relève l'invasion de la lumière. Le support disparaît au profit de la matière picturale.

La donation Pratsevall vient rejoindre ces fonds si particuliers des artistes venus habiter le musée. Son travail parle de peinture, de dessin, voire de sculpture. Trois fils conducteurs majeurs de la collection du musée.

Daniel Rouvier
Conservateur en Chef du Patrimoine


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