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Pavillon des lettres d'Afrique - Premiers commentaires

Par Gangoueus @lareus
J’ai l’habitude de laisser en ligne mes modestes impressions lorsque je participe à un événement. Et je dois dire qu’après avoir été absent du salon du livre de Paris l'an dernier, c’est avec un certain plaisir que je revenais à la plus grande foire du livre de France. Ce sont des moments importants pour le chroniqueur littéraire que je suis. L’occasion en un temps très court de rencontrer des acteurs du monde du livre comme le critique littéraire Bedel Baouna, dont je lis avec beaucoup d’intérêt les interventions lyriques et musclées, comme Affoh Gueneguez, passeuse de mots très active sur les réseaux sociaux, en particulier Twitter. Vanessa Lassey contributrice, sur la plateforme de l’Afrique des idées ou Maji Holly qui anime la plateforme Jamb’Art, les photographes Sam O’Selmou Keïta, Jean-Marc Zaorski, Camille Delorme qui couvrent régulièrement ce type d’événement et qui sont des mines d’or par la manière, le talent avec lequel ils relaient les événements littéraires  sur le salon du livre en général et pour beaucoup sur l’espace du Pavillon des lettres d’Afrique qui succède Stand des livres et auteurs du Bassin du Congo.
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Sous la direction remarquable d’Aminata Diop-Johnson, la première édition de ce pavillon a été parrainée par le ministre  ivoirien de la culture et de la Francophonie Maurice Bandaman. Ecrivain reconnu ayant pris le parti de publier ses livres en Côte d’Ivoire, il a été lauréat du Grand Prix littéraire d’Afrique noire. La Côte d’Ivoire très représentée par plusieurs acteurs du monde du livre dans ce pays comme les éditions FratMat, Eburnie, NEB, Les classiques ivoiriens et des auteurs comme Mahmoud Soumaré, qui a produit la série sur Les marcheurs de Bougreville
L’idée de ce pavillon scelle la démarche initiée par le Congo qui consistait à proposer une prise en

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Fawzia Zouari - copyright BBB World Services

charge par les Africains de leur présence au Salon du livre.
Il faut dire que la programmation générale et de ce vendredi 24 en particulier a été une réussite avec la remise du Prix des Cinq Continents de l’Organisation Internationale de la Francophonie par Michaëlle Jean, secrétaire générale de cette institution en présence Ségolène Royal, ministre française de l’écologie, les ministres de la culture du Cameroun, de Côte d’Ivoire, du Nigéria et de Wole Soyinka.
La lauréate tunisienne Fawzia Zouari livre un texte intimiste où elle propose un portrait de sa mère. Rapport au corps. La femme en terre tunisienne. J’ai pu mesurer le poids de ce prix littéraire par l’institution puissante qui le soutient, les comités de lecture répartis sur plusieurs continents et dont Racine Senghor a très bien souligné l'organisation et la philosophie. Quelles parts respectives recouvrent les aspects littéraire, politique ou de la géographie dans l’attribution de ce prix ? Cette question de Felwine Sarr a donné lieu à des réponses intéressantes sur les stratégies qui touchent l’attribution des prix littéraires et  nous avons eu droit à quelques secrets de délibération révélés par l'écrivaine franco-libanaise Venus Khoury-Ghata. Je note donc ce titre, Le corps de ma mère publié aux éditions Joelle Lösfeld, qui concourait avec d’autres romans tout aussi intéressants comme Vol à vif de Johary Ravaloson (Editions Dodo vole, Prix du livre insulaire 2016) ou Confidences de Max Lobe (Editions Zoé).

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Wole Soyinka - Michaelle Jean / copyright Gangoueus

Toujours à l'occasion de cette cérémonie, il me semble que l'accolade entre l'homme de lettres nigérian Wole Soyinka et la secrétaire générale de l'OIF était porteuse d'un symbole très fort entre cet homme qui incarne cette littérature nigériane dynamique puissante et qui porte au monde la parole subsaharienne et l'espace francophone qui a des choses à dire. Mais le symbole est surtout sur ces retrouvailles entre cette Afrique fracturée par l'histoire au travers des langues imposées (français, anglais, portugais) par la colonisation ou par la déportation de ses fils et ses filles par la traite Atlantique. D'une certaine manière, Michaelle Jean incarne remarquablement cette convergence nouvelle et forte quand on prend la peine de suivre son parcours si singulier.
Dans la matinée, ce vendredi 24, il m’est arrivé une drôle d’expérience. Je devais animer une rencontre avec trois auteurs, mais pour des raisons d’organisation, nous étions trois. l’Ivoirien Mahmoud Soumaré et la Sénégalaise Yacine Bodian sur le thème Nouvelles plumes, nouvelles voix. Juste avant notre intervention, on me prévint de l’intervention d’un invité surprise, Jean-Luc Mélenchon qui devait faire une allocution. Alors que Yacine Bodian avait évoqué avec beaucoup d’intelligence son regard féminin sur les pratiques d’initiation en pays diola qu’elle traite dans son roman Le bois de Bessir soulignant l’importance de ces rituels encore vivaces pour être reconnu comme un homme à part entière et que nous entamions le parcours initiatique de Makane nous avons eu droit à l’interruption surprise et attendue de ce candidat à la présidentielle française. Mouvement de foule, une nuée de jeunes et de journalistes investissent le pavillon des Lettres d'Afrique. Ils disparaitront tout aussi rapidement après l’intervention du candidat.

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DR Gangoueus

Jean-Luc Mélenchon, qui partageait la vedette dans le Salon du livre avec Emmanuel Macron, a donc choisi de s'exprimer sur la francophonie politique et l’idée intéressante d’une relecture de l’Académie française qui deviendrait l’Académie de la Francophonie. Approche qui revêt un sens particulier. D'une certaine manière elle est un pavé dans la mare du jacobinisme qui dicte la politique culturelle française avec les pays francophones. En réfléchissant, avec le recul et pour avoir écouté depuis l'homme politique français depuis, elle pourrait traduire de nouveaux rapports moins hiérarchisés dans l'espace francophone. Le chemin est encore long et les deux semaines à venir vont être déterminantes pour le candidat de la France insoumise qui semble faire un retour à la "Raquil".
Un seul réel regret. Réel. Avoir respecté quasiment à la lettre les consignes de ses communicants et ne pas avoir posé une question sur le regard qu'il porte sur la Françafrique. Ce n'était pas le lieu me diriez-vous, mais à visite surprise, question surprise... Je suis trop sage, paraît-il...

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