[Critique] FAST & FURIOUS 8
Partager la publication "[Critique] FAST & FURIOUS 8"
Titre original : The Fate Of The Furious
Note:
Origine : États-Unis/Grande-Bretagne/France/Canada/Îles Samoa
Réalisateur : F. Gary Gray
Distribution : Vin Diesel, Dwayne Johnson, Jason Statham, Michelle Rodriguez, Charlize Theron, Tyrese Gibson, Ludacris, Nathalie Emmanuel, Kurt Russell, Scott Eastwood, Helen Mirren, Elsa Pataky, Kristofer Hivju…
Genre : Action/Thriller/Suite/Saga
Date de sortie : 12 avril 2017
Le Pitch :
La famille de Dom a retrouvé une certaine tranquillité. En lune de miel à Cuba, ce dernier fait la rencontre d’une mystérieuse femme qui va le contraindre à travailler pour elle et à trahir les siens. Bouleversée, Letty doit bien se rendre à l’évidence : Dom travaille désormais pour une organisation dont le seul but semble être de semer le chaos dans le monde. C’est alors qu’elle se retrouve aux côtés de Hobbs et de tous les autres membres de son groupe pour tenter de retrouver Dom et d’essayer de comprendre, tout en faisant le nécessaire pour mettre un terme à une menace qui se fait de plus en plus pesante…
La Critique de Fast & Furious 8 :
Avant, Fast & Furious, c’était quand même bien naze. Une espèce de truc hyper excluant pour quiconque n’aime pas le tunning, les voitures ultra laides modifiées à outrance qui vont très vite, et les histoires pas originales du tout qui parlent surtout de mecs dont l’existence tourne autour de quatre roues et d’un moteur gonflé à la nitro. Mais ça c’était avant comme dirait l’autre. Quand Dwayne Johnson s’est pointé, à l’occasion du cinquième volet, qui mettait beaucoup plus l’accent sur l’action, Fast & Furious, c’est devenu génial. L’équilibre s’en est trouvé modifié. Vin Diesel n’était plus la seule armoire à glace dans le poulailler. Et puis le septième volet a invité à la fête Jason Statham. Et Kurt Russell ! Là, c’est devenu encore mieux. Un vrai festival jubilatoire. De quoi mettre encore un peu plus les bagnoles fluo rabaissées de côté et appuyer un peu plus sur le champignon pour foncer vers une action totalement décomplexée. Le 8 pour sa part, rameute Charlize Theron et Helen Mirren. Un peu de grâce et de classe dans ce monde de brutes. Statham, Johnson et Russell sont toujours là. Oh, et il y a Scott Eastwood en plus. Le fils de vous savez qui (devrait-on dire le clone ?). Encore mieux ! Quel bonheur de cinéphile déviant ! Car voyez-vous, quand on va voir un truc qui s’appelle Fast & Furious 8, et qu’on s’est déjà bien amusé devant les précédents, on sait quand même à quoi s’attendre. On veut du rapide et du furieux ! Des bastons pas réalistes du tout, des sous-marins qui poursuivent des bagnoles et plein de trucs marrants. Tout ce que nous donne ce nouvel épisode qui s’avère aussi parfaitement jouissif que prévu !
Notre belle famille
Dans celui-là, ce bon vieux veau gavé aux hormones de Dom Toretto est obligé de trahir les siens. L’affiche nous rappelle d’ailleurs qu’on n’est trahi que par les siens. Merci c’est gentil. Et l’eau froide n’est pas chaude c’est ça ? Bref, c’est après une introduction dont le seul but est de faire plaisir aux nostalgiques des premiers volets (des nanas à moitié à poil, une course de voitures, des mecs qui se mesurent la bite en tenant un volant, etc), mais néanmoins inexplicablement tendue et on ne peut plus spectaculaire, que l’histoire commence vraiment. La famille de Dom éclate et se met à le courser un peu partout dans le monde. Avec ces braves bourrins on voit du pays au moins. Comme avec les Expendables sauf qu’ici, c’est le bling bling qui prime toujours. La musique de merde résonne à fond les ballons et tout le monde est content. Enfin surtout quand l’action prend le dessus. Surtout quand Dwayne Johnson fait son entrée et qu’il se retrouve en taule pour aller se fritter avec Jason Statham, qui n’est plus si méchant que dans le volet précédent mais toujours aussi balèze quand il s’agit de péter les dents à son prochain. Qu’est ce que c’est bon ! La baston dans la prison, qu’on voit un peu dans la bande-annonce, est fabuleuse. Celui qu’on appelait jadis The Rock se transforme en char d’assaut humain et devient, avec le Stath’, le héros d’un passage très cartoon où la gravité n’a plus lieu d’être pour ceux qui se reçoivent les coups et volent dans les airs pour aller s’écraser contre des murs qui ne tardent pas à se fissurer. Un grand moment de cinéma que F. Gary Gray filme avec une nervosité heureusement pas vraiment synonyme de caméra qui bouge dans tous les sens. Le réalisateur justement, n’est peut-être pas aussi inspiré que Justin Lin, mais il fait le job et il en a sous la pédale. Son action est lisible, qu’il s’agisse de types en train de s’avoiner la tronche ou de voitures qui font la course sur la banquise. Il assure. Sans trop de génie mais avec une énergie bienvenue. Bref, si vous voulez du show, vous êtes au bon endroit.
Flatter les bas instincts
De remake un peu pourri de Point Break avec des caisses tunnées à la place des surfs, Fast & Furious s’est transformé en sorte d’hybride entre James Bond et Braquage à l’Italienne. Le tout méchamment boosté. Ce qu’on veut à chaque nouvel épisode, c’est encore plus de tout. Que les limites soient repoussées un peu plus loin. C’est ce que Fast & Furious 8 nous propose et tant que ça sera comme ça, ils pourront bien en faire 35 que ça sera toujours aussi bon. Le film est long (plus de 2h) mais ce n’est pas grave car la rythmique ne se pose jamais vraiment. Quand il n’y a pas d’action, on sent qu’elle n’est pas loin et les punchlines débiles et/ou très drôles se chargent de maintenir l’attention à son summum. Chacun tient son rôle et tous le font très bien. Même Helen Mirren, qui semble prendre beaucoup de plaisir dans un monde qui n’est pas du tout le sien, tandis que Charlize Theron nous l’a joue badass monolithique. Punaise, même Vin Diesel est meilleur que d’habitude dans son rôle de chef d’une famille déviante. Plus sombre, plus concerné, plus nuancé. Ce n’est pas encore Pacino mais force est de reconnaître qu’il a fait un effort. De quoi nous rappeler que quand il veut, il peut être bon le Diesel. On le savait en ce qui concerne les films d’auteur qu’il a pu faire (Jugez-moi coupable notamment) mais moins pour ce qui est des blockbusters bâtis sur sa musculature et sa propension à en faire des caisses. Bon et toujours touchant quand il évoque plus ou moins directement le regretté Paul Walker, dont l’ombre plane en permanence.
Mais bon, pour autant, c’est quand même vachement du duo formé par Statham et Johnson que Fast & Furious 8 tire sa force. Les deux sont formidables. Johnson fait du Johnson et se retrouve au centre de quelques-unes des meilleures scènes et Statham injecte beaucoup de second degré dans son personnage qui se transforme alors pour le meilleur. Alors oui avant il était méchant et maintenant beaucoup moins, mais si on commence à vouloir que tout ce bordel soit logique, on ne va pas s’en sortir. On le répète : ici, c’est du rapide et du furieux et pas un drame policier à la Scorsese. Faut pas se tromper d’étiquette.
It’s raining cars
Enchaînement parfois à proprement parler hallucinant de séquences complètement folles, Fast & Furious 8 fait vraiment plaisir. Les voitures pleuvent dans une scène se déroulant à New York et oui, c’est visuellement incroyable. Un déchaînement de pyrotechnie assortie d’un monumental shoot d’adrénaline. Des cascades de barjots, de l’exotisme et un scénario qui essaye un peu vainement de donner du sens, en tablant sur une cyber-terroriste bien méchante (Charlize) et en jouant sur des implications un peu nébuleuses mais suffisantes pour donner du corps à une intrigue qui finit par se résumer au fait que Diesel a trahi les siens. Sans oublier ce second degré. Après 4 premiers volets aux fraises dont l’un des principaux torts étaient de se prendre bien trop au sérieux, la saga a compris que son salut se trouvait dans un puissant second degré. Et si le 5 était assez sobre finalement, maintenant, c’est la fête. On est presque dans le domaine du cartoon et des stéréotypes sur pattes. La beaufitude est toujours là mais assaisonnée à un humour salvateur, pas toujours drôle mais néanmoins responsable d’une prise de distance qui permet de faire du long-métrage un divertissement savoureux et toujours extrêmement spectaculaire.
En Bref…
La saga Fast & Furious continue sur sa lancée et illustre plus que jamais l’adage qui affirme que plus c’est con et plus c’est bon. Le film a parfaitement pigé qu’au bout d’un moment, si on ne s’imposait pas de limites et qu’on ne se prenait pas trop au sérieux (Diesel est le seul qui se prend un peu au sérieux), une enfilade de trucs bien cons et parfaitement outranciers pouvait s’avérer excellente. Incroyablement spectaculaire, ce huitième épisode fait plus que livrer le minimum syndical. Il donne tout ce qu’il nous a promis et même un peu plus. Avec une générosité exemplaire et sans retenue aucune. Il y a du beau gosse, des filles canons, du charisme, des muscles et des explosions. Le summum étant atteint à la fin, quand le sous-marin fait son apparition.
Fast & Furious 8 ? Un pur délire complètement absurde qui a le bon goût de se moquer du bon goût justement et de tracer sa route.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Universal Pictures France