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[fanfiction Harry Potter] Antje #16

Par Artemissia Gold @SongeD1NuitDete

Bonne lecture à tous. Le prochain chapitre sera mis en ligne dans 15 jours, à savoir vendredi 28 avril, pour cause de vacances de l'auteur.

Chapitre 16

House of the rising sun

[fanfiction Harry Potter] Antje #16

La Saint-Valentin, cette année-là, eut lieu un samedi. C’était le premier week-end de sortie à Pré-au-Lard de l’année civile et la veille de la pleine lune. De fait, je préférai, une fois n’étant pas coutume, rester tranquillement au château. Le village serait pris d’assaut par des couples plus ou moins éphémères d’élèves énamourés et je n’avais pas envie de voir ça. Les séances publiques de bécotage me donnaient vraiment la nausée et je ne comprenais pas que les gens puissent faire ça, malgré le proverbe qui disait que les amoureux étaient seuls au monde. James et Peter partageaient mon avis à ce sujet et Remus semblait penser que nous devrions être un peu plus indulgents avec nos congénaires. J’aurais bien voulu l’y voir. S’il avait eu une petite amie, lui, l’aurait-il embrassée devant tout le monde ? J’en doutais vraiment.

Quoiqu’il en soit, je fus content de ma journée. Ainsi que je l’avais deviné, j’avais trouvé dans le magazine « emprunté » à Ornella Kowalski un bon de commande pour acheter un nouveau flacon de parfum à Antje. Elle rougit jusqu’aux oreilles quand je lui donnai le petit paquet et avoua d’un air honteux ne rien m’avoir offert. Je n’en fis pas grand cas. Dans le fond, ce n’était pas très important. Après avoir expédié mes devoirs du week-end, je passai le reste du temps avec elle dans une classe vide. Je savais que les copains ne m’en voudraient pas, et puis nous aurions tout notre temps le soir venu pour mettre au point notre expédition spéciale « pleine lune ». De toute façon, j’oubliai les métamorphoses de Remus dès que je me retrouvai seul avec Antje. Pour la première fois, des pensées un peu embarrassantes la concernant me traversèrent l’esprit mais je m’efforçai de tout occulter. Ça n’était pas convenable et… de telles idées manquèrent de froisser ma propre pudeur. Un comble.

oOØOo

Le lendemain de la pleine lune fut difficile. Pour la première fois depuis que nous étions devenus des Animagi, nous commencions la semaine par une nuit blanche. Tout en bâillant tout ce que je savais, j’espérai que ça ne se reproduirait pas trop souvent même si je n’y pouvais pas grand-chose. Antje semblait préoccupée. Elle avait beau savoir en partie de quoi il en retournait, elle nous jetait des regards en coin que James et Peter, comme à leur habitude, avaient choisi d’ignorer. Néanmoins, tandis qu’elle couvrait sa tartine d’une épaisse couche de marmelade, elle me glissa :

« J’ai croisé Rogue hier soir en revenant de la bibliothèque. Il m’a harcelée pour savoir où vous étiez passés. »

Je fronçai les sourcils et James, qui avait tout entendu, reposa sa tasse de café.

« Il t’a fait des misères ? demandai-je.

— Non, répondit Antje. Il pensait que j’étais au courant de quelque chose. Je n’allais certainement rien lui dire. De toute façon, je sais bien que vous ne me dites pas tout.

— Et qu’est-ce que tu lui as répondu ?

— Que vous ne partagiez pas tout avec moi et que… s’il me jetait un sort, ça finirait par arriver aux oreilles de Lily. Alors il a dit que dans ce cas, je ne vous servais que de faire-valoir, et il est parti en marmonnant quelque chose sur vos capacités à fiche le boxon partout où vous allez et qu’il était sûr que vous mijotiez quelque chose qui vous vaudrait le renvoi. »

Je ne sus pas trop quoi penser. D’un côté, j’admirais la présence d’esprit d’Antje qui avait utilisé Evans comme argument pour que le vieux Servilus la laisse tranquille. D’après ce que je savais, la préfète avait de plus en plus de difficultés à tolérer que son copinou fasse du mal aux élèves d’ascendance moldue et fréquente d’apprentis Mangemorts. Dans le même temps, j’étais exaspéré que ce cafard cherche à nous faire renvoyer. Il ferait mieux de s’occuper de ses affaires.

James secoua la tête en disant :

« Ce n’est qu’une question de temps avant qu’Evans ne comprenne pour de bon que c’est un gros nul. »

L’étincelle d’espoir que je crus voir dans son regard me fit sourire.

« D’ici à ce qu’elle s’intéresse à toi, plaisantai-je en lui donnant un coup de coude, il y a un monde.

— Tout est possible, répliqua mon meilleur ami. Après tout, c’est pas toi qui as dit un jour que tu ne tomberais jamais amoureux de ta vie ? Regarde où tu en es maintenant. »

À mes côtés, Antje s’empourpra et je donnais un nouveau coup de coude — à peine plus douloureux — à James qui grimaça.

« Crétin, grognai-je.

— De toute façon, reprit mon pote en se massant les côtes, le vieux Servilus ne devinera jamais le fond du problème parce qu’il est trop bête pour ça. Et puis tôt ou tard, il se lassera d’essayer de nous faire virer. On est trop forts pour lui. »

Je vis bien qu’Antje était sceptique mais je ne fis aucun commentaire. Elle avait ses raisons de se méfier de Rogue et de ses capacités de nuisance mais elle finirait bien par comprendre que ce n’était qu’un minable auquel il ne fallait pas accorder une importance superflue.

oOØOo

Plusieurs semaines se passèrent ensuite sans incident notable. Les jours se ressemblaient plus ou moins. Heures de cours, devoirs, plaisanteries plus ou moins innocentes, retenues, moments passés dans les coins en compagnie d’Antje. Nous avions remarqué que Rogue s’était mis à nous espionner autant qu’il le pouvait mais nous étions prudents. Il ne pouvait rien savoir. En un sens, le voir nous tourner autour en vain était assez rigolo, d’autant qu’il semblait croire, parfois, que sa présence balourde échappait à notre vigilence. Quel plouc.

Je me prenais à penser que l’année scolaire se terminerait en douceur, et ce malgré les BUSE, quand un détail que j’avais malencontreusement oublié refit surface. Antje ne m’avait pour ainsi dire plus parlé de la maladie de sa mère depuis un bon moment, si ce n’était pour me dire que son état était stationnaire. Malheureusement, sa santé se dégrada soudain. Un matin, mon amie apprit dans une lettre adressée par son père que sa mère avait, suite à un malaise, sombré dans le coma. Les médecins moldus espéraient apparemment l’en faire sortir sans y croire vraiment. Je me sentis honteux de ne pas arriver à la soutenir comme j’aurais dû le faire. Les mots me semblaient inutiles, creux, et je ne pouvais que la laisser pleurer de temps en temps sur mon épaule et lui assurer ma présence, comme si ça pouvait changer quelque chose. Elle m’avoua cependant que mon soutien lui faisait du bien. « Je ne sais pas comment j’aurais pris les choses si j’avais été aussi seule qu’avant », me dit-elle. Je me pris donc à penser que je n’étais peut-être pas aussi inutile que ça, finalement. Peut-être, quand viendrait le moment tant redouté, ce serait moins difficile pour elle si j’étais à ses côtés.

Cependant, j’étais loin de croire à ce moment-là que rien ne se passerait comme prévu.

oOØOo

Le mois d’avril arriva avec, en milieu de mois, la pleine lune. Les journées étant de plus en plus longues, nous ne rejoignions la Cabane Hurlante que bien après le repas du soir. Les nuits d’hiver, où Remus devait manquer les derniers cours de l’après-midi à cause des premiers symptômes, étaient loin. Par ailleurs, il faisait doux en ce début de printemps et il nous serait plus agréable de nous promener dans le parc, nos formes animales ne nous préservant pas des frimas. En résumé, j’avais hâte de voir s’assombrir le ciel et de retrouver mes copains pour ces aventures si particulières et secrètes.

Toutefois, avant de quitter le château, je m’accordai un peu de temps avec Antje. Je ne lui avais toujours pas révélé que James, Peter et moi étions devenus des Animagi et, quand survenaient les pleines lunes, je lui disais que je préférais rester seul avec mes potes à attendre que la nuit se passe. Je la savais un peu attristée de cet état de fait mais elle faisait avec et je n’étais pas encore prêt à tout lui raconter. Quoiqu’il en soit, au vu des mauvaises nouvelles de sa famille, je ne pouvais me résoudre à la laisser seule trop longtemps, aussi je passai une heure avec elle dans une classe vide avant d’aller rejoindre mes amis devant la Cabane Hurlante où Remus avait déjà commencé sa métamorphose. Après ce petit intermède, je raccompagnai Antje jusqu’au dortoir des filles et, quand elle fut montée se coucher, je quittai à nouveau la tour de Gryffondor pour quitter le château en catimini.

Je ne m’attendais pas à tomber sur Rogue.

Il se tenait appuyé contre un mur, près d’une des nombreuses sorties donnant sur le parc. Sa pose se voulait nonchalente mais il avait surtout l’air d’un tas de chiffons surmonté de cheveux gras et d’un gros nez. Sa robe de l’école, trop grande, pendait misérablement sur ses épaules trop étroites et, au-dessus du fameux tarin énorme, ses petits yeux noirs me dévisageaient avec une expression fourbe.

« Je savais que toi ou un de tes potes finirait bien par débarquer, dit-il. Toujours en train de bafouer les règlements, pas vrai, Black ? T’es sensé rester à l’intérieur à cette heure-ci.

— Et toi, Servilus, répliquai-je, qu’est-ce que tu fous là ? Pourquoi t’es pas dans tes cachots crasseux avec tes copinous à rêver de l’ascension de Lord Voldemort ? »

Je ne prononçais pas souvent ce nom parce qu’il faisait peur aux gens. En ce qui me concernait, je ne voyais pas l’intérêt de craindre ce qui, de toute évidence, n’était qu’un pseudonyme, mais j’évitais de parler en public de ce connard répugnant et de citer son nom parce que provoquer des regards terrifiés n’était même pas drôle. Quoiqu’il en soit, Rogue marqua le coup et plissa encore plus les yeux jusqu’à ce qu’ils ne ressemblent plus qu’à deux fentes :

« Tu ne sais pas de quoi tu parles, Black, dit-il. De toute façon, tu deviendras un hors-la-loi à un moment ou à un autre à cause de ton attitude lamentable.

— Va te faire foutre, répondis-je, les dents serrées. Et dégage, j’ai à faire.

— Ah oui, et tu dois faire quoi ? Rejoindre ton pote Lupin que j’ai vu passer dans le parc avec l’infirmière ? Qu’est-ce que vous trafiquez, tous autant que vous êtes ? »

Je déglutis péniblement. Finalement, à force de nous tourner autour, ce cafard n’était plus si loin de la vérité… Je ne sus trop quoi lui répondre sur l’instant, tout en sachant bien qu’il ne me laisserait pas tranquille si je gardais le silence ou si je lui racontais n’importe quoi…

… mais d’ailleurs, une demi-vérité ne relèverait-elle pas du n’importe quoi, finalement ?

« Ce que je fais de mes soirées ne te regarde pas, dis-je. Quant à Remus, il… s’intéresse de très près au Saule Cogneur. Si tu veux, tu n’as qu’à aller voir et à appuyer sur la plus grosse des racines. Bonne soirée. »

Je le plantai là en rigolant intérieurement de son regard médusé. À mon avis, il penserait que je l’ai pris pour un con et jamais il ne s’approcherait du Saule. Le coup de la racine qui l’immobilisait était trop farfelu et d’ailleurs, James, Peter et moi avions eu peine à y croire quand Remus nous en avait parlé la première fois. Il avait fallu qu’il nous montre le principe pour accepter la réalité de la chose.

oOØOo

Dans le parc, je déambulai un moment, le temps de respirer l’air nocturne. Une odeur de fleurs printanières embaumait l’atmosphère et me rappelait le parfum d’Antje, celui que je lui avais offert. L’idée me fit sourire et j’inspirai profondément en espérant qu’elle avait trouvé le sommeil, là-bas, dans son dortoir, et que sa nuit ne serait pas peuplée de mauvais rêves. Je rejoignis ensuite le Saule Cogneur d’un pas tranquille. Peut-être étais-je un peu en retard mais mes amis ne m’en tiendraient pas rigueur. Je leur raconterais la blague que je venais de faire à Rogue. Peter prendrait sans doute peur puisque j’avais en partie révélé la vérité mais James trouverait ça très drôle. J’avais joliment flirté avec le danger cette fois-là mais ça faisait partie du piment de l’existence et j’estimais encore ne pas avoir couru un grand risque.

Idiot que j’étais.

Arrivé devant l’arbre, je fus surpris de ne trouver personne. James et Peter avaient promis de m’attendre pourtant, que s’était-il passé ? Les yeux plissés, je scrutai la nuit, m’attendant à les voir arriver tandis que le Saule bruissait à côté de moi. Comme personne ne venait, je cherchai la branche morte dont Madame Pomfresh se servait pour appuyer sur la racine. Elle la cachait toujours au même endroit, au pied d’un buisson à proximité. Je soulevai les feuillages, furetai à tâtons sans rien trouver.

M’étais-je trompé de buisson ?

Soudain, derrière moi, le Saule Cogneur cessa de s’agiter. Je n’entendis plus que le vent dans ses feuilles. Je me retournai et le vis, immobile, ses branches dressées, comme pour libérer le passage secret vers la Cabane Hurlante.

L’inquiétude me tordit soudainement les entrailles. Je sortis ma baguette magique de ma poche et la serrai entre mes doigts. Rien, dans cette situation, n’était normal : mes amis absents, la branche servant à immobiliser le Saule disparue, le passage secret qui se libérait de l’intérieur…

Ce qui se passa l’instant d’après me pétrifia. Deux personnes, la première soutenant la deuxième, sortirent de sous l’arbre. Il s’agissait de James et de… putain de merde… de Rogue.

Je compris immédiatement ce qui s’était passé. Ce cafard de Servilus avait eu la bêtise de me croire. Il avait suivi à la lettre ce que je lui avais dit et je n’eus pas à attendre le récit de James, entrecoupé d’injures à mon égard, pour comprendre qu’il avait vu Remus sous sa forme de loup. Apparemment, Rogue avait rejoint le Saule Cogneur au pas de course, pressé de vérifier mes dires. Là, il était tombé sur James et Peter et mon meilleur ami l’avait poursuivi dans le passage secret pour l’en ramener… trop tard. Deviner que j’étais à l’origine de la plaisanterie n’avait pas été difficile pour mes deux copains.

D’une bourrade, Rogue écarta le bras de James qui le soutenait par les épaules. Il me regarda comme un cobra prêt à fondre sur sa proie :

« Assassin ! siffla-t-il. Tu viens d’essayer de me tuer ! Je vais le répéter au directeur ! Ce monstre de Lupin sera viré, toi aussi, et Potter et Pettigrow aussi, vous l’aurez pas volé ! »

Sur ces mots, dont les derniers furent prononcés dans un feulement rauque, il détala en direction du château.

Je lâchai ma baguette magique et tombai assis par terre.

« Merde », grognai-je en arrachant fébrilement des brins d’herbe. Même sans le voir, je sentais le regard de James fixé sur moi.

« Oui, merde, dit-il froidement. Qu’est-ce qui t’a pris, abruti ? Tu risques de te faire virer ! Et si jamais le problème de Remus devait se savoir, il ne pourrait pas terminer ses études ! Les autres parents deviendraient fous furieux, le conseil d’administration aussi, et Dumbledore serait obligé de le renvoyer !

— …

— Je te préviens, Sirius. Si jamais ça devait se produire, je ne t’adresserai plus jamais la parole. Maintenant, amène-toi. On retourne au château. Peter doit nous y attendre, il a détalé dès que Servilus a débarqué. »

Je me levai et constatai qu’à présent, mon meilleur ami évitait mon regard. Une boule de douleur me coinça la gorge mais après tout, je ne l’avais pas volé.

Nous regagnâmes l’école dans un silence de mort. Je fus presque surpris, en pénétrant dans la salle commune de Gryffondor, de constater que tout y était normal. Les élèves qui s’y trouvaient travaillaient, jouaient aux cartes, discutaient dans leur coin… nous montâmes directement dans le dortoir. James ne m’accorda pas un mot ni un regard. Peter, blotti comme à son habitude sous ses couvertures, dormait… ou faisait semblant.

Je ne dormis pas beaucoup cette nuit-là.

oOØOo

McGonagall me sauta dessus dès le lendemain matin. Elle était en poste devant l’escalier menant aux dortoirs des garçons, comme si elle m’attendait. Elle posa sur moi un regard qui aurait congelé un désert et m’emmena dans le bureau de Dumbledore, après avoir renvoyé les curieux à leurs affaires d’un ton sec. James ne me parlait toujours pas et Peter semblait très malheureux. Je suivis ma directrice de maison dans les couloirs en pensant bêtement que je n’avais pas eu le temps d’embrasser Antje et que si jamais j’étais renvoyé, je la laisserais tomber et que je romprais de fait la promesse que je lui avais faite.

J’étais vraiment un con. Et en plus, tout était la faute de Rogue. Ce cafard allait me le payer cher, d’une façon ou d’une autre.

Quoiqu’il en soit, je n’en menais pas large en pénétrant dans le bureau directorial. Je regardai sans les voir les innombrables bibelots qui encombraient la pièce circulaire, attendant comme un couperet la sentance qui ne manquerait pas de tomber.

« Je suis profondément déçu. »

La voix lasse du professeur Dumbledore me força à me tourner vers lui. J’avais éprouvé, depuis ce qui s’était passé dans la Cabane Hurlante, un mélange de malaise, de tristesse et de colère. En croisant le regard du vieux directeur, la honte prit le dessus. Ce sentiment était tellement fort qu’il me suffoqua. Bêtement, je me dandinai d’un pied sur l’autre sans savoir quoi dire.

« Vous êtes un garçon brillant, dit Dumbledore. Vous étiez promis, malgré vos innombrables sottises, à un bel avenir si vous aviez accepté de grandir un peu. Malheureusement, votre petite plaisanterie d’hier soir a failli causer la mort d’un élève. »

Je baissai à nouveau les yeux sur le parquet. L’annonce de mon renvoi de Poudlard n’était plus qu’une question de secondes.

« Il est difficile de trouver une sanction adéquate compte tenu des circonstances, reprit le directeur. En temps normal, vous devriez être en route pour retourner chez vos parents mais il est hors de question que votre stupidité ait des répercussions sur l’avenir de Mr. Lupin. J’ai donc fait promettre au jeune Mr. Rogue de se taire et de ne rien dire sur ce qui s’est produit la nuit dernière. En conséquence, je ne peux pas vous renvoyer sans que cela soulève de questions. »

Je dus retenir un soupir de soulagement. Je ne serais pas renvoyé et Remus n’aurait pas à interrompre ses études.

« Cela dit, il va vous falloir assumer vos actes. Jusqu’à nouvel ordre, vous serez isolé de vos camarades. Vous ferez vos devoirs seul sous la surveillance d’un professeur. Vous serez mis en retenue tous les soirs jusqu’à vingt-deux heures, ainsi que tous les week-ends. Vous ne pourrez fréquenter vos amis qu’en classe, où vous feriez mieux d’être le plus discret possible, ainsi qu’à l’heure des repas et dans les dortoirs où vous serez sommé de vous rendre sitôt vos retenues terminées. Par ailleurs, je me dois d’avertir vos parents de ce qui s’est passé. »

Je déglutis péniblement. Si Dumbledore écrivait à ma mère et lui disait toute la vérité, elle ferait un véritable scandale. Elle avertirait tous les gens qu’elle connaissait et m’enverrait une Beuglante particulièrement salée qui risquerait de faire un foin du diable. Je levai les yeux et, malgré moi, lançai un regard apeuré au vieux directeur qui eut un drôle de sourire tordu.

« Je ferai en sorte que votre mère garde elle aussi le silence, dit-il comme s’il avait lu dans mes pensées. À présent, allez déjeuner. Votre sanction démarre dès maintenant. »

En silence, je quittai la pièce et descendis dans la Grande Salle.

Certes, je n’étais pas renvoyé. Certes, ma connerie n’aurait pas de répercussion sur Remus. Cependant… j’avais à subir la pire des punitions. Même l’expulsion n’était rien à côté de la perspective d’être privé de mes amis. Et puis il y avait Antje. Je lui avais promis d’être à ses côtés tandis que sa mère se mourait lentement… et je ne pouvais plus honorer cette promesse. Je l’avais en quelque sorte abandonnée parce que j’étais un imbécile incapable de réfléchir aux conséquences de mes actes.

Je voyais trouble en poussant la porte du réfectoire. Il me fallut un instant pour comprendre que j’avais les larmes aux yeux.

Bonne lecture à tous. Le prochain chapitre sera mis en ligne dans 15 jours, à savoir vendredi 28 avril, pour cause de vacances de l'auteur.

Chapitre 16

House of the rising sun

[fanfiction Harry Potter] Antje #16

La Saint-Valentin, cette année-là, eut lieu un samedi. C’était le premier week-end de sortie à Pré-au-Lard de l’année civile et la veille de la pleine lune. De fait, je préférai, une fois n’étant pas coutume, rester tranquillement au château. Le village serait pris d’assaut par des couples plus ou moins éphémères d’élèves énamourés et je n’avais pas envie de voir ça. Les séances publiques de bécotage me donnaient vraiment la nausée et je ne comprenais pas que les gens puissent faire ça, malgré le proverbe qui disait que les amoureux étaient seuls au monde. James et Peter partageaient mon avis à ce sujet et Remus semblait penser que nous devrions être un peu plus indulgents avec nos congénaires. J’aurais bien voulu l’y voir. S’il avait eu une petite amie, lui, l’aurait-il embrassée devant tout le monde ? J’en doutais vraiment.

Quoiqu’il en soit, je fus content de ma journée. Ainsi que je l’avais deviné, j’avais trouvé dans le magazine « emprunté » à Ornella Kowalski un bon de commande pour acheter un nouveau flacon de parfum à Antje. Elle rougit jusqu’aux oreilles quand je lui donnai le petit paquet et avoua d’un air honteux ne rien m’avoir offert. Je n’en fis pas grand cas. Dans le fond, ce n’était pas très important. Après avoir expédié mes devoirs du week-end, je passai le reste du temps avec elle dans une classe vide. Je savais que les copains ne m’en voudraient pas, et puis nous aurions tout notre temps le soir venu pour mettre au point notre expédition spéciale « pleine lune ». De toute façon, j’oubliai les métamorphoses de Remus dès que je me retrouvai seul avec Antje. Pour la première fois, des pensées un peu embarrassantes la concernant me traversèrent l’esprit mais je m’efforçai de tout occulter. Ça n’était pas convenable et… de telles idées manquèrent de froisser ma propre pudeur. Un comble.

oOØOo

Le lendemain de la pleine lune fut difficile. Pour la première fois depuis que nous étions devenus des Animagi, nous commencions la semaine par une nuit blanche. Tout en bâillant tout ce que je savais, j’espérai que ça ne se reproduirait pas trop souvent même si je n’y pouvais pas grand-chose. Antje semblait préoccupée. Elle avait beau savoir en partie de quoi il en retournait, elle nous jetait des regards en coin que James et Peter, comme à leur habitude, avaient choisi d’ignorer. Néanmoins, tandis qu’elle couvrait sa tartine d’une épaisse couche de marmelade, elle me glissa :

« J’ai croisé Rogue hier soir en revenant de la bibliothèque. Il m’a harcelée pour savoir où vous étiez passés. »

Je fronçai les sourcils et James, qui avait tout entendu, reposa sa tasse de café.

« Il t’a fait des misères ? demandai-je.

— Non, répondit Antje. Il pensait que j’étais au courant de quelque chose. Je n’allais certainement rien lui dire. De toute façon, je sais bien que vous ne me dites pas tout.

— Et qu’est-ce que tu lui as répondu ?

— Que vous ne partagiez pas tout avec moi et que… s’il me jetait un sort, ça finirait par arriver aux oreilles de Lily. Alors il a dit que dans ce cas, je ne vous servais que de faire-valoir, et il est parti en marmonnant quelque chose sur vos capacités à fiche le boxon partout où vous allez et qu’il était sûr que vous mijotiez quelque chose qui vous vaudrait le renvoi. »

Je ne sus pas trop quoi penser. D’un côté, j’admirais la présence d’esprit d’Antje qui avait utilisé Evans comme argument pour que le vieux Servilus la laisse tranquille. D’après ce que je savais, la préfète avait de plus en plus de difficultés à tolérer que son copinou fasse du mal aux élèves d’ascendance moldue et fréquente d’apprentis Mangemorts. Dans le même temps, j’étais exaspéré que ce cafard cherche à nous faire renvoyer. Il ferait mieux de s’occuper de ses affaires.

James secoua la tête en disant :

« Ce n’est qu’une question de temps avant qu’Evans ne comprenne pour de bon que c’est un gros nul. »

L’étincelle d’espoir que je crus voir dans son regard me fit sourire.

« D’ici à ce qu’elle s’intéresse à toi, plaisantai-je en lui donnant un coup de coude, il y a un monde.

— Tout est possible, répliqua mon meilleur ami. Après tout, c’est pas toi qui as dit un jour que tu ne tomberais jamais amoureux de ta vie ? Regarde où tu en es maintenant. »

À mes côtés, Antje s’empourpra et je donnais un nouveau coup de coude — à peine plus douloureux — à James qui grimaça.

« Crétin, grognai-je.

— De toute façon, reprit mon pote en se massant les côtes, le vieux Servilus ne devinera jamais le fond du problème parce qu’il est trop bête pour ça. Et puis tôt ou tard, il se lassera d’essayer de nous faire virer. On est trop forts pour lui. »

Je vis bien qu’Antje était sceptique mais je ne fis aucun commentaire. Elle avait ses raisons de se méfier de Rogue et de ses capacités de nuisance mais elle finirait bien par comprendre que ce n’était qu’un minable auquel il ne fallait pas accorder une importance superflue.

oOØOo

Plusieurs semaines se passèrent ensuite sans incident notable. Les jours se ressemblaient plus ou moins. Heures de cours, devoirs, plaisanteries plus ou moins innocentes, retenues, moments passés dans les coins en compagnie d’Antje. Nous avions remarqué que Rogue s’était mis à nous espionner autant qu’il le pouvait mais nous étions prudents. Il ne pouvait rien savoir. En un sens, le voir nous tourner autour en vain était assez rigolo, d’autant qu’il semblait croire, parfois, que sa présence balourde échappait à notre vigilence. Quel plouc.

Je me prenais à penser que l’année scolaire se terminerait en douceur, et ce malgré les BUSE, quand un détail que j’avais malencontreusement oublié refit surface. Antje ne m’avait pour ainsi dire plus parlé de la maladie de sa mère depuis un bon moment, si ce n’était pour me dire que son état était stationnaire. Malheureusement, sa santé se dégrada soudain. Un matin, mon amie apprit dans une lettre adressée par son père que sa mère avait, suite à un malaise, sombré dans le coma. Les médecins moldus espéraient apparemment l’en faire sortir sans y croire vraiment. Je me sentis honteux de ne pas arriver à la soutenir comme j’aurais dû le faire. Les mots me semblaient inutiles, creux, et je ne pouvais que la laisser pleurer de temps en temps sur mon épaule et lui assurer ma présence, comme si ça pouvait changer quelque chose. Elle m’avoua cependant que mon soutien lui faisait du bien. « Je ne sais pas comment j’aurais pris les choses si j’avais été aussi seule qu’avant », me dit-elle. Je me pris donc à penser que je n’étais peut-être pas aussi inutile que ça, finalement. Peut-être, quand viendrait le moment tant redouté, ce serait moins difficile pour elle si j’étais à ses côtés.

Cependant, j’étais loin de croire à ce moment-là que rien ne se passerait comme prévu.

oOØOo

Le mois d’avril arriva avec, en milieu de mois, la pleine lune. Les journées étant de plus en plus longues, nous ne rejoignions la Cabane Hurlante que bien après le repas du soir. Les nuits d’hiver, où Remus devait manquer les derniers cours de l’après-midi à cause des premiers symptômes, étaient loin. Par ailleurs, il faisait doux en ce début de printemps et il nous serait plus agréable de nous promener dans le parc, nos formes animales ne nous préservant pas des frimas. En résumé, j’avais hâte de voir s’assombrir le ciel et de retrouver mes copains pour ces aventures si particulières et secrètes.

Toutefois, avant de quitter le château, je m’accordai un peu de temps avec Antje. Je ne lui avais toujours pas révélé que James, Peter et moi étions devenus des Animagi et, quand survenaient les pleines lunes, je lui disais que je préférais rester seul avec mes potes à attendre que la nuit se passe. Je la savais un peu attristée de cet état de fait mais elle faisait avec et je n’étais pas encore prêt à tout lui raconter. Quoiqu’il en soit, au vu des mauvaises nouvelles de sa famille, je ne pouvais me résoudre à la laisser seule trop longtemps, aussi je passai une heure avec elle dans une classe vide avant d’aller rejoindre mes amis devant la Cabane Hurlante où Remus avait déjà commencé sa métamorphose. Après ce petit intermède, je raccompagnai Antje jusqu’au dortoir des filles et, quand elle fut montée se coucher, je quittai à nouveau la tour de Gryffondor pour quitter le château en catimini.

Je ne m’attendais pas à tomber sur Rogue.

Il se tenait appuyé contre un mur, près d’une des nombreuses sorties donnant sur le parc. Sa pose se voulait nonchalente mais il avait surtout l’air d’un tas de chiffons surmonté de cheveux gras et d’un gros nez. Sa robe de l’école, trop grande, pendait misérablement sur ses épaules trop étroites et, au-dessus du fameux tarin énorme, ses petits yeux noirs me dévisageaient avec une expression fourbe.

« Je savais que toi ou un de tes potes finirait bien par débarquer, dit-il. Toujours en train de bafouer les règlements, pas vrai, Black ? T’es sensé rester à l’intérieur à cette heure-ci.

— Et toi, Servilus, répliquai-je, qu’est-ce que tu fous là ? Pourquoi t’es pas dans tes cachots crasseux avec tes copinous à rêver de l’ascension de Lord Voldemort ? »

Je ne prononçais pas souvent ce nom parce qu’il faisait peur aux gens. En ce qui me concernait, je ne voyais pas l’intérêt de craindre ce qui, de toute évidence, n’était qu’un pseudonyme, mais j’évitais de parler en public de ce connard répugnant et de citer son nom parce que provoquer des regards terrifiés n’était même pas drôle. Quoiqu’il en soit, Rogue marqua le coup et plissa encore plus les yeux jusqu’à ce qu’ils ne ressemblent plus qu’à deux fentes :

« Tu ne sais pas de quoi tu parles, Black, dit-il. De toute façon, tu deviendras un hors-la-loi à un moment ou à un autre à cause de ton attitude lamentable.

— Va te faire foutre, répondis-je, les dents serrées. Et dégage, j’ai à faire.

— Ah oui, et tu dois faire quoi ? Rejoindre ton pote Lupin que j’ai vu passer dans le parc avec l’infirmière ? Qu’est-ce que vous trafiquez, tous autant que vous êtes ? »

Je déglutis péniblement. Finalement, à force de nous tourner autour, ce cafard n’était plus si loin de la vérité… Je ne sus trop quoi lui répondre sur l’instant, tout en sachant bien qu’il ne me laisserait pas tranquille si je gardais le silence ou si je lui racontais n’importe quoi…

… mais d’ailleurs, une demi-vérité ne relèverait-elle pas du n’importe quoi, finalement ?

« Ce que je fais de mes soirées ne te regarde pas, dis-je. Quant à Remus, il… s’intéresse de très près au Saule Cogneur. Si tu veux, tu n’as qu’à aller voir et à appuyer sur la plus grosse des racines. Bonne soirée. »

Je le plantai là en rigolant intérieurement de son regard médusé. À mon avis, il penserait que je l’ai pris pour un con et jamais il ne s’approcherait du Saule. Le coup de la racine qui l’immobilisait était trop farfelu et d’ailleurs, James, Peter et moi avions eu peine à y croire quand Remus nous en avait parlé la première fois. Il avait fallu qu’il nous montre le principe pour accepter la réalité de la chose.

oOØOo

Dans le parc, je déambulai un moment, le temps de respirer l’air nocturne. Une odeur de fleurs printanières embaumait l’atmosphère et me rappelait le parfum d’Antje, celui que je lui avais offert. L’idée me fit sourire et j’inspirai profondément en espérant qu’elle avait trouvé le sommeil, là-bas, dans son dortoir, et que sa nuit ne serait pas peuplée de mauvais rêves. Je rejoignis ensuite le Saule Cogneur d’un pas tranquille. Peut-être étais-je un peu en retard mais mes amis ne m’en tiendraient pas rigueur. Je leur raconterais la blague que je venais de faire à Rogue. Peter prendrait sans doute peur puisque j’avais en partie révélé la vérité mais James trouverait ça très drôle. J’avais joliment flirté avec le danger cette fois-là mais ça faisait partie du piment de l’existence et j’estimais encore ne pas avoir couru un grand risque.

Idiot que j’étais.

Arrivé devant l’arbre, je fus surpris de ne trouver personne. James et Peter avaient promis de m’attendre pourtant, que s’était-il passé ? Les yeux plissés, je scrutai la nuit, m’attendant à les voir arriver tandis que le Saule bruissait à côté de moi. Comme personne ne venait, je cherchai la branche morte dont Madame Pomfresh se servait pour appuyer sur la racine. Elle la cachait toujours au même endroit, au pied d’un buisson à proximité. Je soulevai les feuillages, furetai à tâtons sans rien trouver.

M’étais-je trompé de buisson ?

Soudain, derrière moi, le Saule Cogneur cessa de s’agiter. Je n’entendis plus que le vent dans ses feuilles. Je me retournai et le vis, immobile, ses branches dressées, comme pour libérer le passage secret vers la Cabane Hurlante.

L’inquiétude me tordit soudainement les entrailles. Je sortis ma baguette magique de ma poche et la serrai entre mes doigts. Rien, dans cette situation, n’était normal : mes amis absents, la branche servant à immobiliser le Saule disparue, le passage secret qui se libérait de l’intérieur…

Ce qui se passa l’instant d’après me pétrifia. Deux personnes, la première soutenant la deuxième, sortirent de sous l’arbre. Il s’agissait de James et de… putain de merde… de Rogue.

Je compris immédiatement ce qui s’était passé. Ce cafard de Servilus avait eu la bêtise de me croire. Il avait suivi à la lettre ce que je lui avais dit et je n’eus pas à attendre le récit de James, entrecoupé d’injures à mon égard, pour comprendre qu’il avait vu Remus sous sa forme de loup. Apparemment, Rogue avait rejoint le Saule Cogneur au pas de course, pressé de vérifier mes dires. Là, il était tombé sur James et Peter et mon meilleur ami l’avait poursuivi dans le passage secret pour l’en ramener… trop tard. Deviner que j’étais à l’origine de la plaisanterie n’avait pas été difficile pour mes deux copains.

D’une bourrade, Rogue écarta le bras de James qui le soutenait par les épaules. Il me regarda comme un cobra prêt à fondre sur sa proie :

« Assassin ! siffla-t-il. Tu viens d’essayer de me tuer ! Je vais le répéter au directeur ! Ce monstre de Lupin sera viré, toi aussi, et Potter et Pettigrow aussi, vous l’aurez pas volé ! »

Sur ces mots, dont les derniers furent prononcés dans un feulement rauque, il détala en direction du château.

Je lâchai ma baguette magique et tombai assis par terre.

« Merde », grognai-je en arrachant fébrilement des brins d’herbe. Même sans le voir, je sentais le regard de James fixé sur moi.

« Oui, merde, dit-il froidement. Qu’est-ce qui t’a pris, abruti ? Tu risques de te faire virer ! Et si jamais le problème de Remus devait se savoir, il ne pourrait pas terminer ses études ! Les autres parents deviendraient fous furieux, le conseil d’administration aussi, et Dumbledore serait obligé de le renvoyer !

— …

— Je te préviens, Sirius. Si jamais ça devait se produire, je ne t’adresserai plus jamais la parole. Maintenant, amène-toi. On retourne au château. Peter doit nous y attendre, il a détalé dès que Servilus a débarqué. »

Je me levai et constatai qu’à présent, mon meilleur ami évitait mon regard. Une boule de douleur me coinça la gorge mais après tout, je ne l’avais pas volé.

Nous regagnâmes l’école dans un silence de mort. Je fus presque surpris, en pénétrant dans la salle commune de Gryffondor, de constater que tout y était normal. Les élèves qui s’y trouvaient travaillaient, jouaient aux cartes, discutaient dans leur coin… nous montâmes directement dans le dortoir. James ne m’accorda pas un mot ni un regard. Peter, blotti comme à son habitude sous ses couvertures, dormait… ou faisait semblant.

Je ne dormis pas beaucoup cette nuit-là.

oOØOo

McGonagall me sauta dessus dès le lendemain matin. Elle était en poste devant l’escalier menant aux dortoirs des garçons, comme si elle m’attendait. Elle posa sur moi un regard qui aurait congelé un désert et m’emmena dans le bureau de Dumbledore, après avoir renvoyé les curieux à leurs affaires d’un ton sec. James ne me parlait toujours pas et Peter semblait très malheureux. Je suivis ma directrice de maison dans les couloirs en pensant bêtement que je n’avais pas eu le temps d’embrasser Antje et que si jamais j’étais renvoyé, je la laisserais tomber et que je romprais de fait la promesse que je lui avais faite.

J’étais vraiment un con. Et en plus, tout était la faute de Rogue. Ce cafard allait me le payer cher, d’une façon ou d’une autre.

Quoiqu’il en soit, je n’en menais pas large en pénétrant dans le bureau directorial. Je regardai sans les voir les innombrables bibelots qui encombraient la pièce circulaire, attendant comme un couperet la sentance qui ne manquerait pas de tomber.

« Je suis profondément déçu. »

La voix lasse du professeur Dumbledore me força à me tourner vers lui. J’avais éprouvé, depuis ce qui s’était passé dans la Cabane Hurlante, un mélange de malaise, de tristesse et de colère. En croisant le regard du vieux directeur, la honte prit le dessus. Ce sentiment était tellement fort qu’il me suffoqua. Bêtement, je me dandinai d’un pied sur l’autre sans savoir quoi dire.

« Vous êtes un garçon brillant, dit Dumbledore. Vous étiez promis, malgré vos innombrables sottises, à un bel avenir si vous aviez accepté de grandir un peu. Malheureusement, votre petite plaisanterie d’hier soir a failli causer la mort d’un élève. »

Je baissai à nouveau les yeux sur le parquet. L’annonce de mon renvoi de Poudlard n’était plus qu’une question de secondes.

« Il est difficile de trouver une sanction adéquate compte tenu des circonstances, reprit le directeur. En temps normal, vous devriez être en route pour retourner chez vos parents mais il est hors de question que votre stupidité ait des répercussions sur l’avenir de Mr. Lupin. J’ai donc fait promettre au jeune Mr. Rogue de se taire et de ne rien dire sur ce qui s’est produit la nuit dernière. En conséquence, je ne peux pas vous renvoyer sans que cela soulève de questions. »

Je dus retenir un soupir de soulagement. Je ne serais pas renvoyé et Remus n’aurait pas à interrompre ses études.

« Cela dit, il va vous falloir assumer vos actes. Jusqu’à nouvel ordre, vous serez isolé de vos camarades. Vous ferez vos devoirs seul sous la surveillance d’un professeur. Vous serez mis en retenue tous les soirs jusqu’à vingt-deux heures, ainsi que tous les week-ends. Vous ne pourrez fréquenter vos amis qu’en classe, où vous feriez mieux d’être le plus discret possible, ainsi qu’à l’heure des repas et dans les dortoirs où vous serez sommé de vous rendre sitôt vos retenues terminées. Par ailleurs, je me dois d’avertir vos parents de ce qui s’est passé. »

Je déglutis péniblement. Si Dumbledore écrivait à ma mère et lui disait toute la vérité, elle ferait un véritable scandale. Elle avertirait tous les gens qu’elle connaissait et m’enverrait une Beuglante particulièrement salée qui risquerait de faire un foin du diable. Je levai les yeux et, malgré moi, lançai un regard apeuré au vieux directeur qui eut un drôle de sourire tordu.

« Je ferai en sorte que votre mère garde elle aussi le silence, dit-il comme s’il avait lu dans mes pensées. À présent, allez déjeuner. Votre sanction démarre dès maintenant. »

En silence, je quittai la pièce et descendis dans la Grande Salle.

Certes, je n’étais pas renvoyé. Certes, ma connerie n’aurait pas de répercussion sur Remus. Cependant… j’avais à subir la pire des punitions. Même l’expulsion n’était rien à côté de la perspective d’être privé de mes amis. Et puis il y avait Antje. Je lui avais promis d’être à ses côtés tandis que sa mère se mourait lentement… et je ne pouvais plus honorer cette promesse. Je l’avais en quelque sorte abandonnée parce que j’étais un imbécile incapable de réfléchir aux conséquences de mes actes.


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