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L’année dernière à Saint-Idesbald

Publié le 17 avril 2017 par Adtraviata

L’année dernière à Saint-Idesbald

Quatrième de couverture :

Idesbald est SDF. Souvent, il trouve refuge dans une bibliothèque publique de Bruxelles. L’accès à Internet et la bonne volonté d’un employé l’encouragent à créer un blog. Il y publie les histoires entendues ou inventées lors de ses errances. La petite cité balnéaire de Saint-Idesbald, sur la côte belge, se retrouve dans chacun des treize chapitres où évoluent des protagonistes aussi inattendus que le roi des Belges, un garçonnet perdu dans l’Exposition universelle de 1958, des réfugiés roms, un inconsolable Poilu de la Grande Guerre et bien d’autres…

Quand Jean Jauniaux m’a dédicacé ce recueil en 2014, il a parlé de « roman de nouvelles » et de fait, il m’a fallu arriver à la dernière pour comprendre que l’ensemble est enchâssé entre deux textes qui présentent Idesbald, le sans-abri qui tient un blog et invente (ou retranscrit) des histoires. Mais la fin de son histoire à lui me paraît bien dramatique, bien noire ; heureusement ses textes sont imprimés dans le recueil de Jean Jauniaux, mais jusqu’à quel degré d’autodérision l’auteur a-t-il vraiment voulu aller… ?

En tout cas, ces nouvelles sont empreintes d’enfance, de tendresse, de nostalgie. Des personnages récurrents les habitent : le petit garçon orphelin, le veuf enfermé dans un chagrin muet, le sans-abri aux visages divers. Trois lieux principaux sont aussi des personnages à part entière : Ecaussines et ses carrières de pierre, Bruxelles ‘Européenne et bien sûr Saint-Idesbald avec la villa Mieke Hill. Jean Jauniaux n’hésite pas à visiter aussi différentes époques, les années 50 et 60, l’expo universelle de 1958 à Bruxelles, la guerre de 14-18, notre époque et même un futur pas si lointain où la Belgique a éclaté et où le roi n’a d’autre recours que de faire appel aux écrivains, aux artistes pour redonner du sens et sauver son royaume.

A travers cette quinzaine de nouvelles, je suis passée par diverses émotions, divers états d’esprit devant la lucidité de l’auteur, son goût pour l’utopie, son humanité, son humour un peu absurde. Il me faut avouer que j’ai été touchée parce que, quand j’étais gamine, mes grands-parents emmenaient leurs petits-enfants à la mer pour les vacances, ensuite ce fut avec nos parents, et c’est bien sûr à Saint-Idesbald que j’ai découvert la mer du Nord. D’autre part, trois de mes cousines habitaient non loin d’Ecaussines et du plan incliné de Ronquières plusieurs fois évoqué dans le livre (c’est un ascenseur à bateaux inauguré en 1968 qui remplace une dizaine d’écluses sur le canal qui, à l’époque de sa construction, représentait une prouesse technique). Enfin, vous avez sans doute déjà deviné mon amour pour Bruxelles, notre capitale. Tout cela a fait que je me suis moi-même replongée dans mon enfance grâce à ces nouvelles et que j’ai apprécié cette vision de la Belgique qui s’éloigne un peu des clichés grâce à des personnages attachants qui, dans la vraie vie, n’ont pas souvent le droit à la parole.

« Pourquoi ne pas solliciter l’imaginaire des romanciers et des poètes pour inventer de nouvelles formules de citoyenneté et de gestion politique ? Comment les poètes bâtiraient-ils le monde s’ils appliquent à ce vertigineux projet l’imagination qu’ils déploient pour nous faire rêver ? » (p. 63)

« En regardant les flèches de l’église du Sablon que le soleil de mai découpait sur le ciel bleu, en respirant l’arôme d’un café qu’apportait le garçon à la terrasse du Vieux Saint-Martin, en entendant maugréer un antiquaire qui ne parvenait pas à brancher l’éclairage de son échoppe, Ferdinand se dit que les matins de printemps sont les seuls qui pourraient encore valoir quelque chose. Pourtant, ils ne sont faits que de la poussière du temps et de la promesse de jours meilleurs.’ (p. 121-122)

« La veille de leur départ, Ferdinand propose à Petruta et Dimitriu de les emmener dans le dernier vestige de la Belgique d’antan : une petite localité restée bilingue, en bord de mer, protégée des vents mauvais par une dune, surmontée d’une villa blanche au toit rouge. Ferdinand leur raconte que, depuis les premiers congés payés, la mer du Nord, les longues plages de sable, les dunes alanguies ont bercé de souvenirs heureux l’enfance des Bruxellois et des Wallons. C’est peut-être là, ajoute-t-il, rêveur, que réside ce pays : dans l’enfance. » (p. 123-124)

Jean JAUNIAUX, L’année dernière à Saint-Idesbald, Avant-Propos, 2013

Mois belge, bien sûr, mais c’est aussi ma première participation à La bonne nouvelle du lundi (de Martine).

Les éditions Avant-Propos ont été rachetées par Weyrich qui a réédité cette année ces nouvelles.

L’année dernière à Saint-Idesbald


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