Il ne m'a jamais semblé que l'on s'y trouvait.
Trop occupé par le présent.
Toutefois, depuis plus d'un an déjà, il est pratiquement impossible de nier que nous somme tous, par magie, collectivement, dans cette époque que nous appelions plus jeune "le futur". Le futur est maintenant et c'est particulier. C'est parfois aussi inconfortable que comme dans ce moment où quelqu'un fait une farce à vos dépens en public, que vous ne réalisez pas complètement ce que ça implique encore, que vous attendez qu'il y ait une grande révélation venant donner une perspective nouvelle sur la blague, révélation qui ne viendra jamais.
Le futur, c'est ça.
Qu'est-ce qui nous as extirpé du présent pour nous planter dans le futur? Trop de changements trop vite? Un xème ami perdant son emploi pour avoir manqué de jugement sur le net? Un employeur se plaignant de votre non utilisation de Facebook? Le texto remplaçant entièrement la conversation téléphonique ou le déplacement à l'étage? Angelina Jolie s'enlevant les deux seins par mesure préventive? la comédie adolescente nucléaire nord coréene, son équivalent États-Unien et les mensonges russes? le fait que nous soyons tous (ou justement pas) Charlie?
N'est-ce pas étrange que ce qui nous définisse dans le futur soit en partie des gens qui n'en veulent pas? Que ce soit des gens qui veulent l'éternité?
Je me sens dans le futur quand j'entends une bonne chanson et que mon Shazam m'indique tout de la chanson en 2 secondes, que celle-ci se retrouve sur mon téléphone et joue au travers de ma voiture moins d'une minute plus tard. Je me sens dans le futur quand mon fils plonge dans la piscine et me ramène des images du fond de la piscine de sa caméra. Je me sens dans le futur quand ma curiosité radio m'offre aussitôt un visage sur google image. Je me sens à la fois dans le futur et dans le passé quand je panique parce que je viens de changer de poste ou couper le son de la télé pendant que l'enregistreur télé enregistrait quelque chose de pré-programmé.
Ce sentiment de futurosité durera aussi longtemps que je vieillirai. Ça ne pourra pas être temporaire. Peut-être que pendant un certain temps, la société se donnera le temps de respirer et profitera d'un spontané moment de flottement technologique qui n'épouserait pas le modèle de l'accéléré accélérateur accélérant.
Mais ça n'arrivera probablement jamais jamais.
Jamais, jamais, jamais.
Est-ce sain de vivre dans le futur? Je n'en suis pas certain. Nous ne sommes pas parfaitement construit pour le changement haute vitesse. Y aura-t-il alors une fissure majeure? Et cette fissure majeure prendra quelle forme? Le populisme guidé par l'ignorance prenant le contrôle du monde?
C'est ça la
Je pense que d'abandonner son cerveau pré-internet est la seule chose intelligente à faire afin de s'adapter adéquatement au futur perpétuel que nous sommes devenus. Combien de futurosités notre cerveau peut-il contenir avant d'exploser ou d'imploser? Les milléniaux sont chanceux en quelque sorte car ils n'ont pas de monde ancien à pleurer. Ils sont nés, filmés par un téléphone intelligent. Le présent est déjà le futur. Ils n'ont rien à désapprendre. Comme la communication orale entre étudiants à la pause au CEGEP ou à l'université. Ou l'attention quand on vous parle.
J'ai essayé d'imaginer un monde sans présent. Un monde de milléniaux, toujours à 5 secondes dans le prochain angle viral. Je n'y ai vu que du feu. Et moi au milieu, le pionnier, qui a tout laissé derrière, petit à petit, en partant à la conquête de la côte Ouest. maintenant pris dans la forêt en feu, et qui pour survivre, s'est caché dans les marais, regardant le passé devenir cendres.
Mouillé, mais sale et périmé.
Il me semble encore attendre ce futur.
L'après-feu.