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Un billet de Marilyne : Les vallées du bonheur profond

Publié le 24 avril 2017 par Adtraviata

billet Marilyne vallées bonheur profondLes vallées du bonheur profond – Henry Bauchau –

Actes Sud Babel –

Présenter une lecture d’Henry Bauchau lors du mois belge est devenu tradition pour moi. C’est un rendez-vous.

Ce mois-ci, j’ai choisi de lire un court opus regroupant cinq récits reliés au cycle des romans reprenant les mythes d’Oedipe et d’Antigone. Il n’est pas nécessaire d’avoir lu ces romans ni Diotime et les lions pour cette lecture.

Employer le terme Récits plutôt que celui de Nouvelles me paraît juste, il s’agit « d’épisodes », de scènes comme inédites du parcours d’Œdipe et d’Antigone. Il y est évidemment question d’amour, de folie, de création artistique aussi à travers Œdipe sculpteur, de la violence de la vie et du destin, comment définir notre liberté, par quels chemins se reconnaître et s’épanouir, assumer notre destin.

Des textes denses, cruels, impérieux. Ce sont des cris. Et c’est ce récit « Le Cri » qui m’a bouleversée. Comme un récit préparatoire au roman d’Antigone, écrit pour un colloque à Bruxelles, c’est son retour à Thèbes.

Le dernier récit reprend également cette notion de destinée, celle de Sophocle qui permit à ces voix « terrestres et célestes », à ces cris, de traverser le temps parce que Antigone « aimait la vie et que son désir n’était pas de la perdre mais de la donner. Elle la donnait. » Un hommage.

Un recueil sur ceux et ce que la parole et la création artistique libèrent.

« Il faut imaginer le retour d’Antigone à Thèbes. Elle a suivi, pendant dix ans, Œdipe dans son errance aveugle. Sans maison, sans homme, sans enfants, elle a mendié pour lui, elle a été présente à ses côtés. Ensuite Œdipe l’a quittée pour un autre chemin, celui sur lequel il marche encore, à travers Sophocle, à travers Freud, à travers nous.

Antigone aurait pu rester à Athènes : elle n’ignore pas que c’est là que vont s’ouvrir l’avenir renouvelé d’Œdipe et le sien. Elle repart pour la cité où Œdipe et Jocaste ont vécu la transgression, le bonheur délirant et le désastre. Elle sait que c’est là que le meurtre est en marche vers Polynice et Etéocle, les frères ennemis, ses frères.

A-t-elle vraiment l’espoir de les réconcilier ? Peu importe, elle n’en avait pas plus quand elle a suivi Œdipe à son départ de Thèbes. Elle n’a pu supporter qu’il s’en aille, aveugle et seul, mendier sur la route. Elle demeure fidèle à ce premier mouvement, celui du cœur qui bat et qui s’élance et qui a décidé de sa vie. C’est tout. »


Classé dans:Les Mots de Marilyne

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