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Doit-on vraiment parler de soi ?

Publié le 28 avril 2017 par Happyswallow @happy_swallow_

Doit-on vraiment parler de soi ?

Cet article est inspiré par une réflexion que j’ai pu avoir il n’y a pas si longtemps. J’ai pu constater que, bien souvent, le « Je » et le « moi » étaient mal perçus en société, mais aussi sur la toile. Comment expliquer cela ? 

Je ne sais pas si c’est purement culturel, mais je suis parfois assez mal à l’aise en parlant de moi-même. D’une part car je suis assez pudique et d’autre part car j’ai constaté qu’au-delà du fait que cela ennuie parfois les gens, cela pouvait donner une impression assez égocentrique. Cette impression, je l’ai non seulement au quotidien, mais aussi sur le blog. Je m’explique.

Parler de soi sur un blog

Pour la petite histoire, je passais un entretien d’embauche quand soudain, mon interlocutrice fait référence à mon blog (que j’avais évidemment noté sur mon CV) : « J’ai parcouru votre blog et j’ai été assez mal à l’aise car vous abordez des sujets très personnels ». J’ai été surprise. Après réflexion, je me suis demandée si cette personne avait bien lu mon blog. Je ne parle jamais de mes proches, rarement de mon activité, mon visage est très peu présent et j’essaie autant que possible de ne pas parler de moi. Car je suis une personne pudique. Alors oui, cela m’arrive de publier un coup de cœur, un coup de gueule, de faire référence à mes émotions, de parler de la coupe menstruelle (c’était peut-être ça le sujet très personnel ? Pourtant il se voulait surtout informatif), mais cela reste rare.

« En gros, tu racontes ta vie sur internet »

J’ai passé par la suite un autre entretien, face à un homme cette fois. Bien que mon blog soit présent sur mon CV, il n’a même pas pris la peine de le consulter. Quand j’ai parlé de mes loisirs, j’ai forcément mentionné le blog. Chose à laquelle le Monsieur s’est permis de répondre : « En gros, tu racontes ta vie sur internet ». J’ai trouvé cette remarque très déplacée. Suite à ce rendez-vous, j’ai compris qu’il était fortement déconseillé de mentionner votre blog sur un CV (sauf si vous postulez pour une boîte de com’ ou dans le web). D’abord parce que le blogging souffre encore de nombreux préjugés (on sait tous que les blogueuses n’ont pas de cervelle et qu’il est trèèèès facile de tenir un blog, n’est-ce pas ?), mais aussi parce que c’est l’opportunité de laisser aux recruteurs d’interpréter vos écrits comme bon leur semble.

Doit-on vraiment parler de soi ?

Parler de soi dans la vie de tous les jours

Pourtant, je crois que si le blogging a autant de succès, c’est parce qu’il permet aux internautes de partager un petit bout de la vie du blogueur. Et parce que ce dernier peut être très créatif, il inspirera des dizaines (des centaines ?) d’internautes. Ce problème n’est pas présent seulement sur la toile. Il est sociétal. Même si certaines personnes aiment étaler leur vie sans s’intéresser à celle des autres, il n’en demeure pas moins que parler de soi est mal perçu. Finalement, ce que je vis est une forme d’auto-censure, et je parie que je suis loin d’être la seule. J’inhibe mes émotions bonnes ou mauvaises parce que trop exhiber son bonheur peut énerver ou susciter de la jalousie, mais parler de son malheur peut, à l’inverse, fatiguer les gens.

D’ailleurs, même au boulot, on ne dit pas « j’ai fait ceci », mais « nous avons fait » (même si j’étais toute seule…). Je me souviens également de mes dissertations, mes mémoires où le « je » était banni. Je crois que le « nous » fait plus scientifique et qu’il ne faut pas trop s’attribuer personnellement les mérites. Au même titre, la confiance en soi est souvent vite jugée, interprétée, parfois comme de l’égocentrisme. Et clairement, cela me pose problème. Cela me pose problème de ne pas avoir le droit de partager mes histoires (pas toujours intéressantes, je l’accorde), cela me pose problème que le blog souffre encore de cette réputation alors que cela arrange bien les entreprises de pouvoir établir des partenariats à moindre coût.

L’auto-censure : un risque réel d’implosion ?

Il y a quelques années, j’ai effectué un stage de PNL (programmation neuro-linguistique). On nous apprenait à parler de nous pour identifier, reconnaître nos qualités. L’emploi du « je » est important. Parler de soi est important. Comme tout, il y a des limites. Parler de soi tout le temps peut être usant pour autrui. Mais avant tout, parler de soi est libérateur ! Et c’est justement pour ça que nous sommes frustrés lorsque nous ne pouvons évacuer le trop-plein d’émotions douloureuses. Dans le blogging c’est un peu pareil. D’autant plus qu’à l’origine, le blog était une sorte de journal intime. Une petite bulle que l’on s’autorisait pour parler avec d’autres de sujets que l’on ne pouvait pas aborder à haute voix. Si le blogging a bien évolué, il a quand même conservé cette forme de liberté d’expression qui lui est si précieuse. Alors pourquoi se priver de cela ?

Je vous l’avoue. Lorsque j’ai subi les remarques de ces recruteurs, j’ai été un peu vexée. Mais surtout, je me suis sentie bridée dans mon rôle de blogueuse. Bridée de ne pas pouvoir partager avec vous mes ressentis. Un peu influençable, je leur ai donné raison en accordant une tournure très impersonnelle à mon blog. Mais je ne suis pas satisfaite, et il me manque quelque chose. Le partage, le vrai. Pourquoi faire taire les gens alors que certains ont autant de mal à parler d’eux-mêmes ? Pourquoi les empêcher de se confier, de se plaindre ou, au contraire, d’exprimer leur joie et leur fierté ?

Finalement, j’ai écrit cet article afin de partager mon ressenti sur la question, mais surtout pour connaître le vôtre. Pour savoir si je suis la seule à avoir cette impression ou bien si vous ne parvenez pas à supporter le fait qu’une autre personne puisse parler d’elle-même. N’hésitez pas à commenter, je suis ouverte à toutes sortes de réponses.


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