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Album - THE SWAMP BORN ASSASSINS – Smell The Mud

Publié le 29 avril 2017 par Concerts-Review

THE SWAMP BORN ASSASSINS: "Smell the Mud"

(Carnivora Records) 2017.

Quand mon amie Catherine J. Campbell d'Aberdeen m'a demandé si elle pouvait m'envoyer quelques cds de jeunes groupes écossais pour une diffusion radio éventuelle en Belgique, j'étais loin de me douter que j'allais recevoir un vrai choc en écoutant l'un d'entre eux. D'abord je regarde attentivement le packaging, et d'emblée, le livret captive mon attention. Un fond noir, avec, au centre, un médaillon sur lequel le nom du groupe ressort en blanc, certaines lettres se terminent même en forme de serpent. En plein milieu du médaillon, un crâne humain couvert d'un chapeau haut-de-forme autour desquels un serpent s'enroule. J'adore! Ce cd a déjà un côté qui sent les bayous de Louisiane, les marais infestés de créatures mortelles, un endroit où il vaut mieux ne pas se perdre. Reste à voir si la musique est en rapport avec ce magnifique design...

1."Out in the Rain" : un bruit de carillon qui tinte sous l'effet du vent, des pas qui font crisser le gravier et la pluie qui menace, puis, tout à coup...Bang! Un riff très lourd et l'harmonica qui entre dans la danse. On va le jouer ensemble, vous êtes prêts? Branchez votre Gibson Les Paul (what else?) à votre ampli Marshall 100 watts à lampes, canal overdrive 2 et puis vous montez le volume sur 5. Avant d'aller plus loin, demandez aux voisins s'ils n'ont pas quelques courses à faire. Prêts? Jouez tout en power chords, les battements font : Si (7 fois) et puis La, Si, La, Si. C'est obsédant à mort. En ce qui concerne le personnage de la chanson, c'est une journée qui commence mal, le genre de truc où rien ne va. À chaque fin de couplet, le verdict tombe sur les épaules du pauvre gars, comme une lame de guillotine. Un solo d'harmonica qui rappelle étrangement le style de jeu de Robert Plant.

2."Never Ever Never" : le riff principal va immédiatement rappeler de bons souvenirs aux fans de Duane Eddy - Emerson, Lake and Palmer - ou encore Aerosmith avec le thème de Peter Gunn. Ici le tempo est plus rapide, emmené de main de maître par Monsieur Chris Glen (ex Alex Harvey Band, Michael Schenker Group) venu participer à l'album en guest de luxe. A certains moments, pendant quelques secondes, ca me rappelle "Coz I Love You" de Slade. La chanson est une incitation à se battre et à réagir quand rien ne va.

3."Walk Tall" : une intro avec une guitare délicieusement acide à la mode Stooges. Une rythmique très lourde et toujours les deux guitares qui tranchent dans les chairs de l'auditeur dans une espèce de duel "question / réponse" avec l'harmonica. Pas facile d'être une fille sexy dans un monde d'hommes, il y a intérêt à être sûre de soi, confiante et il faut assumer! C'est un texte qui s'adresse à tous ceux qui sont différents en les encourageant à affirmer cette particularité face à l'adversité.

4."Dead Man Walking" : les trois premiers extraits de l'album m'avaient déjà donné des frissons mais ici, je vais carrément m'évanouir de plaisir. Comment définir ce morceau? Je dirais que chaque fois que "No Fun" des Stooges rencontrera "When the Levee Breaks" de Led Zeppelin, il y aura un "Dead Man Walking". C'est très puissant et lourd à souhaits, un tempo rapide et une ligne de basse et de guitare qui se doublent en jouant en boucle un La 5 suivit de trois notes : Sol, La bémol, La. Vous me direz que ça doit être chiant, eh bien non car il y a un trait de génie dans cette progression, c'est une alternance, à savoir qu'une fois sur deux on ajoute un si bémol à la fin du riff et c'est ce qui l'empêche d'être trop linéaire, je dis bravo! Le solo d'harmonica est à nouveau en plein dans l'esprit de Led Zeppelin. De temps à autre, la façon de scander les paroles me rappelle Dave Brock sur certains titres d'Hawkwind. J'adore ce morceau.

5."Land of the Six Gun": on plonge ici dans la douloureuse épopée de l'Ouest américain, celle dont ils sont très fiers alors que c'est une véritable période d'infamie et de trahisons successives à l'égard de la nation amérindienne. Le cri unique d'un aigle et une introduction où la batterie vient se greffer sur les tambours et les chants rituels des Sioux Lakotas, une lourdeur à la Black Sabbath. C'est l'histoire d'un génocide perpétré par l'homme blanc qui envahit "Paha Sapa", les Black Hills, territoire sacré et inviolable des Sioux, c'est l'anéantissement, la fin d'une nation, et la disparition d'un mode de vie, celui des tribus nomades, le peuple cavalier des plaines. Un texte magnifique qui, au travers de l'histoire américaine est un cri d'alarme car cette situation perdure encore aujourd'hui, les victimes ne s'appellent plus Lakotas, ils sont Tibétains, Arméniens, ou encore Rwandais. Une très belle réflexion sur des faits graves dont certains dirigeants politiques veulent minimiser l'importance ou, pire encore, nier l'existence.

6."Crawl" : une chanson qui déboule à la vitesse d'un taureau fou sur un riff obsédant qui se répète à l'infini. Il y a ce côté vitriolé et venimeux qu'on retrouvait à l'époque bénie du MC5 et des Stooges, un côté urgentiste, dangereux. L'histoire d'un gars tellement fou de sa nana qu'il en vient à oublier sa dignité d'homme et se met à ramper à ses pieds au risque de devenir "personne". Une invitation à rester lucide et digne qu'elles que soient les circonstances.

7."Smell the Mud": le titre éponyme de l'album, introduit par une solide attaque de basse. C'est la confirmation, le titre n'est nullement usurpé, ce disque colle comme la boue, sent la transpiration, le bourbon frelaté et la vie de tous les jours, des histoires comme il peut en arriver à chacun d'entre nous. Une vision d'effroi de quelqu'un qui se retrouve confronté à ses peurs et à ses angoisses et qui se replie, se referme sur lui-même, dans sa solitude et l'alcool. Une arme à portée de la main...suicide?

8."The Gator Hole" : du Rock'n'Roll pur jus. Soyez très prudents et ne vous aventurez surtout pas près de la tanière de cet animal. Un morceau qui a des accents de groupes sudistes tels que The Black Crowes ou Molly Hatchet, époque Dany Joe Brown. Pour apaiser ce feu ardent, on termine sur un tempo blues classique et jouissif! C'est un morceau qui s'inscrit dans la lignée des grands blues électriques que sont "The Jack" d'AC-DC ou encore "Bad Butcher and Fast Eddie" que l'on retrouve sur le premier album de Rose Tattoo.

8."Clara Belle Lee" : la longue pièce qui clôture l'album. On plonge en plein film d'horreur de série B, dans un cimetière en compagnie de Clara Belle Lee sous un ciel dans lequel veille une lune noire.

En conclusion, ce premier album du quintette de Glasgow fait partie des toutes grandes révélations musicales de ces dix dernières années, au même titre que des groupes comme Rival Sons, Blackberry Smoke ou encore The Temperance Mouvement. Ca sent la poudre, le mauvais alcool, le tabac de contrebande et la violence. Ce n'est pas du Shakespeare dans l'écriture et encore moins du Mozart dans la musique et alors? On s'en fout, car cet album est bourré d'énergie et de sincérité. C'est notre quotidien avec ses réalités et ses désillusions, cet album c'est l'urgence de vivre de cinq musiciens qui ont tout compris au blues et au rock. Une réussite absolue. Alors quoi? Vous êtes encore là? Bougez vos fesses et courrez l'acheter d'urgence, je vous aurai prévenus.

Mitch "ZoSo" Duterck


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