Un an après notre première interview, Jafet Blanch nous en accorde en exclusivité une seconde autour d'une nouvelle série d'œuvres autour de l'univers coloré de Fetén. Exposées du 4 mai au 3 juin à la N2 Galeria de Barcelone, l'artiste accepte de répondre à quelques questions pour tenter de comprendre le sens de cet étrange univers.
Efflorescence Culturelle : Que se cache-t-il derrière le mot " fetén " ?
Jafet Blanch : En Espagne, les gitans ont utilisé ce mot pour parler de quelque chose de fantastique. J'ai nommé l'exposition "Fetén" en référence à son lieu d'origine qu'est la banlieue et qui, en même temps, s'oppose à l'apparence sophistiquée du mot. C'est un jeu double qui se répète dans les œuvres représentant l'expo. Celle-ci essaye de représenter des scènes où des concepts divers se mélangent de façon irrévérencieuse pour montrer un univers irréel: le buste d'un cheval avec une glace attachée au front deviens un licorne, et une petite fille avec une perruque de Raiponce est représentée comme une Menine.
Il y a une atmosphère d'art classique inspirée des tableaux de Velázquez, Le Caravage ou encore Rembrandt, qui sont emmenés dans mon territoire avec des héros contemporains et des scènes qui évoquent des histoires où le spectateur actif prend de l'importance pour conclure la pièce.
Que signifie l'œuvre Paradise ?
Cette peinture met en scène une fille qui tient une courge et qui, immerge dans un monde caravagesque et faisant partie d'un triptyque. Ce sont les pièces oniriques de l'ensemble. C'est la fantaisie ce que je trouve esthétique et agréable au regard.
Puis-je dire que la couleur a pris une part importante dans cette nouvelle série ?
Oui, cette fois ci la couleur a pris un rôle de premier plan, plus encore que dans mes travaux précédents. L'univers Fetén m'a fourni la liberté d'exploiter les qualités de la couleur d'une façon créative.
Pourquoi choisir des enfants pour modèle ?
La fantaisie, le jeu et la clairvoyance sont des éléments avec lesquels je construis l'univers Fetén et font aussi partie de celui des enfants. Dans leurs regards éveillés et innocents se cachent souvent l'évidence.
Pensez-vous que votre technique a aussi changé ?
Oui, ça change. Je fais appel à la créativité et à la technique pour constamment faire des transformations pour ainsi adapter les méthodes aux besoins de l'œuvre. Ne pas être trop rigide est un signe de bonne santé créatrice. La technique, en soi, est un moyen, et non une finalité.
Pouvez-vous expliquer Unicorn et ce que la sculpture apporte de plus par rapport à la peinture ?
Licorne est un acte vandale assez éloquent, puisqu'il s'agit de transformer un simple cheval de foire en un être mythologique à travers d'un acte franchement voyou, comme celui de lui coller un cornet de glace au front. Cette idée formidable résume très bien le sens de l'exposition.
La sculpture me passionne, surtout pour son caractère matériel, tangible et concret: on peut la toucher, on peut l'entourer. Je trouve qu'il s'agit d'un moyen direct où l'accent est mis uniquement sur le sujet puisque la pièce manque d'un environnement suggéré, au contraire de la peinture. Ceci m'aide à présenter des concepts tels qu 'Aspartame où la bouteille de Coca-Cola est recouverte de morceaux de céramique... Des trucs qui, dans un tableau, n'auraient absolument aucun sens.
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