Mais qu'est-il donc arrivé à Feist, cette chanteuse pop-rock canadienne, assez consensuelle, sympathique, mais pas franchement inoubliable ? Quelques titres avec le collectif ami de Broken Social Scene avait pourtant montré qu'elle était capable de folie passagère (notamment sur les toujours formidables "Almost Crimes" et "7/4 Shoreline") mais en solo, sa musique, c'était un peu l'autoroute pop-rock pour tout venant, pas désagréable, mais pas transcendant pour autant. Le genre de musique passe-partout, capable de passer dans n'importe quelle soirée mais qui peine à retenir vraiment l'attention. Dès l'écoute des nouveaux titres "Pleasure" ou "Century", impossible de ne pas penser à PJ Harvey : même son de guitare rêche, même rythmique martiale. A la fin de "Century", on entend aussi le grand Jarvis Cocker, preuve que Feist est avant tout influencée par la musique des années 90, comme Broken Social Scene. Que vient d'ailleurs faire l'ex-chanteur de Pulp sur ce disque assez éloigné de son univers habituel ? Sans doute, parce que les nouveaux amis de Gonzales - avec qui Jarvis vient de publier un disque de musique de chambre -, le compère de toujours, sont aussi les amis de Feist.
La canadienne a durci le ton, avec un sens imparable des arrangements, soit qui claquent, soit qui caressent. Chaque morceau est travaillé, comporte son lot de passionnantes digressions, tant dans les mélodies, les voix que les rythmes. "Pleasure", le disque, se positionne déjà comme un classique rock en puissance, car il dispose tous les ingrédients nécessaires. En tout cas, c'est, de loin, son meilleur album.