Certes, dans le Phèdre, Platon présente l'incarnation comme le grand obstacle à la vie spirituelle. Le corps gauchit la vision : "Chaque plaisir et chaque peine, agissant comme un clou, clouent l'âme au corps, l'y fixent." La vertu consiste à désolidariser l'âme du corps. Mais c'est l'ascétisme chrétien qui accentuera la déviance, ancrant solidement l'ascèse sur les bas-fonds de la contrition.
(...)La priorité est donnée aux martyrs, puis aux ascètes dans les grottes, les arbres creux, aux stylites perchés sur leur colonne, corps mis en suspension, niant leur masse, s'inscrivant en faux contre la physique qui s'attache à la chute des corps.
Jean-Yves Jouannais, Artistes sans œuvres. I would prefer not to, Hazan, Paris, 1997.