Une cantate de Bach, Nicht so traurig, nicht so sehr, moins d’une minute. Mickaël Phelippeau la ralentit, l’accélère, la fait tourner, lui imprime d’autres rythmes (pop, folklorique…), la situe dans une salle de gym, répartit les interprètes dans les gradins où est assis le public, la traduit façon karaoké… Il en respecte pourtant toute la musicalité, bien qu’il désarticule l’ensemble vocal qui l’interprète. Chaque moment est une surprise : de l’arc de cercle bien ordonné au mélange des emplacements, que chacun chante une syllabe à tour de rôle ou que tous chantent à l’unisson, qu’on y aille à l’endroit, qu’on y aille à l’envers, que le choeur soit debout, qu’il évoque une Pietà. Les variations semblent infinies.
Et je pense à ce que pourrait produire cette musique à la manière d’un Bach africain comme l’a fait Hugues de Courson. Et je pense au spectacle de Jérôme Bel vu sur cette même scène il y a quelques jours. Il y a tant de façons d’exprimer ensemble la diversité.