J’ai eu la chance de pouvoir lire ce roman autobiographique de Kouame Soungouan. Un roman auto édité que Kouame a écrit avec l’aide de son professeur de Français qui le suit dans le foyer où il vit maintenant à Toulouse.
Il nous livre ici son histoire terrible sur sa fuite de Côte d’Ivoire, sur sa migration forcée, sur ce qu’un enfant ne devrait jamais avoir à vivre ni aucun homme ou femme d’ailleurs.
Kouame a 14 ans lorsque l’on tue sous ses yeux ses deux parents et que l’on maltraite sa grande soeur. Il arrive à fuir Abidjan pour sauver sa peau et se retrouve contraint et forcé de migrer vers l’étranger: un long périple de plusieurs années s’en suit: d’abord le Ghana, puis le Burkina Faso, le Niger, la Libye puis le Maroc, l’Espagne et enfin la France où il va décider de rester.
Malgré la douleur que Kouame ressent chaque jour quant à la perte de ses proches, il réussit à trouver la force de continuer à vivre même si son courage l’abandonne parfois. Kouame va connaître les camps de réfugiés, le travail au noir pour survivre, les obstacles mais aussi des mains qui se tendent, des mains qui vont redonner du courage à cet enfant tout juste adolescent qui est en train de vivre l’horreur.
Koume a mit du temps à parler de son histoire, à mettre des mots sur sa douleur. Il sait qu’il est aujourd’hui en sécurité, qu’il peut trouver un travail grâce à la formation qu’il est en train de faire sur Toulouse et que sa grande soeur est vivante.
Ce récit est terrible, poignant, plein de douleur et de courage. Kouame a 19 ans aujourd’hui et j’espère pouvoir le rencontrer bientôt pour lui dire toute l’admiration que j’ai pour lui. Pour son sourire qu’il arrive à garder et pour son courage incroyable.
« Le peuple des ombres, itinéraire d’un enfant migrant » est un récit à lire absolument pour connaître non seulement l’histoire de ce jeune homme mais également l’histoire de milliers d’autres migrants.
« Le peuple des ombres » est à la recherche d’un éditeur. Vous pouvez passer par moi ou contacter directement son professeur Pascal Jacquet au 0640510622.
Extrait:
« Des centaines de migrants croupissent là, arrêtés comme nous sur la route de l’espoir, coupables seulement d’avoir espéré une vie moins dure, rien de plus qu’une vie moins dure. Avant que de grossir ce peuple d’infortune, on nous emmène dans une grande salle où un gardien procède à notre enregistrement. Au delà de ces murs, , les prisonniers disposent d’un vaste espace brûlé par le soleil. Après, c’est l’enceinte, un mur en brique cuite de six mètres de haut que certains parviennent néanmoins à franchir. Les geôliers s’en rendent compte au petit jour, quand ils nous comptent. Ces matins-là, l’atmosphère est électrique et les pick-up, furieux, s’élancent dans le désert. Ici, un fuyard rattrapé est un fuyard mort. »
Photo mise en une de Sarah Thuault-Ney extraite de l’article suivant: