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[Critique] THE LEFTOVERS – Saison 3

Par Onrembobine @OnRembobinefr

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Titre original : The Leftovers

Note:

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Origine : États-Unis
Créateurs : Damon Lindelof, Tom Perrotta
Réalisateurs : Mimi Leder, Keith Gordon, Daniel Sackheim, Nicole Kassell, Carl Franklin, Craig Zobel.
Distribution : Justin Theroux, Carrie Coon, Amy Brenneman, Christopher Eccleston, Chris Zylka, Liv Tyler, Ann Dowd, Scott Glenn, Jovan Adepo, Kevin Carroll, Janel Moloney, Margaret Qualley…
Genre : Drame/Fantastique/Adaptation
Diffusion en France : OCS
Nombre de d’épisodes : 8

Le Pitch :
L’anniversaire des 7 ans du ravissement, ce jour où 2% de la population mondiale ont subitement disparu sans laisser de traces, approche à grand pas. À Jarden et ailleurs sur la planète, un sentiment persiste depuis quelques temps : la fin du monde approche. Kevin Garvey et Nora Durst quant à eux, tentent de mener l’existence la plus normale possible, malgré l’insistance de Matt, le frère de Nora, qui semble persuadé que Kevin est une sorte de Messie ayant son rôle à jouer dans la sauvegarde de l’espèce humaine. C’est alors qu’un événement les pousse à se rendre en Australie. La fin est proche…

La Critique de la saison 3 de The Leftovers :

Damon Lindelof et Tom Perrotta eurent un peu de mal à imposer une troisième saison à HBO pour conclure en beauté leur incroyable série. Ce sont les fans qui ont joué leur rôle dans cette histoire, face au cynisme d’une industrie qui ne recherche pas spécialement la prise de risque. Surtout HBO, dont les audiences, malgré la présence dans son catalogue de vrais mastodontes (Game Of Thrones par exemple), ne sont plus ce qu’elles étaient avant Netflix, FX et d’autres networks dont la montée en puissance à remis en cause beaucoup de choses. Mais cette troisième et ultime saison est bel et bien là. Seulement 8 épisodes pour conclure l’histoire de ces laissés pour compte d’une catastrophe ayant fait disparaître 2% de la population mondiale. 8 épisodes parfaits, qui finissent d’installer The Leftovers au Panthéon des séries TV…

The-Leftovers-Carrie-coon-saison-3

Let the mystery be

On a beaucoup comparé The Leftovers à Lost, une autre série phénomène sur laquelle a travaillé Damon Lindelof (avec J.J. Abrams notamment). Deux œuvres profondes dont les mécanismes entraînent en effet des questions plus ou moins frustrantes. Il y avait pourtant dans Lost un côté spectaculaire qui lui permettait de proposer un spectacle quoi qu’il en soit plus abordable pour quiconque n’ayant pas spécialement envie de se triturer les méninges. Surtout en ce qui concerne les premières saisons. The Leftovers par contre, s’avère sur bien des plans plus exigeante. On est ici dans un registre parfaitement spirituel. Théologique même puisque la question de Dieu est au centre de toute l’intrigue. Cela dit, il ne s’agit pas d’une série religieuse, loin s’en faut. Les personnages et leurs événements ne sont pas les vecteurs d’une réflexion sur le catholicisme ou sur toute autre religion précise. Rien à voir, mais alors vraiment rien, avec les films de la Bible Belt, qui aux États-Unis, illustrent sans parcimonie aucune les enseignements d’une doctrine autoritaire voire limite apocalyptique. Même si au fond, il est aussi question d’Apocalypse dans The Leftovers. À plus forte raison dans cette saison 3, axée sur cette idée que le monde court à sa perte et que l’humanité va devoir payer pour ses péchés. C’est là aussi que The Leftovers fait très fort. Il s’inscrit dans une réflexion qui place Dieu au centre mais se concentre sur la notion de doute, sur la dévotion de personnages dédiés à une cause spirituelle basée sur la foi, tout en injectant par petites doses des notions fantastiques tout à fait à propos. C’est clair ? Pas vraiment ? C’est normal…

Lâcher prise

Le lâcher prise est vivement recommandé pour saisir toutes les subtilités du show et ainsi se laisser submerger par cette émotion dévastatrice. La saison 3 débute dans l’intensité. Il y a cette menace de voir toute chose prendre fin et cet espoir de pouvoir tout empêcher. Sans perdre de temps, mais en prenant toujours soin de surprendre en semant des indices ici ou là, les épisodes racontent une histoire en lien avec ce qui s’est déroulé précédemment mais finalement assez indépendante également. Ce qui est probablement dû au fait que les événements de ce dernier acte ne se déroulent pas tout de suite après le dernier épisode de la saison 2. Il y a eu des changements. Des changements ayant affecté les personnages. Des changements cruciaux amenant de nouvelles questions et creusant un peu plus des interrogations déjà présentes. Le lâcher prise… En gros, il ne faut pas chercher à comprendre et faire confiance au scénario car si on ne sait pas vraiment où tout cela va finir et de quelle façon cela va finir, les showrunners le savent très bien. En somme, et sans aucun spoiler, la conclusion tant attendue est à la hauteur. Mais alors vraiment…
Œuvre dense et complexe, The Leftovers parvient ici à ne rien lâcher. Elle reste fidèle à son cahier des charges et fait à nouveau preuve d’un étonnant caractère frondeur et d’une maîtrise lui permettant de tout oser sans se défaire d’une atmosphère renforcée par la sublime partition au piano de Max Richter, à elle seule suffisante pour faire couler les larmes. Véritable roller coaster émotionnel, cette saison, qui débute par ailleurs sur une séquence hallucinante en forme de preuve ultime du courage et de l’audace de l’œuvre dans son ensemble, est aussi passionnante que fascinante. Être parvenu à imposer cela force bien évidemment le respect tant nous sommes à des milliers de kilomètres des show classiques et confortables. The Leftovers n’a rien de confortable. Chaque épisode, de cette saison 3 notamment, est une aventure en soi. Un périple entier, imprévisible, parfois difficile.
Et si il fallait une autre preuve bien tangible pour appuyer cet état de fait, il suffirait de pointer du doigt les génériques. Cette fois-ci, ils adoptent tous une musique différente. Déstabilisant encore une fois. Pour le meilleur bien évidemment…

Des acteurs en état de grâce

L’intrigue de cette saison 3 permet de réduire le nombre de personnages, autrefois plus important. Le couple Kevin/Nora (Justin Theroux/Carrie Coon) devient plus que jamais le centre de gravité du récit, même si Matt (Christopher Eccleston), Laurie (Amy Brenneman) ou encore Kevin senior (Scott Glenn) occupent eux aussi le haut du pavé. Le seul fait d’avoir intitulé le premier et le dernier épisode The Book Of Kevin/The Book Of Nora en dit long sur les intentions de cette nouvelle et dernière salve d’épisodes. L’amour est au centre de la dynamique.
Forcément, les comédiens, poussés dans leurs derniers retranchements, sont incroyables. Comment retrouver après de tels rôles, d’autres occasions de se mettre en danger de la sorte pour s’ouvrir le bide (parfois au sens littéral) pour avancer, à fleur de peau, et incarner des thématiques aussi puissantes ? Carrie Coon, la révélation de la saison, et plus globalement de la série, est saisissante. Comment se fait-il que cette actrice n’ait pas percé plus tôt ? Mystère. Mais désormais, il sera impossible de passer sous silence son talent. Elle est saisissante, tout simplement. Idem pour Justin Theroux, qui tient ici son meilleur rôle. Et de loin. Tous les deux ayant capté la complexité des non-dits, faisant confiance à un script qu’ils subliment. Même sentence pour Scott Glenn et tous les autres. Glenn dont le personnage a par ailleurs droit à un épisode entier. Un des meilleurs de la série rien de moins. Une aventure au bout du monde aux implications troubles. Un véritable chemin de croix…

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Armageddon

À nouveau, la saison 3 fourmille de détails et de références. À la pop culture, notamment quand elle rameute des morceaux de musique bien connus pour leur conférer une nouvelle intensité, mais aussi à la Bible et à la religion au sens plus large. À la spiritualité plutôt, sans s’imposer de barrières. De bien des façons, The Leftovers parle de son temps. De cette époque trouble qui est la notre. Elle ne prend pas de détour même si elle semble le faire et rappelle l’essentiel sans avoir recours à des leçons de morale. Elle ne prend personne de haut mais reste fidèle à ses idéaux et se mérite donc. Le lâcher prise toujours… C’est la clé pour goûter à cette poésie crépusculaire et à ce lyrisme dévastateur. Une authentique expérience sensorielle et émotionnelle comme il y en a peu. Une œuvre qui a su garder le cap, multiplier les ramifications et retomber sur ses pattes à l’occasion d’un final viscéral, d’une beauté aussi simple qu’inoubliable.

En Bref…
On pourrait parler des heures de la saison 3 de The Leftovers, tout comme on pourrait débattre de la série dans son ensemble. Une œuvre d’une cohérence absolue amenée à rester. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Damon Lindelof et Tom Perrotta ont réussi leur sortie. Parcourue de morceaux de bravoure visuels et émotionnels, portée par des acteurs incroyables qui incarnent avec conviction des enjeux passionnants, cette saison est une merveille. Comme le show dans son ensemble. Le troisième acte d’une épopée dans le temps et l’espace, loin des clichés et des facilités, qui a marqué l’Histoire de la télévision. Pour reprendre le slogan d’HBO, ce n’est d’ailleurs pas de la télévision au sens où on l’entend. C’est de l’art.

@ Gilles Rolland

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  Crédits photos : HBO/OCS


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