J’ai le plaisir de recevoir David Fayon, auteur du livre “Made in Silicon Valley – Du numérique en Amérique“.
Dans cette interview en 5 questions, David nous livre 7 conseils à voler aux Start-ups Américaines… et 7 erreurs à éviter pour réussir aux USA !
1 – Est ce que tu peux te présenter ?
Après avoir occupé différentes fonctions au niveau système d’information, Internet et marketing, je réside depuis bientôt 3 ans dans la Silicon Valley, l’épicentre du numérique.
Je suis consultant Web et transformation digitale pour des entreprises et organisations françaises à distance.
Et également conférencier tout en menant parallèlement une thèse sur la transformation digitale des banques.
Mon ADN est le numérique ou le digital selon les préférences terminologiques de chacun.
2 – Pourquoi faut-il s’inspirer des Américains en matière d’entreprenariat ?
Déjà contrairement à une idée reçue, les Français entreprennent de plus en plus et sont appréciés ici pour leurs compétences techniques notamment dans certaines formations d’ingénieurs (développement Web, big data, etc.).
Les domaines où les Américains excellent et qui sont matière à réflexion et à inspiration sont :
- La rapidité d’exécution alors que les Français passent leur temps à tergiverser, ont des réunions longues aux objectifs pas toujours fixés à l’avance et qui servent également à résoudre des problèmes au sein des équipes.
- La capacité de lever des fonds sans commune mesure dans un rapport de 1 à plus de 10 entre la France et les États-Unis (c’est pour cela qu’une présence préparée pour le marché américain est à méditer si l’on veut être un acteur mondial).
- La capacité à croître très rapidement pour devenir le leader sur un marché et penser à la rentabilité de l’audience ensuite. Ce fut le cas d’Amazon, de Facebook et désormais vraisemblablement de Snap. Ceci passe par le développement d’une application qui devient ensuite plateforme avec des APIs ouvertes, etc. pour qu’un écosystème viennent développer autour. En bref, il faut penser ouverture et dimension internationale dès le départ.
Ensuite les Américains sont la première puissance numérique du monde devant l’Asie.
C’est plus un changement des mentalités et le fait pour les Français d’ouvrir un bureau aux États-Unis pour passer à l’échelle et via les États-Unis de pouvoir adresser le marché mondial.
C’est le cas de Criteo ou de Sigfox qui ont voulu jouer dans la cour des grands alors que dans le même temps Viadeo et Dailymotion, trop franco-français dans l’approche déclinent.
Néanmoins un entrepreneur français peut très bien réussir sur le seul marché français mais le risque est d’être ensuite concurrencé par un acteur américain à visée mondiale.
3 – Quelles sont les 7 bonnes pratiques que l’on devrait prendre en France ?
Je vous offre mon guide
"100 conseils pour réussir sur le web "
C'est le fruit de plus de 15 ans à travailler sur le web : je vous explique tout ce que j'aurais aimé savoir lorsque j'ai débuté sur internet...
Vous allez apprendre à attirer plus de prospects, améliorer votre conversion, rentabiliser votre temps, fidéliser vos clients...
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- L’art de pitcher une idée en 2 minutes : beaucoup de business angels et de capital-risqueurs prennent une décision rapide et misent aussi sur le potentiel des dirigeants de la start-up.
C’est une bonne pratique qui s’apprend et à généraliser pour faire gagner du temps à tous (cf cet article sur l’art du Pitch).
- Les façons de networker en exploitant mieux LinkedIn et les réseaux existants. Ceci mérite un développement particulier car Reid Hoffman, le fondateur de LinkedIn passé par PayPal, le dit lui-même.
Sa philosophie est de contacter les personnes les plus intelligentes de son réseau et de leur demander « Parmi vos connaissances, qui pourrais-je rencontrer pour rendre service ? ».
C’est la culture ouverte ou il faut aller de l’avant et donner pour recevoir.
Il est nécessaire d’avoir les bonnes introductions notamment dans la Silicon Valley.
Carlos Diaz, le co-fondateur de l’accélérateur The Refiners à San Francisco évoque l’allégorie du nénuphar et par sauts successifs et de contact en contact telle la grenouille qui saute de feuille en feuille finira par trouver un beau nénuphar, le contact clé car toute start-up doit penser à la conquête de ses premiers clients, les fidéliser pour qu’ils soient vite ambassadeurs et que s’enclenche un cercle vertueux.
- Les façons de travailler dans la Silicon Valley avec des espaces de co-working avec des start-up qui permettent la cross-fertilisation des idées et une saine émulation. Ceci vaut également pour les fablabs.
- La pensée positive et la culture associée et voir les opportunités plutôt que les problèmes.
Avec le goût du développement des usages et de nouveaux services de nature à changer le monde en étant tourné vers l’avenir.
- Le fait de réunir des marketeurs, des développeurs et des designers sur un même lieu pour travailler ensemble sur le développement d’un service ce qui permettra des passerelles pour la recherche de solutions optimales.
- Le lancement d’une entreprise et comment on apprend en marchand par essai/erreur avec la culture du test, des PoC. C’est aussi créer un MVP “Minimum Viable Product” pour tester un concept.
- Le fait de se donner le droit à l’échec et rebondir en ayant la volonté et la capacité d’entreprendre en s’entourant des compétences idoines et en étant focalisé à fond sur la start-up que l’on lance.
4 – Comment une start-up ou une entreprise française devrait-elle faire pour “conquérir” l’Amérique ? Quelles seraient les 7 erreurs mortelles à ne pas commettre ?
Même si chaque situation est différente, il est nécessaire de maximiser ces chances.
Les écueils à éviter sont nombreux comme :
- Venir s’implanter aux États-Unis sans préparation et sans être aidé par des réseaux français (FrenchFounders, l’accélérateur French Tech Hub, Business France, Bpi France… par exemple) et américains (avec des entrées même si on peut déjà passer par les chambres de commerce franco-américaine) et négliger les meetup et les salons professionnels dans son cœur de cible.
Il est préférable de faire des voyages pour s’imprégner et tâter le terrain plutôt que de s’installer à l’aveugle.
Tout doit être rigoureusement préparé.
- Ne recruter que des Français pour un bureau aux US ou avoir un dirigeant qui est l’œil de Paris
- Ne pas comprendre la culture américaine (je dresse un tableau pratique des différences entre Américains et Français dans Made in Silicon Valley) en étant trop dans l’abstraction ou l’implicite a contrario des Américains très pragmatiques
- Vouloir lancer un produit ou un service quand il est parfait, ce qui retarde sa mise sur le marché et ne pas profiter de l’intelligence des internautes et des retours faits dans le cadre d’une version bêta permanente
- Ne pas être suffisamment orienté sur les objectifs. En effet ce ne sont pas pas les plus gros qui écrasent les plus petits, mais les plus agiles qui dépassent les plus lents.
- Ne pas être flexible sur le travail…
- Ne pas miser sur les accélérateurs et ne pas choisir/convaincre les bons mentors
5 – Est ce que tu peux présenter ton dernier livre ” Made in Silicon Valley – Du numérique en Amérique ” ?
“Made in Silicon Valley – Du numérique en Amérique” analyse les raisons qui ont permis aux États-Unis d’être les leaders du numérique sur l’ensemble de la chaîne de valeur (matériel, logiciel, données) avec une analyse sociologique, historique et économique.
Les acteurs comme les GAFAM (Google Apple Facebook Amazon Microsoft) et plus récemment les NATU (Netflix Airbnb Tesla Uber) de nature disruptive sont passés au crible ainsi que l’ensemble des secteurs d’activité de l’économie (par exemple les biotech, l’automobile) qui sous l’impulsion du numérique se transforment.
Ces 9 fantastiques mais aussi le développement des start-up qui poussent comme des champignons, la positive attitude, l’attraction des talents et l’importance du capital-risque sont analysés.
Car même si on assiste à une montée de la Chine et de l’Asie, les États-Unis restent l’unique superpuissance dans le monde tandis qu’à quelques exceptions de champions évoluant en 2e division, l’Europe est numériquement faible.
Ce livre est aussi une puissance investigation de terrain avec 85 entretiens de personnes connaissant bien l’écosystème d’Amérique du Nord.
Ceci comprend des dirigeants français qui ont fait le choix de s’implanter aux États-Unis (avec des témoignages des patrons de Criteo, Sigfox, Leade.rs, Numberly pour ne citer qu’eux) mais aussi des acteurs de toute nationalité.
Alors que la France traverse une période économique difficile depuis plus de 40 ans et d’incertitude notamment politique, 30 recommandations sont livrées en fin de livre pour faire de la France la tête de pont du numérique en Europe et bâtir une nouvelle frontière numérique où face et avec les États-Unis et l’Asie, l’Europe aurait son mot à dire dans une logique de “coopétition“.
Vous pouvez consulter le livre “Made in Silicon Valley” sur ce lien http://www.tinyurl.com/numeriqueUS