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Gaspare Tagliacozzi, pionnier de la chirurgie faciale et inventeur de la greffe italienne

Par Marine @Rmlhistoire

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Il y a quelques temps, je vous parlais des gueules cassées de la Première Guerre mondiale et des grandes améliorations en matière de chirurgie réparatrice, aussi, lorsque je suis tombée sur les livres de Marc Magro au salon du livre de Narbonne, je me suis dit que ce serait l’occasion d’entrer dans les détails. Je ne peux que vous conseiller ses ouvrages, sur les psys, et sur les anecdotes médicales.

Aujourd’hui, je vous parle de la greffe italienne et de l’un des pionniers de la chirurgie faciale, j’ai nommé Gaspare Tagliacozzi ! J’illustre cet article avec des tableaux de la Renaissance et de Rembrandt parce qu’ils sont cool.

Gaspare Tagliacozzi, un chirurgien talentueux

Gaspare Trigambe est né en 1545 à Tagliacozzo, l’Histoire remplace son nom de famille par le nom de sa ville natale sans raison particulière, dans sa première biographie on parle de lui comme de Gaspare Tagliacozzi. A l’âge de 20 ans, il commence ses études de médecine à l’université de Bologne où il rencontre Girolamo Cardano, un médecin italien à la vie dissolue, il va lui apprendre de nombreuses choses avant d’être interdit de conférence et jeté quelque temps en prison. Pour l’époque, avoir une vie dissolue c’est par exemple établir l’horoscope de Jésus Christ, Girolamo se fait choper durant l’Inquisition et paf, il ne peut plus bosser. Mais Gaspare Tagliacozzi a également été accompagné durant ses études par Ulisse Alddrovandi et Julius Cesar Aranzi, des grands noms de sciences naturelles et d’anatomie.

Alors qu’il est encore étudiant, Gaspare Tagliacozzi se rend à l’Hopital de la Mort à Bologne, où il intègre la confrérie de la Mort, pour commencer à s’exercer. Il s’agit d’une clinique dans une prison où les étudiants en médecine peuvent venir faire leurs premiers pas. Ils ont le droit de soigner les personnes prisonnières condamnées à mort. Comme ça, si ça se passe mal ben de toute façon, ils allaient mourir hein… Lorsqu’il ne s’occupe pas des vivants, Gaspare Tagliacozzi achète les corps des prisonniers exécutés pour s’entraîner à ouvrir les corps, à pratiquer des dissections et en apprendre plus sur l’anatomie.

Tagliacozzi_Portrait

En 1560, Taliacozzi obtient son diplôme de médecine, il est rapidement nommé professeur de chirurgie puis d’anatomie. Il enseigne à Bologne, là où il a fait ses études. Encore aujourd’hui au Palais de l’Archiginnasio, on retrouve une statue en bois à l’effigie de Gaspare Tagliacozzi.

Gaspare Tagliacozzi décède en 1599, selon sa volonté son corps a été remis à la confrérie de la Mort afin de servir d’exercice aux futurs médecins.

La greffe italienne, une invention du XVe siècle

La greffe italienne, c’est quand même un concept particulier hein. Pour reconstruire un nez, on a besoin de peau, de tissus vivants. Aussi, enlever un morceau de peau sur la jambe ou le bras pour le poser sur le pif, ça ne marche pas. Les tissus meurent, ça ne vascularise pas et la greffe échoue. Aussi, l’idée de la greffe italienne et de détacher un morceau de peau du bras tout en le laissant en partie attaché afin de garder la vascularisation et de poser le morceau détaché sur le nez. Par la magie du corps humain et une immobilisation le bras en l’air pendant environ 20 jours, le morceau de peau vivant (car encore accroché au bras) permet de créer un nouveau réseau de vascularisation sur le nez. Et paf, on coupe le morceau attaché au bras et on a un nez presque parfait. Ouais, au XVIe siècle, les mecs n’étaient quand même pas Christian et Sean de Nip Tuck hein. Mais tout de même, il y avait de l’idée.

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Cette greffe s’est développée en Italie pour la simple et bonne raison que les Italiens se battent régulièrement en duel et bien souvent, ils se retrouvent blessés au nez… La guerre a également donné de nombreux cobayes à la greffe italienne.

Les premiers à avoir tenté la greffe sont Gustavo et Antonio Branca, médecins de père en fils au XVe siècle. Gustavo Branca a tout d’abord tenté la greffe avec la peau de la joue, mais c’était un fiasco, alors le fils essaye avec le bras. C’est un fiasco aussi et l’idée est de nombreuses fois critiquée, mais un siècle plus tard Gaspare Tagliacozzi parvient à réaliser une greffe parfaite et la méthode est reprise par plusieurs chirurgiens, notamment Fortunio Liceti en 1616 qui utilise le bouquin de Gaspare :De Curtorum Chirurgia per Insitionem (1597) (« Sur la chirurgie des mutilations par greffage »). Le chirurgien explique minutieusement toutes les étapes de la greffe et les instruments à utiliser, et il ne s’en attribue pas la paternité en citant la famille Branca, il a seulement perfectionné ce que l’on savait déjà et ça marche plutôt bien. Il y explique également des techniques pour greffer les lèvres et des oreilles, on le surnomme alors le « chirurgien des miracles ».

miracle

La greffe italienne a été utilisée de nombreuses fois durant la Première Guerre mondiale sur les soldats ayant perdus leur nez dans les combats. Mais également sur les personnes souffrant de syphilis, la maladie détruisant les os du nez. On peut le voir dans la série The Knick qui est vraiment bien foutue en terme d’histoire de la médecine.

Si cet article t’a donné envie de te faire refaire le nez ou s’il t’a appris plein de trucs cools, tu peux soutenir le blog en partageant l’article, en achetant les livres du blog ou encore en soutenant le blog sur Tipeee !

Pour en savoir plus : un article sur Gallica et le bouquin illustré de Gaspare Tagliacozzi

Michiel Jansz van Mierevelt (1617) Lección de Anatomía del Dr. Willem van der Meer


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