Partager la publication "[Critique série] 13 REASONS WHY – Saison 1"
Titre original : 13 Reasons Why
Note:
Origine : États-Unis
Créateur : Brian Yorkey
Réalisateurs : Tom McCarthy, Helen Shaver, Kyle Patrick Alvarez, Gregg Araki, Carl Franklin, Jessica Yu.
Distribution : Katherine Langford, Dylan Minnette, Christian Navarro, Alisha Boe, Brandon Flynn, Justin Prentice, Miles Heizer, Ross Butler, Devin Druid, Kate Walsh…
Genre : Drame/Adaptation
Diffusion en France : Netflix
Nombre d’épisodes : 13
Le Pitch :
Clay Jensen, un adolescent, reçoit une boite contenant des cassettes enregistrées par Hannah Baker, l’une de ses amies qui s’est récemment suicidés. Des cassettes sur lesquelles la jeune fille explique les raisons qui l’ont poussée à ce geste, chaque face étant consacrée à une personne en particulier. Bouleversé, Clay va l’être encore plus quand il va découvrir les vérités que livre Hannah sur certaines personnes de son entourage…
La Critique de la saison 1 de 13 Reasons Why :
La première saison de cette série co-produite par Selena Gomez, qui s’est par ailleurs beaucoup investie dans la promotion, a fait parler. Certains l’accusant d’encourager on ne sait trop comment le harcèlement scolaire, d’être trop dure et crûe et d’autres louant ses qualités en la portant au pinacle. Car c’est bien de cela dont il s’agit dans 13 Reasons Why : de harcèlement scolaire. Du suicide d’une jeune fille devenue la cible de plusieurs agressions et autres brimades dans son lycée. Un sujet sensible qui plus est dans l’air du temps, que la série n’a pas eu peur d’attaquer de front…
Face A/Face B
La mécanique de 13 Reasons Why est simple : le personnage principal, Clay Jensen, interprété par Dylan Minnette (Lost, Chair de Poule) écoute une face de chaque cassette par épisode. Chaque face s’intéressant à un personnage en particulier (lui y compris). La série divise donc sa narration en deux parties distinctes : le passé et le présent. Le passé, avec Hannah Baker qui explique en voix off ses ressentis sur plusieurs de ses « camarades » de classe, en dessinant au fur et à mesure que l’histoire avance, les raisons de son suicide, et le présent, où Clay prend conscience de la vérité, essaye de la gérer et d’agir en conséquence auprès de ceux qui sont responsables de la mort de son amie.
Une dynamique efficace mais un peu redondante. Il ne faut d’ailleurs pas aller chercher plus loin le principal défaut de 13 Reasons Why : parfois, la série tourne un peu en rond. Elle se répète et traîne en longueur. Les épisodes sont souvent longs et il y en a trop. On ne finit plus de se rapprocher du dénouement tout en en restant éloigné trop longtemps. Paradoxal ? Pas tant que ça quand on voit la manière avec laquelle les scénaristes s’y prennent pour instaurer puis entretenir un suspense qui repose parfois sur des surlignages intensifs et des incohérences de plus en plus problématiques.
Résultat, la série ne parvient pas toujours à garder l’ennui à distance. Parfois, c’est carrément barbant. Mais cela dit, ce n’est jamais vraiment inintéressant, tant ce qui est dit, même si la façon de faire pêche un peu par un manque de synthèse et de subtilité, reste pertinent. Quiconque a été au lycée reconnaîtra des choses. Le microcosme dépeint ici est crédible et réaliste, que ce soit dans la façon que le show a de décrire l’amitié et l’inimité, les premier flirts, les frustrations, les joies et les peines de ses personnages…
Une série d’ados différente
13 Reasons Why n’a pas grand chose à voir avec les séries américaines classiques pour adolescents. Elles va au fond des choses. Cherche parfois à trop le faire mais ne se défait jamais d’une bonne volonté qui lui permet quoi qu’il en soit de mener son intrigue à son terme sans se perdre trop non plus. Avec trois bons épisodes de moins, la série aurait vraiment été plus percutante et plus éloquente mais en l’état, elle parvient à déjouer les pronostics et à se défaire de la majorité des clichés inhérents aux œuvres dédiées à la jeunesse. On retrouve d’ailleurs parmi les réalisateurs embauchés Gregg Araki, lui qui est justement l’un des grands spécialistes de la chronique adolescente sans concession (on lui doit Mysterious Skin et Kaboom). Le signe qu’au fond, 13 Reasons Why ne souhaite pas s’imposer de barrière pour dire ce qu’elle a à dire. Un propos parfois très dur, à la fin en particulier, qui la place quoi qu’il en soit, et même si nous sommes heureusement loin des œuvres les plus violentes d’Araki, dans une sorte de radicalité qui ne peut pas laisser indifférent.
Les acteurs aussi vont dans ce sens, eux qui contribuent largement à maintenir la tension et à donner du corps au propos général. Dylan Minnette en particulier est très bon, tout comme la débutante Katherine Langford, qui campe avec une sensibilité à fleur de peau Hannah Baker, l’élève autour de laquelle tout s’articule. Deux comédiens qui mènent une distribution véritablement remarquable, dans les méandres d’une sorte d’enquête pas comme les autres, dont les ressorts, un peu prévisibles, sont également exploités de manière trop appuyée. Possédant un gros ventre mou pile poil en son milieu, cette première saison réussit néanmoins à toucher au vif et sait imposer son souvenir longtemps après la dernière image du 13ème épisode.
En Bref…
Phénomène de ce début d’année, 13 Reasons Why est une série difficile, qui dénonce un véritable problème, sans ambages, avec conviction et force. Une œuvre un peu maladroite, qui s’étire trop en longueur mais qui va jusqu’au bout, sans détourner le regard en n’ayant pas peur de choquer. Et si on se demande franchement ce que le showrunner va bien pouvoir nous proposer pour la saison 2, d’ores et déjà dans les tuyaux, force est de reconnaître que ce premier acte ne manque pas d’atouts et réussit l’essentiel : souligner un problème de société trop souvent ignoré, dont les ravages sont pourtant tout sauf négligeables.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Netflix