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Reza, le photographe qui nous conte le monde

Publié le 04 juillet 2017 par Aude Mathey @Culturecomblog

Reza, le photographe qui nous conte le monde © Mark Thiessen

Reporter-photographe sur les scènes internationales, Reza photographie les hommes et les femmes pris au cœur des conflits, des révolutions et autres cataclysmes humains. Mais, pas seulement…

Vous dites que votre mission est de photographier la beauté mais aussi le pire de l’humanité. Comment passe-t-on de l’un à l’autre ?

En fait, ce sont les deux facettes d’une même pièce. Comme le bien et le mal, la vie et la mort. L’une n’existe pas sans l’autre. Très tôt, la photographie a donc été un moyen d’exprimer ce que je ressentais.

Pour moi, le sujet le plus important est l’être humain. Par contre, pour pouvoir le défendre, il me faut le connaître. C’est pourquoi je vais à la rencontre des peuples et des cultures. J’essaie de les comprendre de l’intérieur. Dans mes photographies, je tente de montrer la beauté de l’âme humaine pour qu’ensuite, les hommes et les femmes aiment l’humanité. En effet, il me semble qu’à force de montrer le pire, l’Homme ne verra plus les côtés positifs de la vie. Je cherche donc à aller à l’essentiel, à être minimaliste, à créer un face à face avec le sujet. Les photos sont habités et vivantes.

Existe t-il des sujets que vous vous interdisez de photographier ? Si oui, lesquels et pourquoi ?

Pour moi, le plus important est de toujours garder la dignité des personnes que je photographie. Les gens ne sont pas des objets. La photo peut permettre un autre regard sur eux. Ils sont alors partie prenante. Par exemple, de statut de victimes, ils deviennent acteurs de leur vie.

Reza, le photographe qui nous conte le monde
 © Sur la route de l’exil – Reza

Quand je photographie un mort, il appartient à une histoire. Ce n’est pas un simple cadavre, sans passé ou humanité. Je veux que les spectateurs de mon travail ressentent de l’empathie, qu’ils comprennent ce qui se cache derrière un cliché.

Mais, quand les gens sont en danger, en pleine détresse, je pose mon appareil et j’essaie d’intervenir, de les aider si je le peux.

Est-ce que votre expérience de la torture, de l’exil, vous a permis d’avoir une approche particulière dans votre travail de reporter-photographe ?

Il me semble que la prison, la torture, l’exil et tous les événements difficiles que l’on traverse nous influencent.  Il est même souvent impossible de décrire ces moments par de simples mots. Ainsi, l’art peut aussi être un bon moyen de s’exprimer.

Reza, le photographe qui nous conte le monde
  © Reza

En même temps, une fois que vous avez passé ces étapes, votre regard envers celui qui souffre, celui qui subit une injustice, change. De par ma propre expérience, une empathie s’est créée. Je peux comprendre la souffrance et le traumatisme d’un réfugié, d’un prisonnier ou d’un homme qui a été torturé. Tout cela a une influence certaine dans le choix de mes sujets. Je m’efforce constamment de montrer d’autres facettes de l’Homme.

Qu’est-ce que vos études en architecture apportent à votre travail ? Quel parallèle faites-vous entre photographie et architecture ?

Pour moi, la photographie et l’architecture sont très liées. Dans certaines de mes photos, les perspectives, les lignes sont très architecturales. Je fais aussi très attention au background.

Reza, le photographe qui nous conte le monde
  © Reza

L’architecture est la plus complète des sciences académiques. C’est une science extrêmement rigoureuse, mais aussi collective. Il y a tout une réflexion et des études préalables avant d’entamer un chantier. On part de l’étude de l’anatomie humaine, de la psychologie, des relations collectives, familiales, etc. On travaille aussi sur le volume, les matériaux, les conditions climatiques. Il faut donc avoir une connaissance de tout ce qui est lié à l’être humain et à son environnement. Ensuite, on ajoute à tout cela une bonne connaissance du graphisme et des couleurs.

Après avoir fondé Aina, une ONG internationale, Reza a créé les Ateliers Reza, une association qui lui permet de continuer à mener des actions de formation visuelle dans le monde, des camps de réfugiés aux banlieues d’Europe. 

Actualité : Reza sera bientôt à Buenos Aires où il a lancé une formation pour une cinquantaine de jeunes de deux favelas, dans le cadre de la grande biennale d’art contemporain Bienal Del Sur

Pour en savoir plus sur les ateliers Reza : www.facebook.com/lesateliersreza

Pour en savoir plus sur Reza : www.rezaphoto.org


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