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La grande drive des esprits de Gisèle Pineau

Par Hamisoitil @lecturedehamik
La grande drive des esprits de Gisèle PineauQUATRIÈME DE COUVERTURE :
Un roman foisonnant dans les mornes de Guadeloupe.
Léonce, jeune homme plein de qualités et travailleur, traîne une infirmité de naissance, un pied-bot qui éloigne de lui les femmes. Mais sa persévérance et ses mots d'amour passionnés finissent par séduire Myrtha, jeune fille d'une grande beauté. Les jeunes gens se marient, ont des enfants, leurs affaires prospèrent, et tout aurait pu se poursuivre sans encombre...
Cela aurait été sans compter sur la drive – ou errance – des esprits, les mauvais augures, les rumeurs et les malédictions lancées par les coeurs haineux et les âmes vengeresses.
Page après page, Gisèle Pineau nous conduit sur les hauteurs de mornes broussailleux, au coeur de jardins créoles, dans les rues de Pointe-à-Pitre, sur les bancs de l'église, sur les routes de Haute-Terre. Elle nous ouvre les portes des croyances locales et laisse s'échapper ces contes fantastiques qui ourlent magistralement le destin des hommes.
Grand Prix des lectrices de Elle 1994
Prix Carbet de la Caraïbe 1993
  • Poche: 222 pages
  • Editeur : Philippe Rey 
  • Collection : FUGUES
  • Date de sortie : 23 mars 2017
  • Prix : 8.50 € (papier) 8.49 € (ebook)
  • * SERVICE DE PRESSE


MON AVIS :
Léonce, je te le dis aujourd'hui solennellement - et que la Soufrière crache ses cendres sur l'heure si je mens ! - pendant que les cœurs sont en fête ici-là, de l'autre côté de la mer, un homme de haine grandit. Son emblème est une croix crochue. Il écrasera, dominera, anéantira. Et sa fureur sera pareille à celle des négriers d'antan... Ne crains rien pour tes frères. Les nègres, cette fois, ne connaîtrons ni l'exil, les les fers...
La Guadeloupe, belle île en forme de papillon qui redonne le moral avec ses plages paradisiaques, ses eaux turquoises, et ses saveurs épicées. La Guadeloupe, je connais car je le suis par ma mère. Petite, elle me racontait souvent des histoires sur mon grand-père, comment à cette époque tout était plus dur, où l'homme noir avait dû faire front face à l'homme blanc (Béké), au temps de l'esclavage ou même après. Elle me parlait de toutes ses superstitions, des rites, des légendes, du Gwo'ka (tambour) et j'en passe. Paroles de l'époque où je me revois  encore assise, près d'elle, à l'écouter, à poser des questions, à en savoir plus sur cette terre caribéenne, qui a accueillie mes ancêtres au temps de l'esclavage.
C'est alors que Gisèle Pineau retrace avec brio et  beaucoup d'humilité l'histoire de la Guadeloupe en 1932, à travers Léonce, qui traîne derrière lui, une infirmité congénitale, un pied-bot, ce qui va l'empêcher de s'approcher des filles, dont Myrtha. Tout le monde le décourage car avoir un "handicap" de la sorte est tout simplement une abomination. Pourtant, Léonce, ne perd pas espoir. Cette fille, il l'a veut. Il l'a désire et il l'aura. C'est d'ailleurs ce qui va se passer. On va suivre toute la vie de ce couple, quand ils vont se découvrir, apprendre à vivre ensemble... pour devenir parents par la suite, dans une ambiance très créole, très familiale et dure également car certains faits historiques ne sont pas épargnés. Du coup, certains souvenirs remontent à la surface, nous replonge dans ce qu'il connait le mieux l'antillais, la famille. Et pour aller encore plus loin, l'auteure rajoute quelques textes, des berceuses ou des anecdotes en créole, pour bien imager l'ensemble.
Léonce voulait prouver à chacun , et avant tout à lui-même, que le pied bot qui l'empêchait d'aller sur les champs de bataille en France, ne lui prenait sa vie. Alors, pendant ces années de pénurie, ces temps d'apocalypse, il travailla dur sur ses terres. Il fallait le voir pourfendre les bananiers, tailler en pièces les cannes, sabrer les herbes coupantes.
Pour ma part, j'ai pris plaisir à suivre cette fresque familiale, jusqu'aux enfants à l'âge adulte. J'ai adoré redécouvrir la Guadeloupe, les rues de  Pointe-à-pitre... Comme une sensation de  sentir les odeurs, les épices, voir les paysages, les cases, les enfants courir, les histoires entre voisins, les vieilles croyances locales, dont les esprits qui reviennent avec un message bien précis... C'est réellement un vrai plongeon en arrière, dans une époque historique antillaise qui est parfois, encore aujourd'hui, mise à l'écart. Gisèle Pineau a décortiqué la façon de faire, a imaginé ou peut-être même avec l'aide des anciens une histoire qui tient la route, qui a du sens, et qui laisse un certain message à nous autres, cette nouvelle génération. Et même si tout n'est pas parfait dans ce livre, comme la non traduction de certaines phrases  en créole, je recommande ce livre !
La grande drive des esprits de Gisèle Pineau
MA NOTE :La grande drive des esprits de Gisèle Pineau

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