Voici (re)venu le temps des polars: petits et grands plaisirs d'un été qui bientôt ne sera plus.
Les nuits sont courtes, comme les jupes des filles, légères, comme la brise de la mer, sensorielles, comme les étoiles dans le ciel, éveillées, comme les vastes champs de blé. C'est clair, mes sombres nuits d'été sont de bien belles belles de nuit, frémissantes et frêles.Petits matins fugitifs, au commencement du début de toujours. Eau fraîche sur le visage, miroir replet d'azur, je suis un badaud docile, à mon domicile fixé.
Je me délecte d'une tranche de pastèque, je me respire un grand bol de café, je me fais du bien.
Les nourritures terrestres sont nimbées d'une profonde étrangeté.
Trottoir chaleureux, heureux de me revoir, la voiture me cligne de l'oeil, c'est reparti pour un tour.Routes fluides comme l'eau du robinet, conducteurs assagis et philosophiques, cheveux blancs au volant, je me laisse tanguer dans la douce ondulation de l'asphalte. J'écoute France Musique, pas de verbiage politique, pas de nouvelles catastrophiques, pas d'attentats terrifiques, juste de la bonne zizique, qui me baume et me rêve.
Les heures fondent sous les rayons aimants du soleil. En émoi devant l'univers, le soleil, loin de tout egocentrisme renvoie en la décuplant l'énergie qu'il reçoit. Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir.
Les champs, les lacs, les forêts, les parcs publics et les gazons privés, la nature dans son ensemble, sans oublier les oiseaux, les biches et les chats, entonnent une mélodie éthérée, douce et lancinante. Me voici avec ma bande, filles et garçons, jeunes et idiots, allongés dans l'herbe, un petit ruisseau nous dorlote de ses eaux fines, une musique des années 80 se propulse hors du radio-cassette et vient caresser l'ambiance sans violence ni pleurs. On rigole, on blague, on bavarde, rien n'est important, tant que la lumière nous abreuve, tant que dure ce sentiment de vivre la vie.