Sadi Carnot, le cinquième président de l’histoire de la République, entre à l’Elysée en 1887. C’est un chef d’État modeste, proche du peuple. Il vient Lyon en 1894 pour visiter l’Exposition universelle. Les rues sont pavoisées. Dimanche 24 juin, 21 heures. Sadi Carnot sort d’un grand banquet en son honneur : truffes, filets de bœuf, civet de lièvre. Honneurs militaires, hymne national. Il est 21h15 : le président part pour le Grand théâtre. Mais il n’y arrivera jamais.
Nous voici 123 ans plus tard sur les lieux du crime, rue de la République, désormais au milieu des voitures. « Sadi Carnot et le maire de Lyon Antoine Gailleton sont dans un landau tiré par quatre chevaux », raconte l’historien lyonnais Gérard Chauvy. « La foule est innombrable, il n’y a aucune protection. Cela va permettre à un individu de monter sur le marche-pied du véhicule. On croit qu’il a un bouquet à la main. En fait, il tient un poignard qu’il plonge dans la poitrine du président Sadi Carnot », poursuit-il.
Le « une » du quotidien « Le Petit Journal », où un illustrateur a reconstitué l’assassinat du président CarnotCrédit : DR« Je suis blessé » : ce sera sa dernière parole de la victime. S’ensuit une longue agonie de plus de 3 heures, dans d’atroces souffrances. L’auteur du coup de couteau mortel, l’anarchiste italien Caserio, est arrêté par la foule, jugé puis guillotiné. De cette soirée funeste, il reste des souvenirs historiques, personnels et inestimables, à 450 kilomètres de là, dans le château de Presles, à Cerny. Une magnifique demeure familiale où séjournait Sadi Carnot, et où réside désormais son arrière-petit-fils, Thierry Carnot.