Porté par une partition encore une fois envoûtante de Gustavo Santaolalla (l'irréprochable compositeur de Sur la route, Carnets de voyage ou Brokeback Mountain), les Nouveaux Sauvages parvient également à convaincre - car l'exercice est tout de même périlleux - grâce à des interprètes totalement impliqués et une réalisation sobre qui sait soigner ses angles de prises de vue et ses cadrages tout en se focalisant sur les personnages.
Evidemment, tous les segments ne se valent pas, mais leur juxtaposition
et leurs différences de traitement parviennent à éviter la lassitude et à renouveler l'intérêt. On se surprend ainsi à se délecter du malheur chronique de certains, comme cet ingénieur des Ponts et Chaussées qui accumule autant d'avanies en une seule journée que la plupart d'entre nous en un an, uniquement dans la perspective de les voir fulminer, en explosant littéralement de rage ou au contraire en préparant méthodiquement une vengeance implacable (tout dépend de la température à laquelle on veut manger ce plat). Tout est prétexte pour voir le vernis social s'effriter et s'effacer sous les coups de boutoirs ataviques de la bête ancestrale.
Un film sympathique bien qu'irrégulier, qui saura vous tirer quelques sourires complices.