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Petite valse viennoise de Federico Garcia Lorca

Publié le 18 août 2017 par Halleyjc

À propos donc de ce Pequeño vals Vienés interprété par Sílvia Pérez Cruz et Raül Fernandez Miró : c’est d’abord un poème de Lorca, l’un des derniers du recueil Poeta en Nueva York (Poète à New York, 1929-1930). Voici :

En Viena hay diez muchachas,
un hombro donde solloza la muerte
y un bosque de palomas disecadas.
Hay un fragmento de la mañana
en el museo de la escarcha.
Hay un salón con mil ventanas. À Vienne il y a dix jeunes filles,
une épaule où sanglote la mort
et un bois de colombes empaillées,
Il y a un fragment de matin
au musée du givre.
Il y a un un salon à mille fenêtres.

¡Ay, ay, ay, ay!
Toma este vals con la boca cerrada. Ay, ay, ay, ay !
Prends cette valse la bouche fermée.

Este vals, este vals, este vals, este vals,
de sí, de muerte y de coñac
que moja su cola en el mar. Cette valse, valse, valse
De oui, de mort et de cognac,
Qui mouille sa traîne dans la mer.

Te quiero, te quiero, te quiero,
con la butaca y el libro muerto,
por el melancólico pasillo,
en el oscuro desván del lirio,
en nuestra cama de la luna
y en la danza que sueña la tortuga. Je t’aime, t’aime, t’aime,
avec le fauteuil et le livre mort,
dans le couloir mélancolique,
au grenier sombre de l’iris,
dans notre lit de la lune
et par la danse que rêve la tortue.

¡Ay, ay, ay, ay!
Toma este vals de quebrada cintura. Ay, ay, ay, ay !
Prends cette valse aux reins cambrés.

En Viena hay cuatro espejos
donde juegan tu boca y los ecos.
Hay una muerte para piano
que pinta de azul a los muchachos.
Hay mendigos por los tejados,
hay frescas guirnaldas de llanto. À Vienne il y a quatre miroirs
où jouent ta bouche et les échos.
Il y a une mort pour piano
qui peint en bleu les jeunes gars.
Il y a des mendiants sur les toits.
Il y a de fraîches guirlandes de pleurs.

¡Ay, ay, ay, ay!
Toma este vals que se muere en mis brazos. Ay, ay, ay, ay !
Prends cette valse qui meurt dans mes bras.

Porque te quiero, te quiero, amor mío,
en el desván donde juegan los niños,
soñando viejas luces de Hungría
por los rumores de la tarde tibia,
viendo ovejas y lirios de nieve
por el silencio oscuro de tu frente. Parce que je t’aime, je t’aime, amour,
dans le grenier où vont jouer les enfants,
rêvant de vieux lustres de Hongrie
dans la rumeur du tendre après-midi,
voyant des brebis et des iris de neige
dans le silence obscur de ton front.

¡Ay, ay, ay, ay!
Toma este vals, este vals del « Te quiero siempre ». Ay, ay, ay, ay !
Je prends la valse « Je t’aime toujours. »

En Viena bailaré contigo
con un disfraz que tenga
cabeza de río.
¡Mira qué orillas tengo de jacintos!
Dejaré mi boca entre tus piernas,
mi alma en fotografías y azucenas,
y en las ondas oscuras de tu andar
quiero, amor mío, amor mío, dejar,
violín y sepulcro, las cintas del vals. À Vienne, je danserai avec toi
dans un déguisement qui aura
une tête de fleuve.
Vois mes rives de jacinthes !
Je laisserai ma bouche entre tes jambes,
mon âme dans des lis et des photographies
et dans la vague obscure de ta démarche
je veux, mon amour, mon amour, laisser,
violon et sépulcre, les rubans de la valse.

Federico García Lorca (1898-1936). Pequeño vals vienés, extrait de Poeta en Nueva York (1929-1930). Federico García Lorca (1898-1936). Petite valse viennoise, traduit de : Pequeño vals vienés par Pierre Darmangeat. Dans : Poésies 111 / Federico García Lorca, Gallimard, 1968, (Poésie).


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