Le 12 août, les Québécois étaient invités à se procurer un livre québécois. Ce jour-là, j’étais aux Correspondances d’Eastman et j’écoutais Jacques Allard nous faire la lecture d’un extrait de son dernier roman. Le ton m’a plu et je l’ai acheté, de même que le précédent, Rose de La Tuque.
Jacques Allard n’est pas le premier venu dans le monde des lettres québécoises. Il y a principalement fait sa marque comme enseignant de littérature à l’UQAM ainsi qu’à titre d’auteur d’une imposante bibliographie d’essais et d’ouvrages critiques et théoriques. Enfin, il est le Président fondateur de ce merveilleux festival littéraire que sont Les correspondances d’Eastman. En 2011, le septuagénaire se lance dans la fiction avec Rose de La Tuque, qui lui vaut en 2012 le prix Alfred-DesRochers.
Rose de La Tuque, c’est l’histoire d’une jeune femme tombée amoureuse d’une sorte de Survenant qui repart comme il est venu, en lui laissant toutefois au ventre une petite vie qui se fiche bien des conventions étroites de la société québécoise d’avant-guerre. La pauvre Rose confie ses espoirs et ses tourments à son journal durant les quelques mois qui courent trop vite entre la malencontreuse conception et l’heureuse conclusion de l’aventure.
D’emblée, le sujet m’intéressait car très lié à des périodes que couvriront mes prochains romans. Et j’aime bien d’habitude ce genre de récit intimiste et poétique. Même si j’ai tenu bon jusqu’au bout, je dois avouer que je me suis ennuyée à plusieurs moments durant cette lecture. J’y ai trouvé mon compte sur le plan de la description d’une époque, mais les personnages me sont apparus trop peu développés. L’héroïne a une vision simpliste de la vie et des gens, les rares colères qui surviennent tombent à plat. Je ne suis pas arrivée à m’attacher à cette Rose. En bref, l’exercice ma semblé didactique, comme si l’auteur cherchait plus à nous faire part de ses recherches sur les us et coutumes, les événements de la petite et de la grande histoire, qu’à se mettre dans la peau de cette femme coincée dans le carcan d’une société dominée par le clergé et une religion infantilisante et tatillonne et dont le salut passe par le retour du géniteur
Son deuxième roman paru récemment nous entraîne dans les aventures de Sarah Zweig, l’amie de Rose, Autrichienne de naissance, nièce fictive de Stefán Zweig. J’ose espérer qu’il me plaira davantage.
Jacques Allard, Rose de La Tuque, Hurtubise, 2011, 323 pages