Colora Festival - day two - Binnenpleinen De Zevensprong, Leuven - 19 août 2017
Charles Eloy
Le partenaire principal du Colora Festival est Masereelfonds, une association culturelle progressive et indépendante en Flandre, ayant un regard critique sur notre société et essayant d'améliorer le bien-être de la population. Durant l'année, le Colora Festival organise également des cafés-concerts et représentations dans des salles.
Nous avons un coup de chance, les ondées localisées, annoncées par le service météo se sont pas au rendez-vous et les spectateurs profitent des spectacles dans une grande cour ouverte, entourée de bâtiments. Une autre partie des concerts se déroule dans une salle avec une excellente qualité acoustique.
Ce soir, le groupe Nojin , dont fait partie Akram Hamo, se retrouve sur scène avec quatre musiciens (trois kurdes originaires de Syrie, ayant quitté leur pays suite aux circonstances géopolitiques) et Monique Jobin, une musicienne belgo-suisse). Les musiciens emportent également dans leurs bagages les chants traditionnels des dengbejs (anciens bardes, conteurs qui parcouraient les villages), un élément essentiel afin de préserver la culture kurde. A titre d' information, les Kurdes représentent une population mondiale d'environ 50 millions de personnes, répartie sur le Kurdistan et les divers états actuels. Deux des musiciens portent des habits traditionnels et la claviériste a également des vêtements de couleurs vives.
"Min beiya te kiriye" (tu me manques) est une reprise des années quatre-vingt du poète, musicien, interprète Sivan Perwez, un Kurde né en Turquie et vivant actuellement en exil à l'étranger. Le chant me semble nostalgique - les paroles citent la beauté du pays kurde - sur le tempo lent de la composition. Les gammes orientales viennent enrichir la chanson.
Peyna te nayé: le chanteur Yousef Rasho chante d'une voix, qui paraît monotone à nos oreilles occidentales, sur un rythme endiablé. Yousef a une voix exercée et précise. Un contraste inattendu dans l'interprétation, mais très intéressant comme approche musicale. Akran Hamo l'accompagne au tamboor (luth, instrument à cordes pincées).
Monique Jobin au synthétiseur apporte une touche de musique occidentale dont elle possède une large connaissance . Elle est également compositrice, pianiste, joue de l'orgue et du clavecin.
Les six autres titres du répertoire nous offrent des musiques très variées.
Ensuite suit le groupe Idirad Trio qui se démarque des autres groupes repris sous l'étiquette "musique du monde". Certes les musiciens ne renient pas leurs sources traditionnelles, mais ils recherchent également leurs inspirations dans la vie quotidienne. Leur mix de poésie et de musique festive est chaleureusement accueilli par le public.
La chanson "Rose du désert" est une fusion de cultures berbère et française. Le texte plein de poésie nous décrit la vie quotidienne dans les zones arides. Chaque couplet reprend un thème (l'enfance, les parents, les conditions de vie dans les champs, l'exil). A la fin de la chanson, Les soli planants du guitariste transportent nos esprits dans des espaces aériens. Les autres textes sont en langue amazighe (berbère)
La chanson suivante, inspiré des Touaregs nous emmène dans le cœur du Sahara. Les instruments (Idir à la mandole et le guitariste soliste) dialoguent dans un style musical "desert blues" se rapprochant celui du groupe Tinawiren, qui a influencé toute une génération de musiciens. Il n'y a pas de secret, avant la formation du groupe Idirad, Idir jouait avec Anana Harouna du groupe touareg Kel Assouf.
Nul n'est prophète dans son propre pays. Il n'est pas étonnant que leur album "Zik", représentant une panoplie de la musique berbère actuelle, soit encensé par la presse spécialisée étrangère avec des critiques favorables sur World Music Central (EUA), Rythmes Croisés (FR), Foolkbog (it), ekultura (Hongrie) et autres.
Initialement, Le groupe Idirad était composé de six membres. Actuellement, les membres formant le noyau du groupe jouent plusieurs instruments. Idir alterne entre guitare acoustique et mandole, le second guitariste entre guitare électrique et basse, tandis que Mourad jongle avec la derbouka, le bendir, calebasse et cajun. Toutes ces possibilités instrumentales, rendant leur musique très actuelle, sont appréciées par le public.
Un concert avec Idirad, ce sont l'âme et l'esprit berbère, qui avec l'expérience du passé, se retrouvent projetés dans le présent et le futur.
La soirée se termine en apothéose avec Ambrassband. Notre collègue Michel Preumont ayant rédigé un excellent compte-rendu de leur concert au Jam'in Jette Festival le 13 mai 2017. Il n'y a rien de neuf à ajouter.
Nous n'avons repris qu'une partie d'une journée du Colora Festival se déroulant du 18 au 20 août. Les organisateurs proposent des concerts (talents internationaux et régionaux, cuisine du monde, expositions, work shops, animations pour enfants, sans oublier les afterparties. Un excellent choix dans la programmation pour un festival joyeux, convivial et ouvert.