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« Le Petit garçon sur la plage » de Pierre Demarty

Par Angelalitterature

Pierre Demarty, Le Petit garçon sur la plage, Verdier, 128 pages, 13€.

Un homme se trouve dans une salle de cinéma. Il est bouleversé par l'image d'un petit garçon criant seul sur une plage, les parents venant d'être engloutis par la mer. Un peu plus tard, c'est l'image de ce petit enfant syrien que le monde entier a vu à la une des journaux, le visage contre le sable d'une plage. Tout le roman tourne autour de ces deux images. Un parallèle est fait entre les deux, comme si elles étaient similaires, puis peu à peu, on s'en éloigne, pour mieux comprendre où Pierre Demarty veut nous emmener...

Ce roman est celui d'un homme qui prend conscience de son statut de père. Il a deux garçons. Et ces deux enfants qu'il a vus au cinéma et à la une des journaux auraient pu être les siens. Le Petit garçon sur la plage évoque ce rapport entre un père et son fils, la responsabilité que le statut de père incombe. Chaque passage, en partie dû à la simplicité de l'écriture, proche d'une écriture blanche, bouleverse le lecteur. On entre dans la peau de cet homme. On voit ce qu'il voit, entend ce qu'il entend. On entre dans le livre, on devient personnage à ses côtés, vivant et ressentant avec autant d'intensité que lui, ce qu'il nous raconte. Pierre Demarty écrit avec humilité et simplicité. Son roman est tristement beau.

"Il y a deux images.

Deux petits garçons.

Ces deux images se ressemblent. Mais elles ne font que ça, se ressembler. Il y a, dans l'une et l'autre,n la plage, la mer, un petit garçon. Ce sont deux images presque identiques. Il y a, entre elles, des points communs. Des échos, des ressemblances.

En réalité elles n'ont rien à voir.

L'une, c'est une photographie. L'autre est tirée d'une séquence filmée.

L'une, c'est une image qui bouge. L'autre, une image qui ne bouge pas.

Il y a une différence.

Ce les apparente profondément, pourtant, c'est autre chose. Ce qui les rend indissociables est ailleurs, hors d'elles. Pas dans les images elles-mêmes, pas dans ce qui s'y montre, dans ce qui s'y voit quand on les regarde.

Mais dans son regard, à lui.

L'homme qui regarde ces images."

A la rentrée littéraire de l'année dernière, on prévenait les mères d'enfants en bas âge : ne lisez pas pas Chanson douce de Leïla Slimani, ou en tout cas pas tout de suite. Cette année, on préviendra les pères de jeunes enfants : ne lisez pas Le Petit garçon sur la plage, ou en tout cas, pas tout de suite. Pour les autres, ne vous privez pas de ce court roman qui a tout d'un grand.

Site des éditions Verdier

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