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(Note de lecture) Sereine Berlottier, "Au bord", par Véronique Pittolo

Par Florence Trocmé

BerlottierCe livre pose les questions suivantes :
Y a-t-il une poésie de circonstance ? Si le deuil est une occasion de réparation par l’écriture, le tombeau poétique est-il un genre, toujours actuel ?
La tendresse du poète mystique qui transfigure l’être aimé, disparu (Dante, Béatrice) prendra ici l’aspect d’un texte discret, modeste, émouvant. A la mystique dantesque, Sereine Berlottier répond par une poésie chuchotante, qui n’exclut pas le raffinement. Plantes fanées, blouses blanches, étrangeté aseptisée d’une chambre d’hôpital, constituent le répertoire mouvant de moments extrêmes, dans un espace où chaque chose, dans son insignifiance, prend une valeur absolue.
 
Quand nous avions refermé la porte
Quand nos pas s’éloignaient au fond du couloir
Dernier bonsoir à l’infirmière de garde
Les louanges à la personne disparue peuvent prendre diverses formes
(ode, oraison, témoignage). Elles entrelacent ici le souvenir et le présent des visites à l’hôpital, où le quotidien s’organise autour d’un corps, d’une voix, d’un silence partagé. À partir de quelques paroles, les quelques observations qu’on tente de retenir sont retravaillées dans le vers, la strophe, dans une douceur revivifiante.
Le poème entrouvre une porte discrète sur la fin de vie.
Une dernière fois formulées, les phrases révèlent l’étrangeté de la situation.
Quelle est la dernière image, la dernière phrase que l’on garde de la personne disparue ?
Une plante qui fane sur le rebord d’une fenêtre ?
Le choix d’une forme
Son émiettement
Si les plantes n'ont pas tenu sur la tombe, le poème restera vivant, comme un élan
salutaire.

Véronique Pittolo

Sereine Berlottier, Au bord, Éditions Lanskine, 2017, 80 p., 12€


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