Partager la publication "[Critique série] KINGDOM – Saison 3"
Titre original : Kingdom
Note:
Origine : États-Unis
Créateur : Byron Balasco
Réalisateurs : Sidney Sidell, Michael Morris, Adam Davidson, Padraic McKinley.
Distribution : Frank Grillo, Kiele Sanchez, Matt Lauria, Jonathan Tucker, Nick Jonas, Joanna Going, Paul Walter Hauser, Mac Brandt, Juliette Jackson, Talia Shire, Katherine Hughes, Kirk Acevedo…
Genre : Drame/Action
Diffusion en France : OCS
Nombre d’épisodes : 10
Le Pitch :
Désormais père d’une petite fille, Jay Kulina tente tant bien que mal de composer avec une vie loin des rings, mais éprouve de grandes difficultés à contrôler des démons qui ne cessent de venir frapper à sa porte. Son frère Nate continue de cacher son homosexualité à son père, dont il redoute la réaction, tout en organisant son retour dans l’octogone. Alvey, le patriarche, s’apprête quant à lui à opérer un grand come-back à l’occasion d’un combat événement…
La Critique de la saison 3 de Kingdom :
En seulement trois saisons, la série de Byron Balasco aura su s’imposer comme l’une des meilleures du moment. L’une des plus ignorées également, ce qui est bien sûr fortement regrettable. D’autant plus qu’à l’occasion de sa troisième et ultime saison, Kingdom aura une nouvelle fois su prouver sa valeur, sans sombrer dans l’excès, tout en approfondissant toujours un peu plus ses personnages, qu’elle malmène encore un peu plus, ne laissant que peu de perspectives quant à la rédemption qu’ils recherchent tous d’une façon ou d’une autre…
Dernier combat
Car Kingdom ne traite finalement que de ça : de la quête de paix, d’harmonie et de cohérence d’une bande de combattants. Centré sur la vie d’une salle d’entraînement spécialisés dans le combat libre (ou MMA pour Mixed Martial Arts), le récit suit plusieurs champions, dans et en dehors de l’arène, mais aussi une poignée d’autres protagonistes, qui partagent tous ce même caractère torturé.
Comme dans tous les bons films qui ont marqué l’Histoire du cinéma, Kingdom se sert du combat et de la violence qui en découle pour illustrer une multitude de thématiques beaucoup plus fines qu’il n’y paraît. Ici, les bourre-pifs sont autant de métaphores du combat qui se joue en dehors de l’octogone, dans la vie de tous les jours. Des affrontements brutaux, qui laissent des marques mais pas autant que la vie, qui au final, frappe plus fort que n’importe quel adversaire, aussi doué et baraqué soit-il.
À l’occasion de ce baroud d’honneur, qui intervient malheureusement trop tôt, tant on aurait bien vu la série se prolonger encore sur une ou deux saisons supplémentaires, Kingdom continue d’orchestrer cette lutte. Pour les membres de la famille Kulina, qui est au centre de la dynamique, avec le père alcoolique qui tente un retour en grâce, le fils aîné complètement paumé, le cadet en souffrance et la mère qui veut garder la tête hors de l’eau, se débattant avec ses propres démons en marge des rings. Sans oublier tous les autres, qui répondent aux questionnements que se posent les piliers du show ou qui développent brillamment de nouveaux arcs narratifs qui viennent quoi qu’il en soit nourrir l’intrigue principale.
Les poings contre les gueules
La saison 3 de Kingdom tape fort. Elle ne retient pas ses coups et choisit clairement d’appuyer là où ça fait mal. Alors que dans les saisons précédentes, la première en particulier, de multiples respirations permettaient d’alléger un petit peu le propos, ici, c’est sombre à tous les étages. On sent la fin se profiler et il est évident que Byron Balasco, le showrunner, n’a pas souhaité que celle-ci se fasse dans la joie et la bonne humeur. Une inclinaison qui permet aux acteurs d’être poussés contre les cordes, dans leurs derniers retranchements, à l’image de Frank Grillo, décidément excellent dans un rôle qui s’impose comme l’un des plus intenses de sa carrière, mais aussi du formidable Jonathan Tucker, qui aura trouvé dans Kingdom l’occasion de casser son image trop discrète pour ruer dans les brancards avec une classe qui n’appartient qu’à lui. Bien sûr, difficile de ne pas également citer Nick Jonas, sur lequel nous n’aurions pas misé un kopeck au début de la série. Ici, il est impeccable et on ne saurait trop lui conseiller (si tu nous lis Nick) de laisser tomber la musique pour continuer de creuser dans cette direction. Matt Lauria aussi est impressionnant. À noter également la présence de l’excellente Talia Shire (Adrian dans Rocky) le temps de quelques scènes.
Bien sûr, dans la bataille, certains personnages se perdent un peu et les intrigues se clôturent un peu trop vite. Pour Keith notamment ou encore pour Joanna Going, qui joue la mère de famille. Sans parler de Kirk Acevedo, qui arrive dans cette saison pour repartir un peu dans le chaos sans que son arc narratif n’ait été jusqu’au bout. Des détails qui n’en sont pas vraiment mais qui, heureusement, ne diluent pas la force de ce final passionnant la plupart du temps et surtout étonnamment radical.
La faute à un nombre d’épisodes réduit (10 contre 20 pour la saison 2) et donc à une certaine précipitation, lisible à divers moments, mais au fond pas vraiment gênante quand on se limite aux protagonistes centraux du récit, quant à eux bien soignés jusqu’au bout.
En Bref…
Kingdom s’offre un final dans la violence et le chaos. Baigné de sang, de sueur et de larmes, ce dernier chapitre n’épargne personne et s’avère d’une radicalité qui sied tout à fait à l’ambiance que les saisons précédentes s’étaient efforcées de traduire à l’écran. Porté par des comédiens qui saisissent au vol l’occasion de briller, la saison 3 de Kingdom est bien évidemment à la hauteur. Elle frappe en plein cœur, et ne manque jamais de mettre en exergue une émotion à fleur de peau. Une vraie tragédie d’écorchés vifs, qui n’aura pas vraiment trouvé sa place auprès du grand public alors que dans son genre, elle n’a pas de sérieux concurrent.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Audience/OCS