Les terres dévastées d’Emiliano Monge 3/5 (25-08-217)
Les terres dévastées (343 pages) est sorti le 24 août 2017 aux Editions Philippe Rey (traduction : Juliette Barbara).
L’histoire (éditeur) :
Au fond de la jungle mexicaine, des projecteurs s'allument en pleine nuit : un groupe de migrants, trahis par leurs passeurs, est pris d'assaut par des trafiquants. Certains sont exécutés ; les autres sont stockés dans des camions pour être livrés alentour.
Mon avis :
Attention, les terres dévastées est une plongée dans l’univers des migrants sud-américains violente, terrifiante et hallucinante. Emiliano Monge nous raconte, avec style, le parcours bouleversé d’hommes, de femmes et d’enfants traversant le Mexique pour accéder aux Etats Unis, l’Eldorado où ils espèrent une vie meilleure. Ils sont là 64 à avoir fui et à être tombés entre les mains du couple Epitafio, dit « Grosse tête », et Estela, dite « Jentendsquecequejeveux ». Désormais il n’est plus question que de barbarie. Ceux qui ne succombent pas aux coups ou aux viols, finiront vendus à des trafiquants.
Je dois dire que je suis très partagée sur ce livre.
Si le sujet m’a tout de suite intéressée et que l’éclairage qu’apporte l’auteur sur ce sujet (dont j’étais totalement ignorante) reste le principal attrait, l’écriture lourde et très complexe m’a demandé beaucoup de concentration… Entre l’utilisation de surnoms à rallonge et l’absence du « il », du « je » ou du « tu » (qui font fi du peu d’humanité), les dialogues qui se mélangent à la narration et aux réflexions et l’écriture difficile à lire, j’avoue avoir été souvent perdue et obligée de reprendre certains passages (ou en sauter d’autre que j’ai trouvé inutiles) pour pouvoir avancer.
Dans le fond, l’auteur dépeint parfaitement la terrible et tragique réalité qu’on est loin d’imaginer. En ponctuant son récit d’extraits de la Divine comédie de Dante et de divers témoignages il gagne en efficience et offre un regard accru sur ce que vivent les migrants. On tombe alors dans l’horreur absolue. Et même si les relations entre Epitafio et Estela, fous d’amour l’un pour l’autre (et qui pourtant restent constamment dans l’incapacité de communiquer) tendent à apporter une once d’amour et d’espoir au texte, il me semble impossible de sortir de cette noirceur humaine. Et pour le coup, Emiliano Monge met le paquet aussi pour exprimer cette violence et cette absence d’humanité chez les trafiquants, qui même en leur sein en usent et abusent…
Perturbant par son sujet, Les terres dévastées l’a été tout autant par son style « risqué » qui m’a véritablement empêchée d’apprécier le roman (concentration maximale requise pour avancer dans la lecture !). Par contre, l’auteur a su éveiller un vif intérêt pour la question des migrants sud-américains couplée à celle de la traite des êtres humains.