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[Critique] BARRY SEAL : AMERICAN TRAFFIC

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] BARRY SEAL : AMERICAN TRAFFIC

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Titre original : American Made

Note:

★
★
★
★
☆

Origine : États-Unis
Réalisateur : Doug Liman
Distribution : Tom Cruise, Sarah Wright, Domhnall Gleeson, Jesse Plemons, Caleb Landry Jones, Lola Kirke, Alejandro Edda…
Genre : Drame/Thriller
Date de sortie : 13 septembre 2017

Le Pitch :
Pilote pour la TWA, Barry Seal se livre aussi à un peu de contrebande de cigares, histoire d’arrondir les fins de mois. Ce qui le met dans le viseur de la CIA, qui lui propose un autre job, beaucoup plus lucratif : survoler les zones à risque en Amérique Centrale pour prendre des clichés des camps d’entraînement de divers groupuscules rebelles. Une activité qui amène Barry Seal à faire la connaissance de Pablo Escobar et de ses associés. Désormais livreur pour le cartel de Medellin, le pilote joue sur plusieurs tableaux et amasse les dollars, multipliant ainsi les risques. Histoire vraie…

La Critique de Barry Seal : American Traffic :

On ne disait trop rien mais on se faisait un peu de soucis pour Tom Cruise. Parce que si nous n’avions pas non plus détesté La Momie au point de brûler toutes les affiches du film, force est de reconnaître que l’acteur ne s’y montrait pas spécialement flamboyant. Barry Seal tombe ainsi à point ! En retrouvant Doug Liman, avec lequel il a déjà bossé sur Edge Of Tomorrow, un des meilleurs longs-métrages de sa filmographie récente, Cruise renoue avec une verve qui lui sied à merveille. Ouf !

Barry-Seal-American-Traffic-Sarah-Wright

Breaking Bad !

L’histoire que raconte Barry Seal : American Traffic est aussi incroyable que vraie. Rien que pour ça, le film mérite d’être vu. Parce qu’il nous narre les aventures d’un type finalement assez ordinaire, pris en étau entre la CIA et le cartel d’Escobar, entre la fin des années 70 et le début des années 80. Un gars qui va essayer de tirer profit de la situation, en courant plusieurs lièvres à la fois et dont le parcours est forcément hyper stimulant. Surtout quand on goûte à ce genre de succès story dont l’un des mérites est de dévoiler la face sombre du rêve américain à travers les manigances d’un gouvernement dont le placard regorge décidément de squelettes en tous genres.
Sorte de biopic d’un mec que personne ne connaît mais que l’on prend un plaisir fou à suivre, Barry Seal se pare des atours d’une production typique des 70’s/80’s comme c’est un peu la mode en ce moment. Du logo d’Universal à la musique, en passant par la belle photographie vintage et quelques effets plus ou moins discrets, Doug Liman habille sa mise en scène. Et si le procédé apparaît un poil artificiel, il reste néanmoins appréciable et contribue au cachet savoureux du film dans son ensemble. Liman dont la réalisation se fait plus proche des personnages. Parfois très près des visages, il prouve qu’il sait s’adapter (ce que tend à souligner sa filmographie quoi qu’il en soit), flirte parfois avec le documentaire, déconstruit, reconstruit et se montre au final très pertinent dans sa façon d’appréhender à la fois le personnage interprété par Tom Cruise, mais aussi le récit et ses multiples ramifications. Loin de se la jouer à la Scorsese, il pique des idées à droite à gauche, lorgne vers le cinéma politique des années 70, sans parvenir à en égaler la force, fait preuve d’un esprit tour à tour funky et rock and roll et surprend presque toujours dans le bon sens.
Grâce à lui et à une production design soignée, Barry Miles : American Traffic captive dès le début. L’écriture n’a rien de révolutionnaire mais au fond, ce n’est pas un problème tant ce qu’on nous raconte suffit à nous prendre par la main pour ne plus nous lâcher. American Traffic, c’est un peu Breaking Bad du côté lumineux de la Force. L’anti-héros fait une succession de choix hasardeux et lucratifs mais voit toujours le bon côté des choses. Quoi qu’il se passe, Barry Miles propose toujours un spectacle lumineux, justement tiré vers le haut par un script qui tend à rester « positif », et ce jusqu’à la fin… Rien de plombant ici. Ce qui ne signifie pas que les thématiques relatives aux manigances scandaleuses des différentes administrations qui se sont relayées à la Maison Blanche ne soit pas traitées avec un minimum de sérieux. En fait, un peu comme Adam McKay avec The Big Short, qui parlait de l’éclatement de la bulle immobilière aux USA pendant la crise, Doug Liman tente de se montrer didactique, le plus clair possible, mais évite aussi de se la jouer plombant en entretenant une rythmique très dynamique. Et si il parvient, ce n’est pas sans quelques petits accrocs, contrairement à McKay qui pour sa part, a eu bon sur toute la ligne.

Tom Cruise vs Narcos

Mais voilà… Barry Miles est ainsi : vif, enjoué, souvent drôle, étonnant et virevoltant. À l’image de Tom Cruise en fait. L’acteur, comme à son habitude de tous les plans, fait le maximum pour incarner son personnage et il y parvient à merveille. Armé de sa gouaille légendaire, de son sourire à 30 millions de dollars et de sa superbe tignasse de jeune étalon, il campe un pur candidat à l’american dream attachant. À moins d’être allergique au comédien, difficile de résister. Ici, Tom Cruise retrouve toute sa superbe et inscrit une nouvelle réussite sur un tableau d’honneur qui en compte plusieurs. La bonne nouvelle, c’est que la géniale Sarah Wright, et l’excellent Domhall Gleeson (décidément partout en ce moment) arrivent à exister face au monstre de charisme qui bouffe l’écran (et qui pilote vraiment ses avions). Mauvaise nouvelle : le Pablo Escobar de Barry Seal : American Traffic fait un peu pale figure. Pas vraiment charismatique, il ne parvient pas à s’imposer avec la force qu’appelait le personnage. Surtout quand on le compare avec l’Escobar de Wagner Moura dans Narcos ou avec celui de Benicio del Toro dans Paradise Lost. Idem avec le shérif joué par Jesse Plemons, qui aurait mérité mieux que ces quelques apparitions fugaces et dispensables.
Mais ce ne sont pas ces petits détails qui ternissent le tableau. On se dit qu’en canalisant un peu plus sa vigueur et sa volonté de venir jouer sur la tendance, le film aurait gagné en profondeur. En jouant un peu plus la noirceur aussi. On se dit aussi, en sortant de la salle, qu’on a passé un vrai bon moment devant ce pur divertissement à l’américaine, moins percutant que les grandes références du genre, mais beaucoup plus concerné et flamboyant que prévu.

En Bref…
Tom Cruise habite cette histoire complètement dingue dans un film à l’allure vintage aussi stimulant que divertissant. Tour à tour drôle et édifiant, visuellement plein de bonnes idées et bénéficiant d’une bande-originale aux petits oignons, Barry Seal : American Traffic ne cherche pas assez l’originalité mais fait plus que le job ! Bien plus !

@ Gilles Rolland

Barry-Seal-American-Traffic-Cruise-Gleeson
 Crédits photos : Universal Pictures Releasing France


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