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Sucre noir – Miguel Bonnefoy # Rencontre

Publié le 15 septembre 2017 par The Cosmic Sam @thecosmicsam

Une histoire prenant place sous le soleil des Caraïbes, une quête de trésors d’anciens pirates et un style « chanté », il ne m’en fallait pas plus pour être attirée par « Sucre noir » et je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Rivages pour m’avoir permis de découvrir cette histoire et de rencontrer son auteur Miguel Bonnefoy.

Le livre : « Sucre noir »

Sucre noir – Miguel Bonnefoy # Rencontre

Crédit photo : Samsha Tavernier

L’auteur : Miguel Bonnefoy est un écrivain vénézuélien, fils d’un romancier (ancien réfugié politique) et d’une diplomate, il est également professeur de français à l’Alliance française et organisateur de forums cinématographiques. Il a remporté le prix du Jeune Écrivain en 2013, grâce à une nouvelle intitulée « Icare », ainsi que le prix de la vocation en 2015. Son premier roman « Le voyage d’Octavio » a remporté un grand succès critique.

Le résumé : « Dans un village des Caraïbes, la légende d’un trésor disparu vient bouleverser l’existence de la famille Otero. A la recherche du butin du capitaine Henry Morgan, dont le navire aurait échoué dans les environs trois cents ans plus tôt, les explorateurs se succèdent. Tous, dont l’ambitieux Severo Bracamonte, vont croiser le chemin de Serena Otero, l’héritière de la plantation de cannes à sucre qui rêve à d’autres horizons. Au fil des ans, tandis que la propriété familiale prospère, et qu’elle distille alors à profusion le meilleur rhum de la région, chacun cherche le trésor qui donnera un sens à sa vie. Mais, sur cette terre sauvage, la fatalité aux couleurs tropicales se plaît à détourner les ambitions et les désirs qui les consument. »

Mon avis : Gros coup de coeur pour ce roman qui prend la forme d’un conte moral poétique et surréaliste.

Dans « Sucre noir », on retrouve cette atmosphère caribéenne si particulière et cette plume « chantante » des auteurs du courant littéraire du « réalisme magique » associé aux auteurs comme Gabriel Garcia Marquez.

Dans cette histoire, on suit les aventures atypiques d’une famille sur trois générations et on découvre comment de modestes planteurs de canne sont parvenus au sommet jusqu’à devenir de véritables magnats du rhum, centre gravitationnel de toute une communauté.

Chacun des personnages développés par Miguel Bonnefoy a un caractère qui lui est bien propre : la vertueuse mère de famille, le père à la bonhomie simple, la fille douce-rêveuse collectionneuse de plantes rares, l’amant chercheur d’or compulsif et l’enfant au tempérament de feu.

Sous les mots de Miguel Bonnefoy, les gestes les plus courants deviennent des actes intrépides et tout est alors digne d’intérêt.

Des descriptions imagères et symboliques nous plongent davantage encore dans cette atmosphère moite et luxuriante de forêt tropicale. On hume les fleurs exotiques aux mille couleurs, on entend les battements d’ailes des colibris, les scènes romantiques s’animent avec beaucoup de délicatesse et on prend pleinement part à cette chasse au trésor qui ne nous mènera pas là où l’on s’attendait.

Ce roman est assez court et se lit très rapidement même si l’on savoure chaque page. L’écriture est sensuelle et propice à l’imagination. Le rythme est suave et sirupeux comme du sucre de canne, ce qui rend la lecture délicieusement gourmande.

En bref : Cette histoire est une invitation au voyage qui s’ouvre et se ferme comme une parenthèse et qui ravira les amateurs de littérature ayant un goût d’ailleurs.

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 La rencontre 
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Merci encore à Babelio, aux éditions Rivages et surtout à Miguel Bonnefoy pour ce beau moment de partage!

Pourquoi avoir choisi ce titre « Sucre noir »? 

Sucre noir fait un parallèle avec l’or noir (le pétrole). En effet, Miguel Bonnefoy a voulu faire une métaphore avec le pétrole qui est, selon lui, le fléau du Vénézuela. Le pays est, en effet, devenu une rente pétrolière complètement dépendante des importations alors que sa vraie richesse réside dans ses cultures agricoles et son environnement. Ainsi, la chasse au trésor et le fait que Severo soit sans cesse en train de creuser la terre renvoie à l’image des puits de pétrole.

Comment avez-vous eu l’idée d’écrire ce livre? 

C’est en écoutant un spécialiste du rhum parler de son art lors d’une rencontre littéraire que Miguel Bonnefoy a eu la révélation. Ce spécialiste parlait avec tant de conviction de son métier et employait des mots si riches pour décrire son art (« ocre », « cuir », « cannelle », « rondeur ») qu’il a eu envie de réutiliser ce champ lexical et d’écrire un livre qui aurait une texture et une senteur comparable.

Vous êtes-vous inspiré de lieux et personnages réels pour écrire ce livre? 

Miguel Bonnefoy a constamment mixé fiction et réalité lors de l’écriture de ce livre. Le roman n’est pas situé même si on sait qu’il se passe dans les Caraïbes, car il souhaitait qu’il soit le plus universel possible. Toutefois, dans son esprit, c’est au Vénézuela que cette histoire se déroule. D’ailleurs, lors de son processus d’écriture, il s’est rendu là-bas, a visité la distillerie de rhum Santa Teresa et a vogué le long de la route des pirates des Caraïbes dans une barque accompagné de pêcheurs. Miguel Bonnefoy s’est également inspiré, en partie, de la vie du célèbre pirate : le Capitaine Morgan, et le folklore de la piraterie a joué un rôle important quant à ses sources d’inspirations. Pour finir, il a été influencé par certains événements de sa vie privée qui ont eu lieu durant l’écriture de son livre.  En effet, comme il le dit si bien « Ecrire c’est être attentif au bruit confus du monde« .

Le premier chapitre du livre est assez particulier, pouvez-vous en dire plus? 

Miguel Bonnefoy explique que ce premier chapitre est en réalité une nouvelle qu’il a écrit des années auparavant et qu’il aimait beaucoup. Voulant l’exploiter, il s’est dit que ce serait un début fracassant pour commencer cette histoire. Ce premier chapitre est une véritable quête du beau et du fou. Il illustre parfaitement le courant littéraire du réalisme magique et c’est également un hommage à l’un des grands auteurs du genre : Gabriel Garcia Marquez.

Pourquoi écrire en français et non pas directement en espagnol, votre langue maternelle? 

Fils de diplomate, Miguel Bonnefoy a toujours été amené à voyager lorsqu’il était plus jeune. Il a ainsi fait toute sa scolarité dans des écoles françaises à l’étranger. Dans ces établissements, il a pu apprendre un « beau » français littéraire et un peu archaïque, épuré de toutes ses impuretés (de son argo, de ses déformations familières). C’est donc en français qu’il se sent le plus apte à laisser s’exprimer tout son imaginaire par le biais d’un vocabulaire riche et propices aux « cabrioles« . Au contraire, il emploi l’espagnol dans des situations plus courantes. Selon lui, ses livres n’auraient pas reçu le même accueil s’il les avaient immédiatement rédigés en espagnol.

Lors de la rencontre, Miguel Bonnefoy en a dévoilé un peu plus sur son prochain livre qui traitera d’un sujet très intéressant, inexploré par la littérature contemporaine et cela s’annonce riche en aventures. Je suis très pressée de découvrir ce nouveau roman.

Alors, avez-vous envie de lire « Sucre noir »? 



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