Veuve joyeuse à BASTILLE

Mais que font les Femen ? L'opérette de Franz Lehar montée ces jours à Bastille a le charme désuet des opérettes d'antan (tubes repris à tue-tête par un public de convaincus, texte grivois, simplisme d'une narration  et même ce qui est plus rare à l'opéra , chants et claquements de main à fleur de salle...)  Reste que , une mise en scène très classico-classique d'un metteur en scène qui a l'âge des amateurs, un côté  pontevdrin  appuyé, une mysoginie féroce, tout cela aujourd'hui laisse pantois malgré la bienveillance de circonstance à l'égard d'une oeuvre globalement suranée. Seule le cancan final du troisième acte emporte l'adhésion (grabataires non compris) Il faut dire que la chorégraphe Laurence Fanon   a mis le paquet et que ce cancan-là donne sans doute une approche de ce qu'ont dû être les performances mémorables des Valentin désossé (on a engagé au Moulin Rouge) et autre Goulue. Reste que Véronique Gens paraît bien raide dans ce rôle de Hanna Glawari , femme riche et veuve ...pour être veuve on n'est pas toujours joyeuse et sa prestation eût laissé de marbre un Lautrec bien imbibé d'absinthe. Plus décontracté apparaît Thomas Hanson en Comte Danilo qui tourne merveilleusement autour de sa fausse duègne dont le coeur épris finira par battre une chamade sans ambiguité. Les seconds rôles sont dans le ton de Raoul de Saint Brioche(Karl-Michael Ebner) au vicomte Cascada(Alexandre Duhamel) . Les grisettes assurent  mais la mise en scène décidément trop vieillote (en un temps où de jeunes metteurs en scène d'opéra ne cessent de dépoussièrer les oeuvres un peu trop patriotes) laisse s'interroger sur la dimension pédagogique du spectacle quand l'heure est plutôt à s'interroger sur le néo-féminisme  comme Alain Finkelkrault et le refus des populismes(de gauche comme de droite).On passera tout de même un bon moment si l'on écoute la musique et qu'on entend moins les paroles.