Excellent film de George Miller qui fait suite à son Mad Max, œuvre de production indépendante, fauchée, mais parfaitement ancrée dans l'esprit sombre de l'observation d'un éclatement sociétal typique des années 70, où la violence éclate par des fulgurances aussi inouïes que la cruauté qu'elles affichent. The Road Warrior étire paradoxalement le matériau du film d'origine jusqu'à en redéfinir les enjeux : aussi bien remake que suite, cet opus nous introduit par un prologue créant une mythologie entière et puissante que nous ne connaissions que partiellement et pose immédiatement les figures super héroïques du comic book post-apocalyptique.
En (re)créant Max, Miller forme un personnage antipathique, muet et taciturne, sur la lignée de l'homme sans nom campé par Clint Eastwood chez Sergio Leone - mais surtout de plus en plus charismatique au fur et à mesure que le réalisateur l'amène à souffrir dans l'action pour finir mutilé. Vingt-cinq ans après, l'œuvre continue de fasciner par ses designs pervers et ses ambiances nauséabondes de pleine journée, malgré quelques artifices, styles et autres enchaînements qui sont affreusement datés. The Road Warrior deviendra, et à raison, le mètre-étalon de la mise en scène des scènes d'action et des courses-poursuites sur roues : encore aujourd'hui, le rythme effréné, le montage et les choix de points de vue de Miller pour l'entier dernier acte restent ahurissants.
A noter que les plans baignés de soleil sur le Blu-Ray Warner affichent une définition et un piqué au relief saisissant, tout en conservant le rendu plastique d'un grain de pellicule référent au contexte de production.
L'introduction par un historien du cinéma vaut largement le coup et commentaire audio en supplément s'avère passionnant.